Monsieur le Président du Conseil Régional, Cher Philippe Richert,
Monsieur le Sénateur-Maire de Strasbourg, Cher Roland Ries,
Monsieur le Directeur de l’ENSAS, cher Philippe Bach,
Monsieur l’architecte, cher Marc Mimram
Monsieur le Grand Prix National de l’architecture, cher Marc Barani
Mesdames et messieurs les professeurs, étudiants et personnels de l’École
Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg,
Chers amis,
La France a besoin des architectes.
"L'architecture est la volonté de l'époque transformée dans l'espace » disait
Mies Van der Rohe.
Elle au coeur de notre vie quotidienne, au plus près des préoccupations de nos
concitoyens. Elle doit être attentive aux usages et aux espaces. Elle agit
directement sur notre cadre de vie pour en assurer la qualité. Son impact sur
les enjeux de logement et d’aménagement du territoire est considérable. Elle
est au coeur des problématiques de développement durable et de la transition
écologique. C’est par elle que passe la réalisation matérielle d’un « vivre
ensemble » plus juste et plus harmonieux. Les architectes ont donc une
responsabilité essentielle.
Je tiens aussi à le dire : nous tous comme citoyens, comme élus, comme
décideurs publics, comme entrepreneurs, avons aussi une responsabilité
importante en tant que maîtres d’ouvrage. Celle de faire appel aux architectes
pour inventer nos villes de demain et nos espaces de vie quotidiens, au travail
comme à la maison.
L’architecture, c’est aussi le signe d’une certaine excellence française.
L’expertise et la créativité de nos plus grands architectes contribuent au
rayonnement, de notre pays à travers le monde.
Je félicite Marc Mimram à qui le Prix Aga Khan vient d’être remis. C’est une
très belle consécration internationale d’un architecte français, de l’architecture
française.
Je remercie Marc Barani de nous faire le plaisir de sa présence. Marc Barani, à
qui j’ai remis le Grand Prix National de l’Architecture.
Il y a dans vos bâtiments et vos constructions ce qui fait la force de
l’architecture française qui s’est toujours construite sous le double signe de
l’exigence et de l’innovation, sans jamais oublier l’élégance.
La formation de nos futurs architectes est donc capitale. C’est une
responsabilité du ministère de la Culture et de la Communication. C’est là que
commence son engagement en faveur de l’architecture.
Alors que nous inaugurons le nouveau bâtiment de l’École Nationale
Supérieure d’Architecture de Strasbourg, je voudrais rappeler mon
engagement aux côtés de du réseau des écoles d’architecture et vous
présenter la feuille de route que je lui propose.
Avant toute chose, je voudrais saluer le remarquable travail de Marc Mimram qui
vient de nous présenter cette réalisation. Je tiens à remercier chaleureusement
toute son équipe ainsi que les personnels, les enseignants et les étudiants de
l’école. Je veux également souligner toutes les énergies qui se sont mobilisées.
Je pense en particulier aux collectivités territoriales qui ont bien voulu soutenir ce
projet, la Région Alsace, le Conseil général du Bas-Rhin et la Ville de Strasbourg.
Cette extension est emblématique à bien des égards :
- d’abord parce qu’elle permet de créer des conditions de travail idéales pour
les étudiants. C’est un facteur essentiel de leur réussite.
- ensuite, par son ouverture sur la ville et le public, elle inscrit l’école au coeur
de la Cité.
- enfin, elle s’inscrit dans une démarche d’aménagement durable extrêmement
innovante, en associant la géothermie et la ventilation naturelle.
En favorisant les conditions de formation de ses étudiants, ce projet a su
répondre aux enjeux les plus contemporains. Il est, à ce titre, exemplaire. C’est
cette même volonté qui a amené votre école à anticiper certains des objectifs
fixés par la concertation nationale sur les écoles d’architecture que j’ai lancée, à
travers notamment son rapprochement avec l’université de Strasbourg. Mais
aussi en développant son partenariat avec les facultés de Karsruhe et de Dresde,
ce qui lui permet d’offrir un double-cursus à ses étudiants.
C’est un exemple dont peuvent s’inspirer toutes les autres écoles de ce réseau.
Elles auront beaucoup à gagner en prenant une part active dans le nouveau
dispositif des « communautés d’universités et d’établissements » prévu par la loi
Fioraso sur l’enseignement supérieur et la recherche. Je les engage également à
amplifier leur inscription internationale, tant dans la perspective de favoriser leur
attractivité que dans celle de donner aux étudiants l’ouverture indispensable à
l’exercice de leur métier.
L’école d’architecture de Strasbourg a été pionnière dans son positionnement au
sein du nouveau paysage de l’enseignement supérieur. Alors qu’elle fait
aujourd’hui peau neuve, c’est très logiquement que je souhaite vous faire part de
la feuille de route que je propose pour l’enseignement et la recherche en
architecture.
Vous le savez, puisque vous y avez participé activement, la concertation
nationale nous a mobilisés toute l’année dernière. C’était essentiel parce que la
recomposition de l’enseignement supérieur ne pouvait se faire sans vous. A partir
des nombreuses contributions nourries par les débats, Vincent Feltesse m’a
remis en avril dernier un rapport comportant dix propositions principales. C’est
autour de leurs trois axes structurants, l’évolution de la gouvernance des écoles,
l’évolution du statut des enseignants et les évolutions liées à la pédagogie et à la
vie étudiante, que j’ai choisi d’orienter mon action.
Une feuille de route est maintenant tracée. Certains objectifs sont déjà atteints,
d’autres le seront bientôt.
La tutelle conjointe avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la
recherche est désormais inscrite dans la loi.
Chaque école d’architecture disposera ainsi du cadre juridique adapté pour
intensifier ses partenariats avec les universités et les autres grandes écoles tout
en gardant son identité. C’est indispensable car nos écoles, par la singularité de
leur approche pédagogique et de leur formation, par la qualité des débouchés
qu’elles offrent à leurs diplômés, par leur capacité à développer une recherche de
premier plan, ont beaucoup à apporter à ces partenariats.
Cette tutelle conjointe devrait se concrétiser par l’entrée des deux ministères de
l’enseignement supérieur et de la recherche et de la culture dans les CA des
écoles. En outre, nos deux ministères accréditeront conjointement les formations
pour une meilleure reconnaissance et une plus grande visibilité des diplômes.
Plusieurs chantiers sont en cours, ils seront mis en oeuvre prochainement :
- l’évolution du mode de recrutement des étudiants ;
- l’introduction d’un mandat précis dans le temps et d’une lettre de mission pour
les directeurs d’écoles ;
- l’évolution du statut des écoles vers un statut plus adapté à des
établissements académiques.
Parmi ceux-ci, je voudrais insister sur la mise en place d’une relation
contractuelle avec les écoles pour répondre à leur souhait d’une plus grande
autonomie : cette relation nouvelle impliquera de définir conjointement des
objectifs, n’excluant en aucun cas la nécessité de rendre des comptes…
L’évolution du statut des enseignants a été, au cours de la concertation, une des
principales revendications des écoles d’architecture. Je sais que les attentes sont
très fortes. Je me suis engagée à y répondre.
L’évolution du concours de recrutement des enseignants est d’ores et déjà
acquise.
En outre, 30 postes ont été obtenus au budget 2013 et alloués aux écoles Cela
permettra aux enseignants engagés dans une activité de recherche de disposer
du temps nécessaire à l’avancement de leurs travaux. 20 contrats doctoraux ont
été attribués. La recherche en architecture se trouve ainsi considérablement
renforcée. C’est indispensable pour encourager l’excellence et l’innovation qui
caractérisent la discipline en France.
L’adaptation du statut des enseignants engagés dans la recherche fera l’objet
d’une mission conjointe de l’Inspection général des affaires culturelles et de
l’IGAENR (inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de
la recherche) d’ici fin 2013. Nous souhaitons, avec le ministère de
l’Enseignement supérieur et de la recherche qu’elle aboutisse en 2014 sur des
avancées concrètes, y compris en termes d’emplois.
C’est une nouvelle page de l’histoire de nos écoles que nous sommes en train
d‘écrire. Alors que nous sommes à une étape clef de la relation historique qui lie
mon ministère et vos écoles, je veux affirmer mon engagement : j’ai mis en place
5 millions d’euros et les supports d’emplois nécessaires sur le budget 2014 pour
financer l’amélioration des conditions d’emploi des personnels contractuels et
mettre fin à la précarité de la situation de nombreux enseignants.
Après Strasbourg, l’école de Clermont-Ferrand, dont le chantier est en cours,
sera la prochaine inaugurée. J’ai le plaisir de vous annoncer que j’ai décidé
qu’une nouvelle école serait construite à Marseille au sein de l’Institut
méditerranéen de la ville et des territoires. Pour les années suivantes, je
demande l’étude de projets pour Paris la Villette, Toulouse et Bordeaux.
C’est par là aussi que commence la priorité faite à la formation de la jeunesse, en
particulier celle de nos futurs architectes. C’est à eux que je voudrais m’adresser
pour conclure.
A vous tous, étudiantes et étudiants, je veux dire, à la manière de Rilke
s’adressant à un jeune poète, que ce métier que vous êtes appelés à exercer
représente pour vous une chance inouïe : celle d’ «intervenir sur la vie des
hommes ». C’est pour cela que vous êtes formés. C’est à cela que vous vous
engagez : agir sur la qualité de notre cadre de vie et créer du mieux vivre
ensemble. C’est une grande responsabilité, mon ministère veut vous donner les
moyens de l’assumer.
Je vous remercie.