Elisabeth-Louise Vigée Lebrun (Paris, 1755 – Paris, 1842)
Elisabeth-Louise Vigée-Lebrun est la fille de Louis Vigée (1715-1767), peintre pastelliste membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture. D’abord élève de son père, elle suit, à la mort de celui-ci en 1767, l’enseignement de Gabriel-François Doyen, peintre d’histoire et ami de la famille. Elle reçoit également les conseils de Joseph Vernet (1714-1789) et de Jean-Baptiste Greuze (1725-1805). Progressant rapidement, elle commence à recevoir des commandes et dévient membre de l’Académie de Saint-Luc en 1774. En 1776, elle épouse le marchand de tableaux Jean-Baptiste-Pierre Lebrun. Elle reçoit la même année sa première commande pour la Cour, pour le comte de Provence, frère du Roi. En 1778, elle devient peintre officielle de la Reine.
En 1783, elle est reçue à l’Académie royale de peinture et de sculpture, en même temps qu’Adélaïde Labille-Guiard, autre portraitiste de renom. Bien que cela ne lui soit pas demandé, elle présente une peinture de réception, choisissant un sujet allégorique La Paix ramenant l’abondance (Paris, musée du Louvre) pour être admise comme peintre d’histoire, catégorie réservée aux hommes. Elle est reçue sans qu’aucune catégorie ne soit précisée. En septembre de la même année, elle participe au Salon pour la première fois et y présente son portrait le plus célèbre, qui fait alors scandale : Marie-Antoinette en gaulle. La gaulle, ou robe en chemise, était une tenue décontractée en mousseline de coton, dont la forme était proche du linge de corps et que l’on portait dans l’intimité. Une telle tenue n’étant pas jugée adaptée pour un portrait de la souveraine, Elisabeth Vigée Lebrun remplace, au bout de quelques jours, le tableau par une toile représentant Marie-Antoinette dans une robe plus habillée, comme il sied à son rang (Marie-Antoinette dit « à la Rose », Versailles, musée national des châteaux de Versailles et du Trianon).
Proche de la cour, elle fait le portrait de nombreuses figures de la haute société de l’époque et séduit sa clientèle par le charme de son style léger et raffiné. Mais c’est le portrait du peintre Hubert Robert (Paris, musée du Louvre), en 1788, qu’elle considère comme son chef-d’œuvre.
Proche de la Reine, elle est victime des critiques qui touchent l’entourage de la famille royale et choisit en 1789 la voie de l’exil, se rendant à Lyon puis en Savoie. Après la Révolution française, elle parcourt l’Europe et fait le portrait de toute l’aristocratie de l’époque. Son œuvre compte quelque 660 portraits.
Oubliée pendant une partie du XIXe et du XXe siècle, son œuvre n’est reconsidérée dans sa complexité qu’à partir de la fin du XXe siècle, notamment par les féministes américaines. La France lui consacre une rétrospective en 2015 au Grand Palais. Beaucoup de ses peintures sont conservées à l’étranger. Les ensembles les plus importants, conservés dans les collections publiques françaises, sont au Louvre et à Versailles. On peut toutefois souligner la présence de quelques beaux portraits à Toulouse, Rouen et Marseille. Le musée de Chambéry possède également un paysage de la fin de la carrière, Le Dôme du Mont-Blanc et l’Aiguille du Gouté, près de la vallée du Chamounix, vers 1807-1809.
Virgine Desrante
Sélection d'oeuvres d'Elisabeth-Louise Vigée Lebrun sur la base Joconde Pop
Bibliographie
Pitt-Rivers Françoise, Madame Vigée Le Brun, Paris, Gallimard, 2001
Baillio Joseph, Salmon Xavier, Élisabeth Louise Vigée Le Brun, catalogue d’exposition, Paris, Grand Palais, Galeries nationales, 23 septembre 2015-11 janvanvier 2016, Metropolitan museum of art, New York, 9 février-15 mai 2016, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa, 10 juin-12 septembre 2016, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, 2015
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