Découvrez la vie et l'oeuvre de Lucienne Heuvelmans

Lucienne Heuvelmans (Paris, 1881 – Saint-Cast-le-Guildo, 1944)

Agence Meurisse, Mme Lucienne Heuvelmans, prix de Rome de sculpture, 1911, Paris, Bibliothèque nationale de France

D’origine belge, fille d’Osval Heuvelmans, dessinateur et ébéniste d’art, Lucienne Heuvelmans commence sa formation dans l’atelier familial, installé dans le faubourg Saint-Antoine. Puis, elle devient l’élève de Denys Puech (1854-1942) à l’Académie Julian. En 1902, elle entre à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts, dont deux ateliers sont ouverts aux femmes depuis 1900, où elle complète sa formation auprès des sculpteurs Laurent Marqueste (1848-1920) et Emmanuel Hannaux (1855-1934).

Lucienne Heuvelmans, Oreste et Electre endormis, 1911, Paris, Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts

En 1911, après six tentatives, elle est la première femme à remporter le Grand Prix de Rome de sculpture. Lors de sa victoire, avec l’œuvre Electre veillant sur le sommeil d'Oreste, un sujet antique imposé pour le concours, les journalistes l'interrogent. La presse se fait l'écho de l’évènement, de première importance pour les femmes artistes. Ainsi, peut-on lire dans l’article de Léon Plée, « Une femme à la Villa Médicis » dans la revue Les Annales politiques et littéraires du 6 août 1911, « La voilà en route pour la Ville Eternelle, récompense personnelle de son énergique labeur, de son vrai talent et belle victoire féminine » ou encore dans l’article « Les prix de Rome » dans le journal Le Monde artiste du 29 juillet 1911 « Son succès, qui crée un précédent et marque l’abolition d’une tradition plus de deux fois séculaire, constitue donc une éclatante victoire du féminisme. » Admise à la villa Médicis, comme ses collègues masculins, elle y séjourne de janvier 1912 à décembre 1914. Directeur de la villa Médicis, le peintre Albert Besnard (1849-1934), qui lui apporte un grand soutien, obtient pour elle la commande du marbre du Cercle militaire, sa première sculpture exécutée à Rome. Lors de son séjour italien, elle modèle également le buste d’une autre femme Grand Prix de Rome, mais de musique, Lili Boulanger (1893-1918).

A son retour en France, elle est nommée professeur de dessin dans diverses écoles de la Ville de Paris. Elle installe son atelier au 17 rue des Tournelles dans l’aile arrière de l’hôtel de Rohan-Guémené dans le quatrième arrondissement. Elle participe régulièrement aux expositions du Salon des artistes français, où elle obtient une médaille de bronze en 1921, ainsi qu’au Salon des Artistes décorateurs au Grand Palais entre 1926 et 1933. Elle reçoit les insignes de chevalier de la Légion d’honneur en 1926 au titre du ministère des Beaux-Arts.

Par la suite, elle dédie une partie de son travail à la sculpture religieuse, elle collabore notamment à l’ornementation de l’église Notre-Dame-d’Espérance à Paris : la statue de la Vierge réalisée pour cette église a été éditée en plusieurs formats et matériaux. Alors qu’elle expose pour la dernière fois au Salon en 1935, elle semble arrêter toute production à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Elle meurt en 1944, léguant son fonds d’atelier à l’église Notre-Dame-d’Espérance.

Franny Tachon

Bibliographie
Rivière Anne (dir.), Sculpture'elles : les sculpteurs femmes du XVIIIe siècle à nos jours, catalogue d’exposition, Boulogne-Billancourt, Musée des Années Trente, 12 mai-2 octobtre 2011, Paris, Somogy, 2011

Belgherbi Eva, « Avant l’exposition : la formation des sculptrices à Paris à la fin du XIXe siècle », session de posters, colloque WAS - Women Artists Shows·Salons·Societies : expositions collectives de femmes artistes 1876-1976, Musée du Jeu de Paume, Paris, 8-9 décembre 2017 [non-publié]