Hélène Bertaux (Paris, 1825 – Saint-Michel-de-Chavaignes, 1929)
Dès l’âge de douze ans, Hélène Bertaux bénéficie d’un accès privilégié à la formation artistique grâce à son beau-père Pierre Hébert, sculpteur et réparateur de plâtre. Si elle apprend rapidement dans cet atelier les techniques de modelage, elle n’hésite pas à compléter son apprentissage auprès d’Augustin Dumont (1801-1884), lauréat du Grand Prix de Rome en sculpture de 1823, membre de l’Institut et professeur à l’Ecole des Beaux-Arts à partir de 1864, dans la grande tradition académique.
Entre 1840 et 1855, elle répond à de nombreuses commandes pour des sujets de décoration de pendules. Alors qu’elle bénéficie de l’appui du bronzier Victor Paillard, qui lui achète régulièrement des objets d’art, elle côtoie les amis de son mécène, dont les plus grands sculpteurs de son temps tels que Jean-Jacques Pradier, Antoine-Louis Barye, Albert-Ernest Carrier-Belleuse ou Auguste Préault. Elle entretient également des relations privilégiées avec l’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie, ainsi qu’avec la Princesse Mathilde Bonaparte.
Forte de son expérience, elle se consacre ensuite à la création d’œuvres de plus grands formats, aux thèmes religieux ou mythologiques. Ainsi, en 1863, elle expose au Salon un grand haut-relief en bronze, intitulé L’Assomption de la Vierge (Vannes, musée de la Cohue), pour lequel elle obtient une mention honorable. En 1864, avec un Jeune gaulois captif (Nantes, musée des beaux-arts), elle réalise un nu héroïque, débarrassé de tout accessoire anecdotique et s’illustre dans le genre historique. Avec cette œuvre pour laquelle elle obtient sa première médaille au Salon, elle s’affirme comme une véritable statuaire professionnelle. Dans les années 1870, elle reçoit de nombreuses commandes monumentales, notamment une fontaine pour la ville d’Amiens, deux bas-reliefs pour la décoration extérieure du Louvre, trois figures pour l’église néo-gothique de Saint-Laurent à Paris, deux bustes pour l’Opéra Garnier et enfin une allégorie de la sculpture commandée par le ministère des Beaux-arts pour la façade du musée de Grenoble.
Après ces années de travail intense, elle quitte Paris au moment des évènements politiques de la Commune. Lors de son retour dans la capitale, en 1873, elle s’affirme sur la scène artistique, en exposant Jeune fille au bain (Chalon-sur-Saône, musée Vivant-Denon), qui remporte une médaille de première classe et qui est acquise par le ministère de l’Instruction publique et des beaux-arts. En 1889, Hélène Bertaux remporte une médaille d’or avec son marbre Psyché sous l’emprise du mystère (Sète, musée Paul Valéry), œuvre mûrie pendant de longues années, qui témoigne d’une évolution stylistique vers plus de simplicité et de sobriété. « Cette belle statue, qui vaut par la science de sa plastique, le calme et la puissance de l’inspiration, une exécution aussi sobre que consciencieuse, me charme peut-être plus encore par des qualités psychologiques et par le monde d’idées qu’elle soulève. » écrit Armand Silvestre dans le Gil Blas, le 22 février 1888.
Si Hélène Bertaux est la première sculptrice à obtenir une consécration officielle pour son œuvre, elle met sa notoriété au service de la reconnaissance du statut artistique des femmes. Elle se mobilise pour leur éducation artistique, puisqu’elle ouvre les premiers cours de modelage pour les femmes au 223 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré en 1873. Très demandée comme professeure, elle inaugure une école six ans plus tard dans un hôtel particulier au 147 avenue de Villiers. Soutenue par son mari, elle créée, en 1881, l’Union des Femmes Peintres et Sculpteurs, qui cherche à accroitre la visibilité des artistes femmes par un accès à l’enseignement et à l’exposition. En 1897, Bertaux obtient officiellement l’ouverture de l’École des Beaux-arts aux femmes. A la suite de ce succès, elle réclame la mixité au Prix de Rome, qui sera effective en 1903. Porte-parole de la cause des femmes artistes, elle présente sa candidature à l’Institut en 1890 puis en 1892, sans succès, malgré ses récompenses et ses titres d’Officier d’Académie et d’Officier d’Instruction publique pour service rendu aux arts en tant que professeur libre. Après des années d’investissement personnel, Hélène Bertaux se retire de l’Union dès 1894 et prend sa retraite en 1897, à l’âge de soixante-douze ans.
Franny Tachon
Sélection d'oeuvres d'Hélène Bertaux sur la base Joconde Pop
Bibliographie
Sophie Jacques, La statuaire Hélène Bertaux (1825-1909) et la tradition académique Analyse de trois nus, mémoire d’étude, Université Laval, Québec, 2015
Valentine Orieux et Sylvie Lemercier, « Hélène Bertaux, une artiste engagée », Pays du Perché Sarthois, Pays d'art et d'histoire
Mathilde Huet, « Hélène Bertaux (1825-1909) », 2009, base Joconde
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