GODEAU Emmanuelle. Paris: Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 2007, 303 pages, ISBN 978-2-7351-1165-7

   Scandaleuses rumeurs, bizutages violents, blagues obscènes, chansons de salles de garde, autant d’éléments composant l’image de l’étudiant en médecine difficiles à rattacher à celle de l’éminent spécialiste affichant le titre prestigieux d’ « Ancien Interne des Hôpitaux »… Qu’est-ce en effet que l’Internat avec ses traditions frivoles, son « folklore des carabins » relégué aux marges du métier derrière les portes fermées des salles de garde ? Ou, plutôt, en quoi ces pratiques sont-elles constitutives de l’apprentissage du futur spécialiste, au même titre que la formation spécifique à cette profession ? Comment l’esprit de corps vient-il aux médecins ?

   C’est à ces questions, et sur un terrain n’ayant jamais fait l’objet d’investigations ethnologiques, que l’auteur s’est attachée à répondre dans cet ouvrage novateur et stimulant. 

   Des travaux pratiques d’anatomie et de dissection plaçant les jeux avec le sexe et la mort au principe même de cet apprentissage jusqu’aux « revues » et « post-revues » spectaculaires des salles de garde en passant par les rituels propres au temps de l’internat qui se déclinent sur le modèle des « grands » passages biographiques -« baptême » et « enterrement » du néophyte, se dessine un parcours coutumier indissociable de l’acquisition des savoirs propres à la discipline médicale. Conduite majoritairement auprès d’anciens internes des hôpitaux français à Toulouse, Montpellier, Strasbourg et Paris, la recherche d’Emmanuelle Godeau n’exclue pas le comparatisme (U.S.A, Suisse, Scandinavie) et s’ouvre, lorsque les sources le permettent, à la profondeur historique.

Emmanuelle Godeau a suivi une double formation de médecin et d’anthropologue. Ses travaux en tant que médecin de santé publique et chercheur dans l’unité Inserm U558 portent sur la santé et les handicaps des enfants et des adolescents. Ses recherches en anthropologie sont centrées sur la mort, les formations professionnelles contemporaines et leur féminisation. Elle est rattachée au Centre d’anthropologie sociale de Toulouse.

Elle recevra le Prix AMADES le 26 octobre 2007, encourageant des travaux d’anthropologie appliquée à la santé, à l’occasion du Colloque International « Anthropologie et médecine : confluences et confrontations dans les domaines de la formation, des soins, de la prévention », organisé par AMADES (Anthropologie Médicale Appliquée au Développement et à la Santé), l’Université Paul Cézanne, EHESS Marseille. En partenariat avec l’Institut Fédératif de Recherche en Sciences Humaines, Économiques et Sociales de la Santé d’Aix-Marseille, Université de la Méditerranée, l’Institut de Recherche pour le Développement.