A Bordeaux, le 3 juin, Aurélie Filippetti s’est adressée aux quelque 700 libraires et professionnels du livre qui participent aux 2es Rencontres nationales de la librairie organisées par le Syndicat de la librairie française (SLF), sur le thème « quelle économie pour quel métier ? »
La librairie se trouve aujourd’hui dans une situation financière et économique des plus difficiles, le secteur devant s’adapter à de profondes mutations dues notamment à l’essor de l’internet. Le 25 mars, au Salon du livre, Aurélie Filippetti avait déjà présenté les premières mesures d'un plan en faveur des librairies indépendantes : la mise en place d'un médiateur du livre et la création d'un fonds d'avance de trésorerie de 5 millions d'euros destiné aux libraires.
Une nouvelle aide de neuf millions. Les éditeurs ont annoncé la mise en place d’une aide de sept millions d'euros, tandis que la ministre de la Culture et de la Communication a promis une nouvelle enveloppe de deux millions pour venir en aide aux libraires. La somme aura pour objectif de soutenir la « modernisation des librairies » et « la vente en ligne des libraires indépendant français », a souligné Aurélie Filippetti.
Ces neuf millions s'ajoutent aux neuf millions d'euros annoncée par la Ministre en mars au Salon du livre de Paris. Cette aide comprenait un fonds d'avance de trésorerie de 5 millions d'euros dédié aux libraires et un renforcement de l'aide à la transmission des commerces de 4 millions.
Cet « effort sans précédent en faveur du livre et de la lecture » est indispensable « car sans les librairies indépendantes, a rappelé Aurélie Filippetti, c'est l'ensemble de l'écosystème du livre qui serait atteint dans sa diversité, il y aurait moins d'éditeurs et d'auteurs, moins de choix pour le lecteur et moins de lien social dans les villes », a souligné la Ministre...
« Un effort interprofessionnel remarquable ». Les sept millions d'euros du plan d'aide annoncé par le Syndicat national de l'édition (SNE) seront collectés parmi les éditeurs au moment de la baisse de la TVA sur le livre de 5,5% à 5% donc sur l'exercice 2014.
Soulignant « cet effort interprofessionnel remarquable », Aurélie Filippetti a dit avoir « bien entendu que ces contributions seront volontaires ». Elle sera néanmoins « attentive à ce que le niveau des contributions soit à la hauteur des objectifs […] Si tel n'était pas le cas, il reviendra au Gouvernement de la rendre obligatoire par la loi».
Dumping. Aurélie Filippetti a rappelé également que « le secteur du livre et de la lecture est concurrencé par certains sites utilisant toutes les possibilités pour s'introduire sur le marché du livre français et européen ». La Ministre a notamment dénoncé le comportement « destructeur pour les libraires » du site de vente en ligne Amazon « qui, par des pratiques de dumping, casse les prix pour ensuite pénétrer sur les marchés et enfin faire remonter les prix, une fois en situation de quasi monopole. » Aussi la Ministre a dit réfléchir « à l'interdiction de cumuler la gratuité des frais de port et la réduction des 5% », sur le prix des livres.
Le métier de libraire en quelques chiffres… Avec un réseau de 2 500 à 3 000 points de vente, la librairie indépendante représente plus de 40% des ventes de livres au détail et de 12 000 à 13 000 emplois. Les ventes s’élèvent en 2012 à 450 millions d'exemplaires. Depuis trois ans les ventes baissent (-2% à 3% en valeur cumulée entre 2010 et 2012). Le recul est plus prononcé en volume (de -3% à -9%). Il le serait encore plus sans l’apport des ventes en ligne ( 37% des librairies vendent en ligne des livres papier). La vente de livres en magasins spécialisés est l'un des secteurs les moins rentables du commerce de détail.
Un nouveau modèle économique. Les Rencontres nationales de la librairie ont été mises en place pour poser les bases d’une nouvelle économie, qui permettront à la profession de franchir ce cap difficile. Les ateliers et tables rondes de ces deuxièmes Rencontres se sont ainsi posé principalement trois questions :
- Face aux tensions économiques, quelles solutions, quels outils et quelles nouvelles pratiques pour optimiser et développer son activité : les leviers financiers, la relation aux clients, la mutualisation entre libraires, l'optimisation de la gestion d e la logistique et du transport, la maîtrise des achats et des retours, la présence sur Internet et la vente de livres numériques, les services qualitatifs...
- Comment améliorer et faire évoluer la relation commerciale avec l'édition -diffusion ?
- Après l'annonce par le Gouvernement du premier volet d'un plan en faveur des librairies, quelle place pour des politiques publiques renforcées au niveau national et local ?