Accès. La démocratisation culturelle, une idée neuve dans les politiques publiques ? Alors que cette préoccupation pouvait, sous l'effet de la crise, sembler un peu en sommeil, Aurélie Filippetti l'a, au contraire, réactivée avec détermination : plan en faveur de l'éducation artistique, dispositifs pour favoriser les pratiques culturelles dans le monde du travail et, aujourd'hui, développement de l'art et de la culture dans l'espace public. « Depuis ma prise de fonction, a rappelé la ministre de la Culture et de la Communication, je travaille pour créer des conditions plus justes d’égalité de tous face à l’accès à l’art et sa transmission, gages d’une véritable démocratie culturelle. J’ai affirmé ma volonté d’enrayer les déterminismes sociaux, culturels ou éducatifs ».
Objectifs. « Aller à la rencontre » de la population qui n'a pas accès aux oeuvres artistiques : telle est donc, selon Jean Blaise, son président, la « grande aventure » de la Mission nationale pour l’art et la culture dans l'espace public (MNACEP). Une aventure qui ne part pas de rien. « De nombreuses initiatives existent déjà pour favoriser la culture dans l'espace public », précise Jean Blaise, faisant référence au 1% artistique, à la commande publique, aux créations lors de festivals des arts de la rue, etc. Pour la MNACEP, il s'agira donc avant tout de « généraliser la démarche », de lui donner un « cadre ». Pour fédérer ces initiatives, elle constituera un « laboratoire d'idées », avec comme objectif, selon Aurélie Filippetti, « reconnaître ce qui se fait sur le terrain pour mettre en lumière la richesse des œuvres et des initiatives existantes, repérer des bonnes pratiques ». Expérimenter et innover, donc. Autre objectif : favoriser les croisements et les décloisonnements. Il faut « faire tomber les murs entre les disciplines et organiser le dialogue entre tous les acteurs pour permettre la mise en place d’outils, de modalités, d’instances de discussion, levant des barrières et des freins à l’expression artistique et culturelle dans l’espace public ».
Réponses. Donner un « cadre », cela signifie aussi apporter toutes sortes de réponses – qu'elles soient juridiques, réglementaires, touchant aux questions de sécurité, etc – à ceux qui veulent intervenir dans l'espace public. « Quand on va dans l'espace public, on est face à une réalité complexe, on est face aussi à des acteurs que nous ne soupçionnons pas, avec qui il faut discuter, négocier », souligne Jean Blaise. D'où l'importance de la composition de la Mission. Outre les artistes et les opérateurs culturels, elle comprend également des représentants de l’Etat, des collectivités territoriales et de différents organismes professionnels, qui travailleront « ensemble » au « renouvellement de l'action culturelle dans l'espace public ». « L'art dans l'espace public, ça trouble, assure Jean Blaise, ce n'est pas seulement de la pommade qu'on passerait sur des plaies sociales, ça peut susciter des polémiques, ça peut déranger, et donc, ça signifie qu'il y a quelque chose qui se passe ».
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