La direction régionale des affaires culturelles salue la mémoire de Riccardo Bofill, grand architecte catalan, dont l’œuvre architecturale majeure à Montpellier, le quartier Antigone, s'est vue décerner le label architecture contemporaine remarquable en 2018.

 

L'architecte espagnol Ricardo Bofill, décédé le 14 janvier, a joué un rôle décisif dans la transformation architecturale de la métropole Montpelliéraine. La Drac a tenu à lui rendre hommage.

Changer la ville - concilier modernité et histoire

Projeté dès 1979, sous l'impulsion du maire de Montpellier, Georges Frêche, et de son adjoint, le géographe Raymond Dugrand, le quartier Antigone, ensemble architectural moderne est créé à partir de 1983.

Cette architecture, dont Ricardo Bofill a puisé l'inspiration dans les monuments de l'Antiquité, d'abord controversée, a été très vite plébiscitée, grâce au geste architectural symbolique et ambitieux de son concepteur.

Vierge de toute construction, ce terrain, appartenant à l'Armée, a donné naissance à un quartier de 36 hectares de constructions néoclassiques. L'objectif du commanditaire repose sur la création d'un quartier intégrant les fonctions urbaines, logement, emploi et équipement, avec prioritairement la réalisation d'appartements sociaux. 

La composition urbaine chronologique

  • 1980 : aquarelle du projet exposée au public ;
  • 1982 : mise en chantier de la place du Nombre d'Or ;
  • 1984 : livraison des premiers logements sociaux ;
  • 1985 : création de la Place du Millénaire, de la Maison des syndicats et du centre cultuel Dom Bosco ;
  • 1986/87 : naissance des Échelles de la ville ;
  • 1986 : ouverture de la rue Dom Bosco, actuelle rue Léon Blum, mise en service du  boulevard Antigone et de celui de l'aéroport ;
  • 1988 : ouverture du quartier vers l'est, Port Juvénal, Place Tessalie... ;
  • 1988/89 : création de l'Hôtel de région, des guinguettes du Lez ;
  • 1990/92 : élévation de la Coupole, du quartier Rabelais, de l'hôtel Mercure ;
  • 1996 : construction de la piscine Olympique et de la médiathèque Émile Zola (équipements non compris dans le projet) ;
  • 1998 : percée de la place du Nombre d'or vers les échelles de la ville et du Polygone ;
  • 2000 : arrivée du tramway et réorganisation des flux, construction de halles Jacques Coeur...

Cet ensemble a été partiellement labellisé architecture contemporaine remarquable, label décerné par le ministère de la Culture, par la commission régionale du patrimoine et de l'architecture, en 2018. 

Retour sur le quartier Antigone de Montpellier de l’architecte Ricardo Bofill

Le 28 mai 2019, la conférence de Thierry Lochard, architecte Udap 34, intitulée Retour sur le quartier Antigone de Montpellier de l’architecte Ricardo Bofill, programmée dans le cadre du Mois de l'architecture et des conférences données pour les Mardis de l’architecture, permet de revenir sur la renommée internationale de l’œuvre et son auteur, le sens donné au fond, à la forme et à l'histoire du lieu, enrichissant encore le débat actuellement.

Ricardo Bofill, l'architecte singulier

Esprit indépendant, épris de liberté, Ricardo Bofill est d’abord exclu, à 18 ans, de l’École d’architecture de Barcelone, sa ville natale, pour militantisme antifranquiste. Il poursuit ses études d’architecture à Genève et se forme au cours de nombreux voyages d’étude à l’étranger.

Dès les années 1960, il se distingue par une production très originale. Il installe son atelier, le Taller de arquitectura, dans une cimenterie désaffectée qu’il transforme et agrandit en jouant avec des références industrielles et classiques. Dans ce lieu unique, il réunit diverses disciplines dont les spécialités vont de l'architecture au cinéma, en passant par la philosophie. Ses projets s’imprègnent de cette pluralité de regards intégrant autant les références à l’histoire que les évolutions de la société.

Riccardo Bofill était officier de l'ordre des Arts et des Lettres.

Ses principales réalisations

En France, il conçoit d’importantes opérations de logements dans les villes nouvelles ou dans des quartiers en complète transformation. Son architecture, monumentale, est composée d’éléments combinatoires répétitifs, de jeux d’ombre et de matière. Elle joue avec des références classiques, autant dans la composition urbaine que dans celle du décor des façades.

On lui doit ainsi le complexe de logements à haute densité Les Espaces d'Abraxas à Marne-la-Vallée (1982), les Arcades du lac, dites « Versailles pour le peuple », le viaduc et les Temples du lac à Saint-Quentin-en-Yvelines (1974-1982), les Échelles du baroque à Paris, dans le quartier de Montparnasse (1979-1985), le Crescent des colonnes de Saint-Christophe à Cergy-Pontoise (1981-1985), la Bastide à Bordeaux (1988, abandonnée en 1994) et surtout, les vastes opérations d'Antigone et Port-Marianne à Montpellier. 

L'hommage public

La ville de Montpellier annonce prochainement une rétrospective de l’œuvre de Ricardo Bofill à la médiathèque Émile Zola et la dénomination d'un lieu en cœur de ville en son hommage.