Après la partie haute, c'est au tour de la partie basse de la flèche de la Tour de Mutte d'être débarrassée de ses échafaudages depuis quelques semaines.
Cette intervention marque le début de la dernière phase de travaux de restauration de la Tour de Mutte.

Cette opération de restauration d'envergure n'aurait pu voir le jour sans le plan de relance mis en place par l’État en 2009.

D'un coût de 5 millions d'euros, financée à 100 % par le ministère de la Culture – DRAC, l'opération a pour but de restaurer les ouvrages de la Tour ainsi que le patrimoine campanaire.

Le chantier mené sous maîtrise d'ouvrage de la DRAC et sous maîtrise d’œuvre de Christophe Bottineau, architecte en chef des monuments historiques, s'est déroulé en trois phases. La dernière phase, actuellement en cours, concerne la restauration de la base de la Tour du niveau 43 jusqu'au sol.

En parallèle, une opération de restauration de la cloche Mutte est menée sous la maîtrise d’œuvre de Eric Brottier, technicien-conseil. Les travaux concernant cette dernière phase s’achèveront au printemps 2014.

HISTORIQUE

La Tour de Mutte, ancien beffroi municipal, est élevée à partir du XIIIe siècle jusqu'au niveau du comble de la nef (fût de la Tour).
Elle est coiffée d'un ouvrage en bois qui sera remplacé au XVe siècle par un clocher en pierre et une flèche.

Des prélèvements du bois de la charpente du beffroi ont été daté par dendrochronologie (méthode de datation du bois par le comptage des anneaux de croissance). L'âge estimé d'abattage est 1481. Aujourd'hui encore la différence stylistique entre les deux parties des XIIIe et XVe est lisible dans les ornements architecturaux et la structure.

En tant que beffroi municipal, la tour conserve trois cloches qui servaient à rythmer la vie municipale et le quotidien des messins. Elles étaient sonnées par le vigie dont la loge était située au niveau de la terrasse de la flèche.

Le tocsin (1552), situé dans la flèche de la Tour de la Mutte, prévenait des incendies. Le guetteur dirigeait les services de secours dans le tissu urbain dense à l'aide d' un drapeau depuis le haut de la tour.

Mademoiselle de Turmel (1875) sonnait tous les soirs à 21h45 pour annoncer la fermeture des portes de la ville. Ces deux cloches situées dans la flèche ont fait l'objet d'une restauration.

La Mutte (1605) située dans la chambre des cloches sonnait les grands événements de la vie civile (fêtes, attaques, victoires...). Par exemple, un coup était frappé tous les quart d'heure les jours des élections afin de rappeler aux citoyens d'aller voter. Depuis 1918, cette cloche n'a plus sonné à la volée. La tour offre également un magnifique point de vue tout au long des siècles aux touristes et aux messins qui avaient le courage de monter jusqu'en haut comme cela est attesté par de nombreux voyageurs dans leurs écrits. Ainsi, Charles Dickens Junior écrit dans son journal de voyage à la date du 27 août 1870 «Les personnes qui veulent voir les promenades et les jardins de l'Esplanade, ou la redoute fortifiée, appelée le Pâté, qui peut être transformé en une île fermant les écluses sur la Seille, doivent monter à la flèche de la cathédrale, non sans avoir fait halte dans la galerie de la claire-voie pour voir les vitraux et les arcs-boutants. La vue de Metz depuis la flèche est exceptionnelle»1 .

TRAVAUX DE RESTAURATION

Depuis son élévation, de nombreux travaux d'entretien et de restauration ont été entrepris en raison de l'usure naturelle des matériaux, de la foudre et des incendies dont fut victime la cathédrale dont celui de 1877.

La plus importante des restaurations est celle de la flèche qui fit l'objet d'une restitution à neuf entre 1910 et 1911 Entre 1952 et 1957, la restauration de la partie haute de la flèche est confiée à Robert Renard, architecte en chef des Monuments Historiques.

Ces interventions sont visibles dans les gargouilles de la terrasse de la flèche au profil très géométrique et les vitraux contemporains dessinés par le peintre verrier Gaudin dans l'ancienne chambre du guetteur.

Cependant aucune opération de restauration n'avait été réalisée sur la totalité de l'ouvrage. Le projet commandé à Christophe Bottineau visait à restaurer la tour et à remettre en service l'ensemble du patrimoine campanaire en s'assurant que cela n'affecterait pas la structure de la Tour.

L'étude menée en collaboration avec de nombreux intervenants a permis de définir le parti pris de restauration mis en œuvre sur le chantier depuis septembre 2009.

Les travaux de restauration menés actuellement consistent :

- lot maçonnerie – pierre de taille en un nettoyage des parements avec un remplacement des pierres abîmées, la purge des joints et des ragréages au mortier ciment pour un rejointoiement au mortier de chaux naturelle.
- le lot sculpture – restauration de sculpture a en charge la restauration des éléments sculptés ainsi que la proposition de restitution d'éléments de gargouilles manquants.

Les vitraux du portail de la Tour de Mutte, des panneaux géométriques contemporains, sont en cours de nettoyage avec un remplacement en recherche des éléments cassés et un traitement des armatures. Les vitraux seront dotés d'un système d'évacuation des eaux de condensation en partie basse, d'un habillage en plomb des appuis et de châssis grillagés.

Dans le beffroi, le plancher existant, supprimé pour des raisons techniques dès le début du chantier, afin de permettre le passage de l'échafaudage interne va être remplacé et doté de garde-corps. La cloche Mutte est actuellement déposée sur un échafaudage provisoire.

Le joug et les ferrures de la cloche font l'objet d'une restauration en atelier.

Au terme de cette restauration, la Mutte sera dotée d'un système d'entraînement par moteurs linéaires permettant de conserver les équipements mécaniques de la cloche qui ont également une valeur patrimoniale. Ce système a l'avantage de conserver la possibilité de sonner à la main la cloche sans intervenir sur l'électrification.

1 DICKENS Charles, All the year round a weekly journal frontier towns of France.