22 avril au 22 juillet 2018

La Ferme du Buisson, centre d'art contemporain, présente l’exposition de Céline Ahond – "Au pied du mur, au pied de la lettre" du 22 avril au 22 juillet 2018. Questionnant sans relâche la relation entre l’art et la vie, le désir en mouvement et la manière dont "la place de l’autre fait œuvre", Céline Ahond relève ici le défi de faire de l’exposition une performance de trois mois qui se déplie à la manière d’un livre pour accueillir toutes les rencontres possibles.

une exposition conçue comme un livre...

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Connue pour ses déambulations dans l’espace public et ses workshops participatifs dans l’espace "social", Céline Ahond réalise ici sa première exposition d’envergure entre quatre murs.

Avec la complicité de la graphiste Valérie Tortolero, elle la conçoit comme un livre où les cimaises sont mises en abîme, et l’espace mis en page et en mouvement à travers des opérations de cadrages, de déplacements et de ponctuations.

À la manière dont l’artiste superpose dans ses œuvres les couches de réalité existantes, l’espace est organisé comme un millefeuille d’éléments exogènes : une moquette de stand, un parterre de chaises d’une salle municipale, un plafond de néons de bureaux….

Ce dispositif, complété par des caméras de surveillance, des téléphones et des photocopieurs, évoquant habituellement les structures de pouvoir institutionnelles et administratives, devient ici un terrain de jeu et d’émancipation.

favorisant la circulation des corps et de la parole

Céline Ahond tisse un réseau qui permet à des gestes, des mots, des images et des comportements de se déployer et d’entrer en contact. Ainsi le lieu figé, défini par ses configurations, se transforme en espace mobile, défini par ses usages.

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Céline Ahond, Est-ce que parler est une écriture ?, HEAR-Strasbourg, 2017 © photo Xiaosi Wang 

Céline Ahond et That’s Painting - Bernard Brunon, J’aimerai pouvoir apprendre en bougeant, 1% artistique du Collège Pierre de Ronsard – Mer, 2013 © photo Céline Ahond

"rester ici où partir là-bas ?"

Autour d’un point nodal constitué par un nouveau film-performance ambitieux, "Rester ici où partir là-bas ?" surgissent alternativement des fragments de films plus anciens, éclatés, répétés. Les images filmées résonnent ainsi d’une salle à l’autre, s’affranchissant des cadres aussi bien formels qu’institutionnels ou moraux. L’École, l’État, la Justice, l’espace public, les discours normatifs y deviennent prétexte à des jeux de rôles qui renversent les rapports de force. Les protagonistes – collégiens, travailleurs sociaux, braqueur repenti, artistes, habitants d’un quartier, femmes confrontées à la violence, étudiants, prennent la parole pour recadrer les représentations, comprendre quoi faire quand « on ne cadre pas » avec la norme, l’autorité ou la réalité.

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Céline Ahond, Ce qui est impressionnant ici c’est l’ensemble du paysage, Hors-Les-Murs HLM - Marseille, 2012 © photo Annabelle Arnaud

Céline Ahond, Dessiner une ligne orange, film performé, Communauté́ de communes du Pays Mélusin, 2011 © photo Jean-Claude Ficheux

Céline Ahond, Rester ici ou partir là-bas ?, film performé, Montreuil-sous-Bois, 2018 © photo Audrey Planchet

Céline Ahond, Rester ici ou partir là-bas ?, film performé, Montreuil-sous-Bois, 2018 © photo Audrey Planchet

imprimer des mots dont le visiteur peut s’emparer et qu’il est invité à faire circuler

Mais "l’Autre" c’est aussi le spectateur. L’un des protagonistes, invité à prendre conscience de lui-même et à trouver sa place et sa voix. L’ensemble ainsi créé par les présences et la parole des uns et des autres, dessine un paysage dans lequel le corps et la pensée du spectateur sont invités à se mouvoir et à s’engager. Interpelé par un espace sans cesse en mouvement, celui-ci ne sait pas d’emblée où regarder, où s’asseoir. Il doit faire des choix, effectuer un certain nombre de gestes, apprendre à jouer avec le dispositif. Un tapis de chaises – public de regardeurs fantômes en attente d’être habité et déplacé – implique par exemple de choisir sa place et son propre point de vue. Des photocopieurs demandent à être mis en marche pour faire sortir une parole : imprimer des mots dont le visiteur peut s’emparer et qu’il est invité à faire circuler. Les vidéosurveillances ne surveillent rien mais créent en direct le film de l’exposition retransmis dans une des salles. Les caméras posent un cadre dans lequel le visiteur peut se mettre en scène et "se regarder en train de regarder". A l’instar des téléphones, elles deviennent un moyen de communication qui permet de faire circuler la parole et les corps d’une salle à l’autre.

Céline Ahond, Tu vois ce que je veux dire ?, film performé, Apdv-À Perte de Vue – Paris

Un duo de médiatrices déambule à la rencontre des visiteurs pour leur délivrer les micro-récits qui accompagnent les œuvres, incarnant la puissance de l’adresse directe si chère à l’artiste. Enfin, on y trouve une salle laboratoire, un espace de troc (les visiteurs laissent une phrase en échange d’un livre de Céline Ahond), des discussions autour de l’exposition et une intervention du collectif OKAY CONFIANCE dans le cadre du festival Performance Day. Un nouveau titre de la collection "Digressions" est publié en écho à l’exposition, sous forme d’une conversation théâtralisée avec Anna Kawala, Sophie Lapalu, Julie Pellegrin, Elodie Petit et Lidwine Prolonge.

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Céline Ahond, Jouer à faire semblant pour de vrai, 1% artistique du collège Pierre Curie - Bondy, 2016 © photo Célia Pernot

Céline Ahond, Jouer à faire semblant pour de vrai, 1% artistique du collège Pierre Curie - Bondy, 2016 © photo Célia Pernot

partenaires : avec le soutien du fonds de dotation InPACT-Initiative pour le partage culturel, de la F.N.A.G.P. et de la DRAC Île-de-France dans le cadre du programme « Culture et lien social »
en collaboration avec la Maison des Femmes Thérèse Clerc de Montreuil et l’association Vie Et Cité de Bobigny, avec le concours de Yonne Copie, du Crédac et Les Arcades - l’école d’art d’Issy

itinéraire

Céline Ahond développe sa pratique singulière aussi bien dans des espaces dédiés, que dans des livres ou sur la place publique – souvent dans le cadre d’expériences collectives. Elle se fait connaître pour ses performances conférences au début des années 2000, mêlant récits en tous genres, images projetées ou imprimées, dispositifs vidéo et mises en scène d’objets. En 2011, elle s’empare du medium filmique pour questionner la mise en scène même de l’image et réaliser des "films performances" aux titres évocateurs : "Tu vois ce que je veux dire ?", "Dans quel film vivons-nous ?", "Jouer à faire semblant pour de vrai." Sur le fil entre documentaire (de performances ou de situations quotidiennes) et fiction loufoque, ces films s’apparentent à de vraies-fausses reconstitutions où les jeux de rôles troublent les identités et la relation entre réalité et imaginaire. Comment le rapport à l’Autre peut-il faire œuvre ? Comment résister à plusieurs dans les espaces de liberté́ inventés dans l’entre-deux de la rencontre ? Céline Ahond a l’art de construire des situations qui ouvrent des territoires pour l’action, la prise de parole et l’invention d’un langage propre.

Parallèlement, elle poursuit une réflexion sur l’écriture comme alternative possible à la performance, à travers un travail exigent d’éditrice et de publication de livres d’artiste.

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Céline Ahond, Ouverture, portes vertes, Apdv-À Perte de Vue - Paris, 2011 © photo Nicolas Durand

Céline Ahond, World Wants Words, Los Angeles, 2013 © photo Charlie Jeffery

Le centre d’art contemporain / la Ferme du Buisson

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Implantée sur un site exceptionnel, la Ferme du Buisson propose une programmation d'envergure internationale. Ancienne "ferme-modèle" du XIXe siècle, elle concentre aujourd’hui un centre d’art, une scène nationale comprenant six salles de spectacle, un cinéma et une salle de concert, favorisant de manière exemplaire le décloisonnement des disciplines.

Le Centre d’art contemporain est engagé depuis 1991 dans un soutien actif à la création à travers un travail de production, de diffusion et d’édition. Mettant l’accent sur les artistes émergents ou peu représentés en France, il s’est spécialisé sur les questions de performance, de pluridisciplinarité et d’expérimentation autour des formats d’exposition. Sous la direction de Julie Pellegrin, la programmation s’attache à faire dialoguer l’art contemporain avec d’autres disciplines artistiques (en particulier le théâtre et la danse) ou avec les sciences sociales (économie, philosophie, anthropologie…)

Concevant la scène artistique comme partie intégrante de la scène sociale, politique et culturelle, elle mêle expositions monographiques
et collectives, publications, discussions et performances. Résolument prospective, cette programmation repose sur une conception performative de l’art qui met à l’honneur processus et expérimentation.

© La Ferme du Buisson / Julien Mouffron-Gardner-27902

Autour de l'exposition

"Performance Day #3",Samedi 2 juin 2018 de 14h à minuit, festival de performance avec Céline Ahond & OKAY CONFIANCE, Pauline Boudry/Renate Lorenz, Naufus Ramirez-Figueroa, Emily Mast, Benjamin Seror, Virginie Yassef. Troisième édition du festival de performance, déjà devenu référence, qui explore les frontières entre les arts plastiques et les arts de la scène.

"La confiance", 2 juin de 19h à 23h, Céline Ahond invite OKAY CONFIANCE dans le cadre de Performance Day. Collectif à géométrie variable, OKAY CONFIANCE propose des situations de partage éphémères qui intègrent des formes aussi variées qu’un barbecue, une performance, des tee-shirts, de la musique, des attitudes, des livres. OKAY CONFIANCE propose "une visibilité organisée de nos choses en train de se faire, de se penser."

"La rencontre", 23 juin de 14h à 17h, Stage parents-enfants animé par Céline Ahond. Dès 5 ans. Apporter un goûter à partager à la fin de l’atelier. Tarifs 5€. Sur réservation au 01 64 62 77 77

"L’amitié", 8 juil à 17h, Conversation peinte avec Bernard Brunon (That’s Painting Productions), Pedro Morais (historien et critique d’art) et Julie Pellegrin (directrice du centre d’art).

Tout au long de l’exposition : "La présence". L’équipe de médiation propose des visites adaptées à tous. Les médiatrices se font le relais des micro-récits transmis par l’artiste. Elles ouvrent des dialogues libres autour des œuvres, invitent à partager un goûter autour du carnet des enfants, à explorer d’autres modes de perception (l’écoute, le geste, le silence, le décalage des points de vue) et à participer à des ateliers de pratique.

Informations pratiques

Centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson allée de la Ferme 77186 Noisiel / informations: 01 64 62 77 00