Sept nouveaux monuments du département de l’Aisne ont été protégés au titre des Monuments historiques suite à l’avis favorable donné par les Commissions régionales du patrimoine et de l’architecture qui se sont respectivement tenues le 24 juin 2021, 23 septembre 2021 et 16 décembre 2021.

Le château des Chaînées à Chevregny et son parc
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En 1917, le château de Chevregny situé dans le secteur du Chemin des Dames est détruit lors de l’attaque Nivelle comme l’ensemble des maisons du village. Les propriétaires Gabriel Cherrier et son épouse vont utiliser les dommages de guerre reçus et décident de faire reconstruire leur château 300 mètres plus haut que l’ancien, de sorte de bénéficier d’un beau panorama vers le Chemin de Dames. C’est à l’architecte parisien Paul Robine qu’est confié le projet de reconstruction. Ses plans sont datés de 1927. L’architecte réalise une œuvre tout à fait étonnante et originale tant dans le plan, que les formes imbriquées, ou la distribution intérieure des espaces. En effet, côté parc, on a une succession de pavillons, disposés en biais les uns par rapport aux autres, de façon symétrique par rapport à l’axe central. La façade d’entrée est rectiligne avec une entrée en plein cintre et des baies qui sont caractéristiques du style Art déco de l’époque. L’ensemble fait aussi référence au mouvement Arts and Crafts. A l’intérieur, hormis la rampe de l’escalier Art déco, le décor est traité de manière classique. Le parc, conçu comme un parc paysager sert d’écrin au château.

Inscription au titre des Monuments historiques du château des Chaînées à Chevregny, en totalité et de son parc par arrêté du 5 novembre 2021.

Le château de la Bôve à Bouconville-Vauclair et son parc
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En 1917, le château de la Bôve situé au bout du Chemin des Dames est détruit lors de l’attaque Nivelle. Il s’agissait d’un château reconstruit de 1899 à 1901, à partir d’un corps central du XVIIIe siècle, établi au-dessus d’un réseau de carrières, qu’on appelle « bôves ». Ce qui explique le nom du domaine. L’occupation de la Bôve est avérée dès le Moyen Age. Le domaine de la Bôve appartenait au XVIIIe siècle à la duchesse de Narbonne-Lara, dame de compagnie d’une des filles de Louis XV. Celle-ci venait à la Bôve avec sa sœur, ce qui a donné le nom tristement célèbre à ce secteur du « Chemin des Dames » en 1917. Le château est reconstruit entre 1928 et 1933 par André Bonnet, architecte parisien, dans un style qui pastiche le XVIIIe siècle, sans doute en référence à ce siècle qui fut important dans l’histoire de la Bôve. Le grand parc qui s’étend au sud du château en fond de vallée est celui que le propriétaire Henri Rillart de Verneuil a fait dessiner autour de 1900, peut-être par le paysagiste rémois Edouard Redont. Il a souffert des combats de 1917 mais ses grandes lignes restent en place. En revanche, la partie nord en terrasses vers la chapelle a été redessinée entre 1928 et 1933. La chapelle et les dépendances ont été reconstruites par Bonnet dans un style différent. La chapelle prend la forme d’un temple grec avec des vitraux plus à la mode des années 1920 et les dépendances sont caractéristiques de ce qui est produit lors de la Première Reconstruction dans ce secteur.

Inscription au titre des Monuments historiques du château, façades et toitures, de son vestibule avec son escalier et ses peintures, de son salon circulaire, de la chapelle en totalité, du parc en totalité, de la remise à voitures, façades et toitures et des vestiges du château ancien, à savoir le mur de l’ancienne chapelle et les murs de soutènement de la terrasse du château, en totalité, par arrêté du 6 janvier 2022.

Le palais de justice de Vervins
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Le palais de justice de Vervins a été édifié par l’architecte Henri Van Cléemputte de 1844 à 1847. Préalablement et depuis 1792, le palais de justice était établi dans l’ancien Vieux-Château. L’entretien de cet édifice s’avérant trop coûteux, le conseil général de l’Aisne décide en 1836 de construire un nouveau palais de justice. La façade de style néo-classique représente une ordonnance majestueuse au caractère profondément symbolique. Il s’agit d’intimider et d’imposer le respect de l’autorité judiciaire: large perron à limons, ordre colossal corinthien, arc monumental surmonté d’un puissant fronton. Les éléments de décor sculpté sont dus au sculpteur Lemoyne de Saint-Quentin. Un escalier droit monumental relie la salle des pas perdus couverte d'une fausse voûte en berceau, à la salle d'audience plafonnée située à l'étage, sur plan carré. « La salle des pas perdus » présente un sol en mosaïque. La salle d’audience présente un plafond polychrome à caissons : grand caisson central de plan octogonal entouré de 20 caissons carrés de plus petite dimension. La fausse voûte en berceau située au-dessus du bureau des magistrats est composée de caissons carrés. L’ensemble a été réalisé en carton-pierre peint polychrome, auquel s’ajoutent des éléments en bois, par le sculpteur Antoine-Joseph-Michel Romagnesi, sculpteur parisien. Le fond de la salle d’audience est orné d’une toile marouflée de Louis-Nicolas Lemasle qui représente La Justice civile et la Justice commerciale illuminées par la Justice céleste. Cette œuvre allégorique s’inscrit dans le répertoire officiel de la Monarchie de Juillet.

Inscription au titre des Monuments historiques du palais de justice de Vervins, façades et toitures, de la salle des pas-perdus avec son décor, en totalité et de la salle d’audience avec son décor, en totalité, par arrêté en date du 22 novembre 2011.

L’église Notre-Dame de l’Assomption de Lavaqueresse
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L’église de Lavaqueresse appartient au corpus des églises fortifiées de Thiérache. Ces églises ont été fortifiées aux XVIe et XVIIe siècles, époque de conflits armés avec l’Espagne et de guerres civiles et religieuses en France. La fortification de l’église de Lavaqueresse entreprise à la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle s’appuie sur la base d’un clocher et d’une nef sans doute médiévales. Le clocher et le chœur avec ses deux tourelles et sa salle de refuge sont inscrits au titre des monuments historiques depuis 1927. La nef a été reconstruite ou largement modifiée au XVIIIe siècle comme en atteste la date portée de 1714 sur le bas-côté sud.

Inscription au titre des Monuments historiques de l’église Notre-Dame de l’Assomption de Lavaqueresse, en totalité, par arrêté en date du 14 décembre 2011.

L’église Saint-Martin de Nampcelles-la-Cour
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L’église de Nampcelles-la-Cour appartient au corpus des églises fortifiées de Thiérache. Ces églises ont été fortifiées aux XVIe et XVIIe siècles, époque de conflits armés avec l’Espagne et de guerres civiles et religieuses en France. Les parties défensives de l’édifice (clocher-donjon et tourelles) ont été inscrites au titre des Monuments historiques en 1934. La tour aurait été édifiée aux XIIIe ou XIVe siècles, de même que la nef. La fortification de l’église a été entreprise au XVIe ou au débit du XVIIe siècles et c’est alors que les murs gouttereaux de la nef auraient été reparementés en brique. Le chœur a été remanié au XVIIIe siècle, la sacristie a été ajoutée au XIXe siècle, au moment où l’on refaisait le voûtement du chœur.

Inscription au titre des Monuments historiques de l’église Saint-Martin de Nampcelles-La-Cour, en totalité, par arrêté en date du 16 décembre 2011.

L’ancienne église Saint-Jacques puis chambre de commerce de Saint-Quentin (actuelle galerie Saint-Jacques)

Une première chapelle dédiée à Saint-Jacques s’élevait dans l’angle sud-est de la place de l’hôtel de ville. Elle est détruite après le siège de 1557. Dès 1562, une nouvelle église est reconstruite à quelques dizaines de mètres de la place de l’hôtel de ville, entre les rues de la Sellerie et Saint-Jacques. Après la Révolution, elle devient successivement halle au blé, halle au poisson et son clocher sert de beffroi municipal. L’édifice est très endommagé en 1917-1918. En 1925, à l’issue d’un concours, l’architecte parisien Marcel Royer est retenu pour reconstruire un nouvel édifice destiné à accueillir la Chambre de Commerce. Ce sera à l’emplacement de l’ancien lieu de culte.

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Le vocabulaire de la façade mêle les références gothiques et celles du XVe siècle. Il répond à la commande qui est celle de la tradition qu’on se doit d’adopter pour abriter une institution économique. Toutefois, le modernisme est bien présent puisque derrière cette façade en pierre de taille « démodée », la structure est en béton armé. L’intérieur est autant dans la référence au Moyen Age.

En 1930, la façade ouest et la tour-clocher qui subsistaient sont inscrites au titre des Monuments historiques. Mais le beffroi penche dangereusement, le restaurer coûterait trop cher. On décide alors en 1936 de procéder à la démolition de la tour mais aussi du second niveau de la façade, et de radier de fait l’édifice de la lise des Monuments historiques.

A partir de novembre 1948, le grand hall du bâtiment accueille un musée « promotionnel » des productions industrielles du département. De grandes peintures murales sont alors commandées à l’artiste André Maire. Elles représentent les villes principales de l’Aisne et des allégories des industries du département, qui en font la richesse. En 1980, la Chambre de Commerce emménage dans de nouveaux locaux à Saint-Quentin. La Ville saisit alors cette opportunité de la disponibilité du bâtiment pour y installer les collections du musée des Papillons, issues du legs en 1912 de la collection de Jules Passet, riche entomologiste amateur. A la suite, le grand hall de l’édifice est également investi par la Ville et rebaptisé « Galerie Saint- Jacques ». Il accueille depuis 1996 des expositions temporaires d’art contemporain.

Inscription au titre des Monuments historiques de l’ancienne église Saint-Jacques et ancienne chambre de commerce de Saint-Quentin, en totalité, par arrêté en date du 11 avril 2022.

L’église Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus à Saint-Quentin
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L’église Sainte-Thérèse, située au bout du faubourg d’Isle, au sud de la ville a supplanté l’ancienne chapelle Saint-Louis endommagée pendant la Première Guerre mondiale et a complété l’église Saint-Éloi de la paroisse du faubourg d’Isle jugée trop petite. L’église Sainte-Thérèse occupe une place toute singulière dans l’architecture de la Première Reconstruction de la ville. Elle est en effet l’un des derniers édifices majeurs de la longue recomposition de la ville. La construction ex-nihilo est confiée à Narcisse Laurent architecte saint-quentinois à qui l’on doit l’hospice Cordier de Saint-Quentin. Il conçoit un édifice néo-byzantin sur plan centré en béton et brique, alliant modernité des lignes et tradition par les matériaux. A l’intérieur, le mobilier a disparu mais il demeure les verrières figuratives dues au maître-verrier lillois d’adoption Frédéric Schutze, qui éclairent les chapelles latérales, de même que les verrières décoratives géométriques et florales stylisées de la coupole et des murs entre les bras de l’édifice. L’église est désaffectée depuis plusieurs années.

Inscription au titre des Monuments historiques de l’église Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus, en totalité, par arrêté en date du 11 avril 2022.

La procédure de protection

La demande de protection au titre des Monuments historiques d'un ensemble ou édifice est formulée par toute personne y ayant intérêt (propriétaire, association, …). La protection des immeubles, motivée par un intérêt d’art et/ou d’histoire, intervient après avis consultatif de la CRPA et prend effet après signature des arrêtés par le préfet de région. Les immeubles inscrits au titre des monuments historiques font l'objet de dispositions particulières pour leur conservation afin que toutes les interventions d'entretien, de réparation, de restauration ou de modification puissent être effectuées en maintenant l'intérêt qui a justifié leur protection. Les monuments protégés bénéficient d'un suivi par la Conservation régionale des Monuments historiques (DRAC).