Un quartier excentré d’une capitale de province romaine. Durocortorum.
Réalisé par la DRAC Champagne-Ardenne et l'INRAP et le soutien de Reims Habitat.
Cette publication est éditée dans le cadre du "Projet Collectif de Recherche : Publications archéologiques de Reims, synthèses et monographies". Il a vocation à faire connaître, à la communauté scientifique et au grand public, les connaissances nouvelles issues des nombreuses fouilles archéologiques menées à Reims, depuis 1967.
Reims qui est l’une des principales villes, et la plus étendue de la Gaule, était en effet peu représentée dans la littérature archéologique de synthèse, alors que les études montrent que, sur de nombreux points, elle peut servir de modèle de référence pour la connaissance de la formation et de l’évolution des agglomérations antiques.
Mobilisant les compétences multiples d’une quarantaine de spécialistes venus de tous horizons, géographiques, mais également trans-disciplinaires et trans-institutionnels : chercheurs de l’Université, du CNRS, de l’INRAP, de l’Etat ou spécialistes bénévoles, ces publications permettent de mettre à jour les connaissances, de croiser les regards et sont venues enrichir la collection d’Archéologie Urbaine, initiée par la société archéologique champenoise en 1987.
UN QUARTIER EXCENTRE D’UNE CAPITALE DE PROVINCE ROMAINE. DUROCORTORUM
ARCHEOLOGIE URBAINE - REIMS
Située dans un secteur encore peu exploré du quart nord-ouest de la capitale de la Gaule Belgique, l’opération archéologique de la rue Maucroix livre des informations inédites sur la création, l’évolution puis l’abandon d’un îlot antique dans un secteur excentré de la ville.
A la fin du Ier s. av. J.-C., l’implantation du réseau viaire fixe de manière pérenne la largeur de l’espace public et définit la taille des îlots. Il apparaît que l’actus a été utilisé comme unité de base pour l’établissement du carroyage et les divisions parcellaires. La rue étudiée ici et les observations antérieures, permettent de restituer un axe de circulation nord-sud, parfaitement rectiligne sur une longueur de près de 2,5 km, ce qui est inédit dans l’Empire romain, à l’heure actuelle.
A l’intérieur de l’îlot, dans la partie centrale utilisée dans un premier temps comme carrière d’extraction de craie, deux vastes édifices de plus de 65 m de long vont se succéder. Vers le milieu du Ier s. ap. J.-C., le premier est constitué d’une ossature en bois et son plan s’apparente aux horrea connus en Germanie et en Bretagne.
Au début du IIe s., un nouveau bâtiment au plan différent, plus vaste et fondé sur d’importants massifs en craie lui succède.
Dans la zone d’habitat, les constructions en dur apparaissent à partir de la seconde moitié du Ier s. ap. J.-C. et plusieurs limites parcellaires antérieures seront conservées pendant près de trois siècles Ce secteur bâti évolue de manière constante avec de nouvelles techniques de construction et une densification des surfaces couvertes.
C’est au cours de la seconde moitié du IIIe s. que des aménagements de conforts (hypocaustes, réseau d’eau sous pression…) sont réalisés.
Plusieurs activités y ont été reconnues, en particulier le travail du bronze et la tabletterie. L’étude des ateliers de tabletiers, notamment les aires de travail et leurs structures connexes, a permis de restituer toute la chaîne opératoire de la fabrication d’épingles.
Le quartier est abandonné durant la fin du IIIe s. Le début du IVe s. est marqué par une phase intense de récupération de matériaux de construction et par le creusement de plusieurs inhumations dont certaines, au sein même de tranchées de récupération de murs, rappellent une fois encore la particularité de cette capitale de province déjà mise en évidence à diverses reprises.
Tout ce secteur devient ensuite une zone de culture et ne sera reconstruit qu’à partir de la seconde moitié du XIXe s.
PUBLICATION DISPONIBLE AUPRES DE LA SOCIETE ARCHEOLOGIQUE CHAMPENOISE
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