Depuis 2010, diagnostics et fouilles sont prescrits par le service régional de l’archéologie de la direction régionale des affaires culturelles du Grand Est à Ensisheim et Réguisheim (Haut-Rhin), en prévision de l’aménagement de la Zone d’Activités d’Intérêt Départemental (ZAID) et de la Route Départementale (RD) 201, reliant la RD 430 à l’autoroute A35.

La ZAID, dont la superficie avoisine les 100 hectares, est un projet phare pour le développement économique de la région.

Outre l’importante surface du projet, ces prescriptions sont motivées par la sensibilité archéologique du secteur, puisque la carte archéologique nationale recense de très nombreux sites sur le ban communal d’Ensisheim. Les sites enregistrés sont essentiellement le fruit de découvertes fortuites, de fouilles programmées, de prospections aériennes ou pédestres ainsi que de fouilles anciennes datant du 19e,dont la plus illustre permit la découverte du tumulus princier de l’allmend, attribué à l’Âge du Fer.

Au total, les 90 hectares sondés sur le projet de la ZAID, par les opérations de diagnostics, ont conduit à la prescription de fouilles totalisant une surface décapée cumulée de 32,5 hectares, soit un tiers du projet.

La fouille de la 4ème tranche (en cours), confiée à Archéologie Alsace en groupement avec l'INRAP, porte sur 9,5 hectares. Elle s’inscrit dans la continuité de la tranche 3 réalisée en 2017-2018 sur 15 hectares. Ces fouilles offrent l'opportunité de disposer d'une fenêtre sans commune mesure sur une partie d'un terroir intensément occupé, sur le temps long, avec certains résultats au caractère inédit, de nature à renouveler et modifier des pans de la connaissance et de la recherche archéologique régionale.

Des campements du Mésolithique

La succession de campements de chasseurs-cueilleurs du mésolithique datés autour du VIIe millénaire avant J.C. constitue l’une des découvertes majeures du secteur. Ils se matérialisent par des concentrations d’éclats de silex qui témoignent des aires de débitage du silex pour la production des outils, des résidus de foyers, ainsi que des fragments d’os de faune, déchets issus de la découpe des carcasses, au retour de la chasse. Le système complexe de campements observé par les archéologues semble traduire des installations régulières le long des cours d’eau, en l’occurrence un ancien bras de l’Ill.

Une importante nécropole du Néolithique

L’une des autres découvertes marquantes concerne les premiers agriculteurs du Néolithique où une nécropole à inhumations et crémations, d’une centaine de tombes, attribuée à la culture du Rubané, a été fouillée en totalité.

Une seconde nécropole, plus récente (Néolithique moyen) vient compléter cet ensemble accompagnée de quelques fosses d’habitat.

L’occupation funéraire de la zone se poursuit aux périodes suivantes et notamment aux Âges des métaux (Âge du Bronze et premier Âge du Fer) où un ensemble de cercles et d’enclos funéraires ont été mis au jour. Un habitat, caractérisé par des trous de poteaux et des fosses de combustion à pierres chauffées y est également associé.

 

Enfin, deux tombes du deuxième Âge du Fer, l’une de la Tène ancienne, l’autre de la Tène moyenne, présentant toute deux du mobilier en alliage cuivreux viennent encore enrichir ce corpus funéraire exceptionnel et diachronique. A quelques mètre au nord de la parcelle fouillée, sur le tracé de la futur route départementale avait déjà été découverte une nécropole du Haut Moyen Âge en 2011.

Les archéologues, sous la direction de Muriel Roth-Zehner, (Archéologie Alsace) sont mobilisés depuis le 26 août 2019, et étudieront le site de manière exhaustive jusqu’au mois de mai 2020. Les premiers résultats obtenus par l’équipe dans des conditions météorologiques souvent difficiles sont déjà très convaincants et laissent supposer une suite très prometteuse.

Photo © Archéologie Alsace