L’Institut national d’archéologie préventive (INRAP) vient de mener une fouille sur un terrain de 2,5 hectares, situé à Compertrix (Marne). Quatre grandes périodes d’occupations humaines ont pu être étudiées sur ce site : l’époque gallo-romaine, avec la mise au jour d’une portion de voie romaine et de sépultures…, l’âge du bronze, avec des traces de bâtiments et de silos et enfin des fosses de chasse datant du néolithique et du mésolithique.

LE GALLO-ROMAIN

La Via Agrippa

En bordure du chantier, des sondages ont été réalisés sur une voie romaine, identifiée comme étant la Via Aggripa. Cette voie romaine bien connue a été dégagée sur 120 mètres de long et sur une partie de sa largeur, soit une dizaine de mètres. Datée du Ier siècle, elle a été utilisée jusqu’au bas empire et a ensuite été reprise à l’époque médiévale. Sur cette voie en creux, qui n’était pas empierrée, et bordée de fossés, se greffe un grand enclos de près de 6 000 mètres, certainement créé en même temps que la route. Les archéologues font l’hypothèse qu’il pourrait s’agir d’un bassin de rétention d’eau, permettant de mettre la Via Agrippa hors d’eau.

Des sépultures et un mausolée

Au cœur du fossé, un mausolée funéraire du IIIe ou IVe siècles, entouré de deux tombes ont été découverts. Le mausolée (qui peut être soit un tombeau, soit un cénotaphe, c’est à dire une tombe vide, marquant simplement l’emplacement ) est en cours d’étude. Tous les éléments relevés sur le mausolée (clous, morceaux de céramiques…) sont cotés et enregistrés… 
Les tombes sont des tombes d’immatures (de nourrissons) ou d’enfants. La plus riche, celle d’une petite fille de 2 ou 3 ans, date de la fin du IVe siècle. L’enfant était inhumé dans un cercueil en bois, dont seuls les clous ont été retrouvés. L’étude des fibres de bois, retrouvées sur ces clous, permettra de préciser l’espèce de bois utilisé, le chêne étant souvent réservé aux individus les plus aisés.

Un important mobilier était disposé dans la tombe : 8 vases en céramique et un en verre, certains étaient posés sur le cercueil, d’autres à côté. Le contenu des vases sera analysé en laboratoire. On y trouve souvent des offrandes, la volaille étant, par exemple, plutôt associée aux enfants. L’extérieur des vases fera également l’objet de toute l’attention des archéologues, le nom du défunt y étant parfois inscrit à la peinture végétale. 

Un petit miroir, deux bracelets, dont un en perles et une dizaine d’épingles à cheveux étaient également disposés dans le cercueil. Dans une autre tombe, un des vases pourrait contenir le corps d’un immature.

L’AGE DU BRONZE

Des traces d’habitat

Les traces de trois bâtiments, matérialisées par des trous de poteaux, ont été relevées. L’étude permettra d’affiner la datation, entre 2 200 et 800 avant notre ère. Cinq silos et une fosse d’extraction de matériaux accompagnaient ces constructions. 

LE NEOLITHIQUE ET LE MESOLITHIQUE

Des fosses de chasse

A côté de ces structures gallo-romaines, les périodes étudiées sont beaucoup plus anciennes.
Une vingtaine de fosses de chasse du mésolithique (de 10 000 ans à environ 5 000 ans avant notre ère) et surtout du néolithique (de 6 000 ans jusqu'à 5 700 ans avant notre ère) ont en effet été mises au jour. Il s’agissait, pour les hommes d’alors, non seulement de se nourrir, mais également de tenir les grands mammifères, comme l’auroch et le cerf, à l’écart de leur habitat, pour éviter qu’ils ne détruisent les cultures. Ces fosses sont étudiées depuis peu et la région Champagne-Ardenne est en pointe sur le sujet. Leur analyse est importante pour connaître l’occupation du sol sur les différentes périodes.

D'ici 2015, un ensemble de 40 logements verra le jour sur ce site.