Elles sont, chacune dans leur domaine, des personnalités emblématiques du monde de la culture. A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, elles livrent un témoignage sur leur parcours et leurs convictions. Septième volet de notre série : Colette Kerber, libraire (7/15).

Colette Kerber, a créé la librairie « Les Cahiers de Colette », dans le quartier parisien du Marais, à proximité immédiate du Centre Pompidou, après avoir envisagé de devenir galeriste ou écrivain.

Votre talent et votre engagement font de vous une personnalité emblématique du monde de la culture. Quelles sont les principales étapes de votre parcours ?

Mon prénom est Colette, c’était le désir de mon père que je devienne écrivaine, et Colette était une de ses références. Comme le talent n’est pas lié à un prénom, je n’ai jamais écrit une seule ligne. Etant issue d’une famille intellectuelle s’intéressant aux arts, j’ai également tenté d’être galeriste, mais je n’ai pas réussi. Puis j’ai compris grâce à la psychanalyse que je me sentais destinée à faire circuler la culture, d’où l’ouverture d’une librairie, qui devait me permettre de me familiariser avec le commerce du livre afin de devenir éditrice. Mais, très vite, le virus de la librairie m’a contaminé et j’ai trouvé ce métier passionnant, afin de faire découvrir des auteurs et des ouvrages à petit tirage que j’estimais importants.

Dans le domaine culturel, l'égalité entre les femmes et les hommes connaît aujourd'hui encore une situation contrastée. Quelle place ont les femmes dans votre secteur ?

Dans le domaine culturel lié au livre, en particulier dans la librairie, l’égalité hommes-femmes n’est plus vraiment un problème, de même que dans l’édition. Les femmes sont très bien représentées dans des postes de responsabilité. Je pense que la majorité des libraires sont des femmes, et de plus en plus, un grand nombre d’entre elles dirigent ou ont des responsabilités importantes dans les maisons d’édition. Longtemps le commerce du livre a été une prérogative masculine, autant l’édition que la librairie. Aujourd’hui, la situation est beaucoup plus équilibrée.

Votre engagement au service de l'égalité est connu. Quelle est votre dernière action significative en faveur des femmes ?

C’est difficile de répondre à cette question. En regardant trente ans en arrière, je constate que les auteures étaient beaucoup moins nombreuses que les auteurs masculins. C’est certainement dû à l’éducation des femmes, qui les confinait dans le domaine du privé, mais depuis une trentaine d’années, les livres écrits par des femmes, que ce soit de la littérature ou des essais, sont presque aussi nombreux que ceux de leurs collègues masculins, et tout aussi importants. Les enfants des parents post-soixante-huitards, ont été élevés de la même façon, mais les filles nées après la Seconde Guerre mondiale ont milité, et je vais dire : non sans mal, contre leurs collègues masculins pour avoir la même reconnaissance sociale. Il est bien connu que, dans les groupuscules politiques, les garçons écrivaient les tracts et les filles servaient le café. C’est là que ce sont créés tous ces mouvements féministes qui ont lutté pour l’égalité des droits, pour l’avortement, contre la culture du viol.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes qui voudraient entreprendre une carrière dans le domaine culturel ?

La voie a été malgré tout très dégagée, dans le domaine culturel. Dirigez-vous vers les domaines pour lesquels vous vous sentez douées, allez vers le domaine culturel qui vous attire et pour lequel vous avez de l’appétence. Foncez !
 

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