A partir de mercredi 19 mai, les musées, expositions et monuments retrouvent leur public avec une offre d’une richesse inégalée. Premier volet de notre série #VivreLaCulture (1/4).

Après une période de mise en sommeil de plusieurs mois, les musées, expositions et autres monuments retrouvent, mercredi 19 mai, leur public. Un rendez-vous très attendu qu’ils ont préparé soigneusement – à partir du 19 mai, la jauge appliquée sera de 8 m2 par visiteur, avant d’être abaissée, à partir du 9 juin, à 4 m2 – et surtout avec une impatience non dissimulée, à en juger par leurs propositions plus alléchantes les unes que les autres. Nous avons retenu quatre d’entre elles.

Une exposition-événement : Napoléon à La Villette

Bonaparte, premier consul par David

« Que l’on soit pour ou que l’on soit contre, Napoléon reste un mythe » écrivent de concert Chris Dercon, président de la Rmn-Grand Palais, et Didier Fusillier, président de l’établissement public du parc et de la grande halle de la villette pour présenter « Napoléon » (Grande Halle de la Villette, 28 mai - 19 septembre 2021) l’exposition que les deux institutions coproduisent à l’occasion du bicentenaire de la mort de l’empereur.

Une façon de suggérer qu’il est impossible de faire dans la demi-mesure pour célébrer un tel mythe ? Les deux institutions ont en effet vu grand pour concevoir cette exposition déjà promise à faire date, bénéficiant du concours d’un large éventail d’institutions, musée de l’armée, musée du Louvre, Mobilier national, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon….

« Napoléon » est une exposition somme qui, selon un découpage chronologique, s’intéresse au personnage historique autant qu’à l’homme intime, et convie des invités prestigieux à s’exprimer. À travers des reconstitutions spectaculaires, elle évoque aussi les arts et la vie de cour d’une époque certes brève mais qui a marqué durablement les arts décoratifs.

Enfin, l’exposition passe au crible aussi bien la modernité de son action que les mesures régressives prises sous le consulat. Ainsi, l’espace consacré au rétablissement de l’esclavage, conçu par la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, présente, entre autres, un court métrage d’animation réalisé par Mathieu Glissant et une vidéo confiée à l’historien Marcel Dorigny.

Et aussi… L’exposition-événement « Picasso-Rodin », présentée à partir du 19 mai au musée Picasso et au musée Rodin, à Paris, explore la façon dont ces deux monstres sacrés ont envisagé – et révolutionné – la création artistique à l’aube du XXe siècle

Du côté du patrimoine : inauguration du Grand Palais Éphémère

Grand Palais Ephémère

Un Grand Palais sur le Champ-de-Mars ressemblant à s’y méprendre à celui de l’avenue Winston-Churchill, qui accueillerait, pendant la fermeture de celui-ci pour travaux, les événements qui y sont traditionnellement organisés (la FIAC, le salon Paris Photo, le Saut Hermès ou les défilés de Chanel…) ?

C’est le pari réussi du Grand Palais Éphémère, chapiteau de bois conçu par l’architecte Jean-Michel Wilmotte édifié en sept mois, fruit d’une mutualisation vertueuse entre la Rmn - Grand Palais et Paris 2024. Car en plus de grandes manifestations culturelles, le Grand Palais Éphémère abritera à l’été 2024 les compétitions de judo et de lutte des Jeux Olympiques (le Grand Palais historique, qui aura rouvert à cette date, accueillera les compétitions d’escrime et de taekwondo).

Prouesse architecturale, la structure de 140 mètres de long supportée par 44 immenses arches en bois, s’insère harmonieusement sur le site du Champ-de-Mars dont l’histoire, à l’image de celle du Grand Palais, est scandée par les expositions universelles qui ont vu entre autres, l’érection de la Tour Eiffel.  A chaque étape de sa conception, tout a été fait pour limiter au maximum son empreinte écologique, ce qui en en fait un modèle de bâtiment éco-responsable, jusqu’au bois lui-même issu d’une forêt gérée durablement.  

Il se dit que parmi les organisateurs d’événements, on se bouscule déjà pour avoir sa place à l’intérieur du Grand Palais Éphémère. Pour l’inauguration prévue le 12 juin, c’est Tempête, le spectacle de danse du chorégraphe Boris Charmatz, qui aura le bonheur d’ouvrir le bal !  

Et aussi… l’inauguration de plusieurs sites patrimoniaux emblématiques, dont la Bourse de Commerce, abritant la collection d’art contemporain de François Pinault (22 mai), le musée Carnavalet (29 mai) et l’Hôtel de la Marine (juin)

En région : Giorgio Morandi au musée de Grenoble

Morandi musée de Grenoble

Heureux visiteurs du musée de Grenoble qui dès le 19 mai vont pouvoir y découvrir une exposition consacrée au grand peintre et graveur italien Giorgio Morandi. Réunissant 50 œuvres de l’artiste généreusement prêtées par la Fondation Magnani-Rocca que complètent celles conservées dans les musées français, l’exposition « se veut avant tout une introduction intimiste à l’univers de Morandi ».

Elle offrira une occasion unique de découvrir l’univers du maître bolonais connu avant tout pour ses natures mortes dépouillées et énigmatiques et pour sa vie monacale entièrement dédiée à l’exercice de son art. Pour mettre le visiteur en appétit, le musée a eu la bonne idée de dévoiler sur son site internet cinq anecdotes sur la vie du peintre.

Prenons la dernière : « Aujourd’hui encore, le travail de Morandi fascine les autres artistes. On peut observer ses œuvres dans des films de Michelangelo Antonioni (La notte, 1961) ou de Federico Fellini (La dolce vita, 1960)… La littérature aussi est captivée par l’œuvre de Morandi. On le retrouve cité dans les écrits de Pier Paolo Pasolini, Paul Auster, Don De Lillo (L’homme qui tombe) et Siri Hustvedt (Vivre, penser, regarder, 2012) ».

Et aussi… En région, l’offre est toujours aussi riche, comme en témoigne la réouverture du Centre Pompidou Metz avec les vitraux de Marc Chagall, du Louvre Lens avec « Les tables du pouvoir » ou du musée de la préhistoire des Eyzies-de-Tayac avec « Lascaux hors les murs ».

Une autre lecture des collections : le Chat revisite le musée Soulages, à Rodez

Musée Soulages

Une curiosité enfin. Le face-à-face entre l’œuvre de Pierre Soulages et le chat de Philippe Geluk que propose le musée Soulages, à Rodez, à travers l’exposition « Le parcours du chat de Geluck dans l’univers de Soulages » en est une assurément.  Dessins, inédits, et quelques peintures sur toile dispersées dans le musée et le hall sont exposés en contrepoint des œuvres du Maître.

Curiosité certes, mais en même temps juste retour des choses pour un chat qui « squatte depuis bien longtemps le monde de l’art » souligne Benoît Decron, directeur du musée. Et bien sûr, c’est un chat noir qui commente « lestement, doctement » l’œuvre du maître de « l’outrenoir »… Un chat qui pérore et a un avis sur l’art, une rencontre improbable dont on attend beaucoup !

Et aussi… la rencontre entre Jeff Koons et les collections d’arts et traditions populaires du MUCEM, à Marseille