Le 14 mars, la Bibliothèque nationale de France a ouvert sa salle de la presse à cent élèves venus apprendre à décrypter l'information avec des journalistes et des experts de l'éducation aux médias. Cette rencontre a donné le clap de départ de la 27e Semaine de la presse et des médias dans l'école (21 au 26 mars), placée sous le thème « La liberté d'expression, ça s'apprend ! ». Une opération organisée par le Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information (CLÉMI).
« La liberté d'expression et la liberté de création sont indissociables. Sans Liberté, pas de République. Sans libertés, pas de démocratie » (Audrey Azoulay à l'Assemblée nationale le 8 mars 2016, défendant la proposition de loi Liberté, indépendance et pluralisme des médias).
S'informer, vérifier, publier. Comment, lorsqu'on est très jeune et en permanence bombardé d'informations, s'informer avec pertinence, vérifier les sources, publier des contenus ? Ces questions étaient au coeur du travail des dix ateliers de lancement de la Semaine de la presse et des médias dans l'école, le 14 mars à la BnF. Cent élèves de la région Ile-de-France, accueillis par Jérôme Fronty, chef du service de l’action pédagogique et Catherine Aurerin, directeur du département droit, économie, politique de la BnF, ont ainsi appris à décrypter l'information et à développer leur esprit critique.
« Les élèves sont arrivés très excités. Beaucoup découvraient pour la première fois ce lieu prestigieux. Notre salle de la presse vibrait de tous leurs murmures », raconte Sophie Pascal, du service de l'action pédagogique de la BnF. Le matin, un groupe de Terminale a pu participer à l'atelier « Liberté de la presse et liberté d'expression » de la BnF - un atelier lancé en janvier 2016. « Cet atelier raconte la longue marche vers la liberté de la presse et étudie des cas passés et présents au regard de la loi de 1881 ».
Après la visite de la BnF le matin, puis le travail en ateliers l'après-midi, les élèves avaient trois minutes par groupe pour restituer leur travail. Ils ont pu ensuite dialoguer avec les professionnels présents et poser leurs questions: « Peut-on dire du mal ? » ou encore « Un journaliste étranger qui écrit en France sur son pays peut-il être ennuyé ? »... Les enfants ont reçu des réponses très concrètes, proposées par des journalistes (papier et radio), une juriste, un dessinateur de presse, des enseignants-formateurs du CLEMI et les équipes de l’action pédagogique et de la salle de la Presse qui leur a raconté la visite d'un inspecteur de la PJ venu ici même consulter des journaux à la suite d'un procès... Les enfants en ressortent avec un sens critique notablement plus aiguisé. « Avant, je ne savais jamais ce qui était une information vraie ou une rumeur. Aujourd'hui, je sais qu'il faut chercher sur le net de vrais sites spécialisés, ou bien comparer avec d'autres médias », explique Maltoufa, 6e. Quant à Louis, CM1, il se fixe des limites : « Je pense que si on écoutait trop les informations en continu, on finirait par voir un monde un peu diabolique ».
La BnF, bastion de la liberté de la presse. L'engagement de la Bnf en faveur de l'éducation à la presse ne date pas d'hier. On se souvient de l'exposition de 2012, « La presse à la Une. De la gazette à l'internet », à la suite de laquelle la BnF a mis en place des ateliers « Unes de presse » pour les scolaires : « Un match de boxe en 1921 », « Libération de Paris » et « Liberté de la presse et liberté d'expression » - titre qui fait écho au thème de cette 27e Semaine de la presse et des médias : « La liberté d'expression, ça s'apprend ! ».
C'est à la BnF qu'a lieu régulièrement la restitution des concours de « Unes » des journaux (papier et radio) du CLEMI Créteil. C'est elle aussi qui organise la biennale du dessin de presse (24 et 26 mars 2016). Depuis les drames de Charlie hebdo et du Bataclan, la Bnf a imaginé des ateliers pour les élèves et des formations pour enseignants qui mettent l'accent sur les valeurs de la République et l'éducation à la citoyenneté : « Les élèves comme les professeurs ont besoin de ça. La BnF joue ce rôle. Elle met à leur disposition des ressources et des connaissances ».
L'éducation à l'image et aux médias, au même titre que l'éducation civique, doit être généralisée et dispensée à tous les enfants, à l'école comme dans les institutions culturelles. Bientôt, peut-être, chaque établissement scolaire produira ses propres médias : journal scolaire, blog ou webradio. C'est l'un des enjeux majeurs de cette Semaine de la presse et des médias dans l'école, fruit de la collaboration entre l'Education nationale, le ministère de la Culture et le CLÉMI.