Jusqu’au 7 juin, la Martinique et Cuba se rencontrent à Paris, au Centre national de la danse, pour une résidence de création au titre prometteur : "Love me tender". Première présentation publique le 31 mai.
Dynamique. Il existe actuellement une forte dynamique de coopération dans le domaine de la danse contemporaine entre Cuba et la Martinique. Pour preuve le projet Love me tender qui se déploie sur toute l’année 2016 à La Havane, Fort-de-France et Paris - dans le cadre de l’opération « L’Eté de Cuba en France ». Il est porté par deux jeunes structures basées à Fort-de-France : la compagnie Art&Fact - directeur Jean-Hugues Miredin - et Tropiques Atrium, Scène nationale de Martinique - directeur Hassane Kouyaté. Le nom de cette Scène - la structure culturelle la plus importante de Martinique - fait ouvertement référence à Aimé Césaire et à sa revue Tropiques, qui fut un grand outil de résistance entre 1941 et 1945. Tropiques Atrium lui aussi, se bat pour les artistes de ce continent éclaté, fait d’îles séparées les unes des autres. C’est un outil très précieux pour les artistes d’Outre-mer.
Selon Julie Abalain, administratrice de production /diffusion, partenariats institutionnels de Tropiques Atrium, le désir de connexions a toujours été grand, chez les artistes de cette région. Les danseurs circulaient d’une île à l’autre. C’est un milieu qui se côtoie et s’invite, mais qui souffre d’un manque d’équipements culturels qui assurent sa diffusion. Voilà pourquoi Love me tender marque une grande étape dans l’histoire de la dynamique de coopération caribéenne. C’est d’ailleurs à la suite de la visite du président de la République française à Cuba, en mai 2015, qu’un dispositif de coopération renforcé avec le milieu artistique et culturel cubain a été mis en place. Ainsi, « L’Eté de Cuba en France » et son pendant « Le Mois de la France à Cuba » en mai. Comme il est naturel, la visite du Président de la République a relancé la dynamique de coopération, précise Julie Abalain. La Scène se lance dans des actions de coopération avec Cuba, et va tisser des liens avec nos voisins de la Caraïbe. Il s’agit de nous ouvrir au maximum, et de montrer ce qu’est la création Outre-mer, en particulier la jeune création martiniquaise. Nous avons une grande diversité de créateurs, nourris par de multiples influences, mais qui ont chacun leur originalité.
La Martinique et Cuba sont des îles qui ont une grande diversité de créateurs, mais qui ont chacune leur originalité
Love me tender.Cette pièce chorégraphique de Jean-Hugues Miredin est la double illustration de cette dynamique de coopération, ainsi que de l’originalité de la création caribéenne. Voilà un spectacle qui pose la question de l’identité du couple - en particulier du couple caribéen - et qui fait évoluer la réponse au fil de ses trois résidences cubaine, parisienne et martiniquaise. Une création évolutive, en somme, sur un sujet de recherche délicat. Ne peut-on parler du couple comme d’une société miniature, lieu de toutes les utopies, mais aussi bien des naufrages ? Résurgence d’élans archaïques, fusionnels ? Valeur contemporaine ?, s’interroge le chorégraphe.Entre opposition/confrontation et équilibre/partage, cette pièce porte un regard sur les lieux d’expression du couple et les forces qui s’y exercent.
Voilà, par ailleurs, une création « made in Martinique » - production Art&Fact / coproduction Tropiques Atrium - qui intègre deux danseurs cubains : Gabriela Burdsall et Luvyen Mederos Gutierrez. C’est en effet à Cuba que la compagnie a cherché - et trouvé – ses deux protagonistes. Elle est ensuite restée sur place trois semaines : c’est le début de l’aventure, le premier temps de la résidence. Entre Cuba et la Martinique, les liens sont forts. Pour l’anecdote,raconte Julie Abalain, Gabriela Bursall est la petite-fille d’une pionnière de la danse contemporaine à Cuba, Lorna Burdsall, venue d’Amérique. Elle aussi, trente ans plus tôt, avait fait le voyage en Martinique !A Paris – deuxième temps de la résidence - le Centre national de danse de Pantin met un studio à disposition des danseurs du 17 mai au 7 juin. La première présentation publique du spectacle aura lieu le 31 mai. Mais la création trouvera son aboutissement ultime en janvier 2017, lorsqu’elle sera présentée à Fort de France. Peut-être même inclura-t-elle une version avec des danseurs amateurs, spécialement pour Tropiques Atrium. Ensuite, gageons que Love me tender entamera une grande tournée internationale. Rien que son titre est déjà une promesse.
L’Été de Cuba en France
> L’été cubain en France sera long, cette année (jusqu'au 14 novembre !). Quelques dates : le 31 mai à Paris, la Filmothèque du Quartier latin diffuse un film d’Enrique Pineda Barnet, Verde, Verde. Du 9 au 13 juin, Cuba est l’invité d’honneur de la Foire de Bourges. Du 13 au 19 juin à Paris, auront lieu des présentations d’art 9, place Saint-Michel. Le 17 juin à la même adresse, danse et théâtre par le KA Théâtre et Ad Livintum. Enfin, Cuba sera l’invité d’honneur de la Foire de Clermont-Ferrand (10 au 17 septembre), de la Foire de Montpellier (7 au 17 octobre), et de la Foire du Havre (5 au 14 novembre).
> La résidence de création Love me Tender est soutenue par le ministère de la Culture et de la Communication, la DRAC Martinique, le Centre national de la danse de Pantin, la Cité internationale des arts de paris, l’Ambassade de Cuba en France et l’Ambassade de France à Cuba, l’Alliance française de Cuba, le Conseil des arts scéniques cubain, la Collectivité territoriale de Martinique.