Sur prescription de la Drac Languedoc-Roussillon, une équipe d’archéologues de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) fouille plus de deux hectares d’un important village de l’âge du Fer : le village de la Cougourlude à Lattes.
L’étude des vestiges fournit des informations nouvelles sur l’organisation et l’évolution de ce village, le mode de vie de ses occupants et leurs échanges avec leurs célèbres voisins du comptoir portuaire de Lattara.

Un village gaulois sans équivalent dans la région. Le site de la Cougourlude, découvert dans les années 1960, était occupé aux VIe-Ve siècles avant notre ère. Le village de la Cougourlude se développe sur les deux rives d’un ancien cours de la Lironde, au carrefour avec une voie. La surface du village protohistorique est estimée à environ 17 hectares, étendue extrêmement importante par rapport aux habitats lagunaires voisins.
Les vestiges, très denses, décrivent un habitat rural où les constructions sur poteaux côtoient des bâtiments semi-enterrés. Près de deux mille structures, foyers, silo et fosses diverses ont été identifiées. À l’intérieur et autour des maisons s’organisent les fours et foyers, les silos destinés à la conservation des céréales, des caves et d’innombrables fosses, dont la fonction n’est pas toujours définie. Un four de potier et des indices de forge pour la production du fer et le traitement du plomb ont été retrouvés.

Un mobilier étrusque et massaliote. Le mobilier récolté, abondant et varié, permet la datation de l’occupation. Celle-ci démarre vers 550 avant notre ère et ne se poursuit pas au-delà de 475 avant notre ère. La découverte d’un grand nombre d’amphores étrusques et massaliotes et la forte proportion de vaisselle de table importée de Grèce et d’Italie témoignent de liens commerciaux étroits avec ces régions.

Un voisinage prestigieux : le comptoir commercial de Lattara. La chronologie de la Cougourlude (entre -550 et -475) embrasse la période immédiatement antérieure à la fondation de Lattara (vers 525 avant notre ère) et la première phase d’occupation de l’agglomération. La présence d’un habitat aussi étendu, à quelques centaines de mètres à peine, soulève de nombreuses interrogations quant aux relations entre les deux sites en termes de complémentarité ou de dépendance.
Si Lattara est un comptoir fondé par des négociants étrusques, des contacts répétés avec les populations indigènes ont pu favoriser l’implantation des nouveaux venus.
Ces échanges sont attestés sur le site par le nombre d’amphores étrusques et grecques. Elles traduisent une forte consommation de vin par les habitants de la Cougourlude ainsi que leur participation active aux échanges commerciaux. Par sa forme, le village de la Cougourlude diffère totalement de l’agglomération voisine de Lattara, une ville portuaire dotée d’une enceinte, d’un plan organisé et de maisons à soubassement en pierre.

L’évolution du site. Durant la période gallo-romaine, un mausolée doit être mis en relation avec la villa romaine fouillée à quelques dizaines de mètres. Une haute tour, richement décorée, élevée à l’intérieur d’un enclos de 18,50 m de côté, abritait la chambre funéraire. Le monument a été démantelé dès la période romaine, et ses pierres utilisées dans d’autres constructions. Le lieu conserve néanmoins sa vocation funéraire, puisqu’au IVe siècle de notre ère un petit cimetière y est installé.

L’Inrap. Avec près de 2 000 collaborateurs et chercheurs, l’Inrap est la plus importante structure de recherche archéologique française et l’une des toutes premières en Europe. Institut national de recherche, il réalise l’essentiel des diagnostics archéologiques et des fouilles en partenariat avec les aménageurs privés et publics : soit près de 2 500 chantiers par an, en France métropolitaine et dans les Dom. Ses missions s’étendent à l’exploitation scientifique des résultats et à la diffusion de la connaissance archéologique auprès du public.