A quelques jours de l'ouverture du Salon du Livre de Paris, qui se tient du 20 au 23 mars, le Centre national du livre et le Syndicat national de l'édition publient deux études, l’une sur la lecture, l'autre sur la santé économique de l'édition. "Amener les Français à la lecture, et en particulier la jeunesse, est un des grands défis pour les politiques publiques et pour les secteurs de l'édition et les auteurs", a souligné Fleur Pellerin le 19 mars, lors de l'inauguration du Salon du livre.
Une nation de lecteurs. Le président du Centre national du livre (CNL), Vincent Monadé, a commandé à l’institut Ipsos une étude sur « les Français et la lecture ». Il en ressort plusieurs éléments :
- 85% des Français se considèrent lecteurs de livres et 21% déclarent lire beaucoup. Un taux qui augmente significativement avec l’âge et qui est plus élevé chez les femmes que chez les hommes ;
- le contexte familial pendant l’enfance a de fortes répercussions sur les pratiques de lecture ;
- les Français lisent moins qu’avant par manque de temps, notamment parce qu'ils pratiquent de nombreuses autres activités de loisirs ;
- ils souhaiteraient lire davantage et plébiscitent la lecture en lui reconnaissant de nombreux bénéfices : se faire plaisir, s’évader, se détendre et approfondir leurs connaissances sont leurs principales motivations lorsqu’ils décident d’ouvrir un livre.
Les jeunes lisent de moins en moins. Pour que la France demeure une grande nation de lecteurs, il est urgent, souligne Vincent Monadé, de « promouvoir particulièrement la lecture auprès des jeunes ». A la demande de Fleur Pellerin, le CNL organisera donc une Fête du livre pour la jeunesse , qui concernera toute la France, du 17 au 31 juillet 2015. A la fin de l’année, le CNL lancera aussi une campagne de communication pour vanter le plaisir de lire.
L’économie du livre. Si les jeunes français lisent de moins en moins, une tout récente étude du Syndicat national de l'édition (SNE) montre que le livre n’en reste pas moins le premier producteur de contenus culturels en France. Cela parce que la valeur créée par le secteur irrigue tout un écosystème, de l’auteur au lecteur : imprimeurs, diffuseurs et distributeurs, libraires, bibliothécaires, etc.
Un euro dans l’édition produit 2,67 euros dans le reste de la filière livre, un emploi s’accompagne de 4 autres emplois. La valeur ajoutée de la filière du livre s’élève à 5,5 milliards d’euros. Bien plus que dans des secteurs comparables des industries culturelles. Près de 80 000 emplois qui sont aujourd’hui directement liés au livre en France.
L’éditeur doit également savoir prendre des risques et innover en permanence : seulement 20 à 40% des parutions, en littérature et bande dessinée s’avèrent rentables.
Livre numérique : Paris, Berlin, Varsovie et Rome appellent l'Union européenne à appliquer une TVA réduite
Fleur Pellerin, Monika Grütters, Dario Franceschini et Małgorzata Omilanowska ont signé le 19 mars une déclaration par laquelle ils dénoncent l’inégalité de traitement fiscal établie par le droit européen entre livres imprimés et livres numériques, confirmée par la publication de l’arrêt de la Cour de Justice de l’Union européenne le 5 mars 2015 contre la France et le Luxembourg. Les signataires rappellent que la nature du livre est liée à l’œuvre dont il est le support et non à la manière d’accéder à celle-ci. La fiscalité applicable doit par conséquent respecter un principe de neutralité technologique. De plus, pénaliser les livres numériques par rapport aux livres imprimés contredit selon eux l’objectif de développement du numérique au sein de l’Union européenne que s’est fixé la Commission européenne. « Nous demandons à la Commission européenne de proposer sans délai une évolution de la législation européenne afin de permettre l’application de taux de TVA réduits pour tous les livres qu’ils soient matériels ou dématérialisés. »
