Le 3 décembre, pour la journée du handicap, la Bibliothèque nationale de France (BnF) lance ACCEO, un service qui va lui permettre de communiquer en temps réel avec les publics sourds et malentendants.

Visite guidée de l'exposition "Le roi Arthur" avec une traductrice en langue des signes.


Engagement. Favoriser l'accessibilité de ses services est une priorité de la BnF depuis 2003, date de la création de sa mission Handicap. Cet engagement concernait à l'origine le handicap moteur, d'où les travaux d'aménagement sur le cadre bâti. Il s'est ensuite élargi, avec la loi du 11 février 2005, à tous les types de handicap : moteur, mais aussi sensoriel, mental et psychique, invisible ou temporaire. L'accessibilité fait partie de l'ADN de la Bibliothèque François-Mitterrand. Si beaucoup a été fait pour le handicap visuel, qu'en est-il du handicap auditif ? Que fait la BnF pour cette frange particulière - souvent trop discrète – de son public ? Carole Roux-Derozier, chargée de mission pour l'accueil des personnes handicapées, non-voyante elle-même, raconte pourquoi la BnF a décidé de s'engager fortement pour ses usagers sourds. « Un beau jour, nous nous sommes rendu compte qu'un de nos lecteurs en soutenance de thèse – un chercheur sourd – avait fait toutes ses recherches dans nos salles de lecture entièrement seul. Il n'avait pu faire appel à nous, puisque nous n'avions pas, alors, de personnel formé en langue des signes à nos différents points d’accueil. Nous avons décidé que cette situation ne se reproduirait plus ». D'où notre abonnement à ACCEO, la plateforme qui permettra à ces personnes de communiquer – en temps réel, gratuitement et de manière autonome – avec le personnel d'accueil ou les bibliothécaires de la BnF. C'est en quelque sorte le pendant de PLATON, la plateforme de transfert des fichiers numériques versés par les éditeurs, qui facilite l’édition d’ouvrages adaptés à destination des personnes déficientes visuelles.

Salle de lecture chercheurs, rez-de-jardin, site François-Mitterrand.


Technologie. Ce service rendu à un public déficient auditif n'existe dans aucun autre établissement culturel. C'est un « plus » de la BnF à ces usagers qui, certes, sont en capacité de lire, mais ne peuvent néanmoins entrer librement en communication avec elle. À distance depuis leur ordinateur personnel via bnf.fr ou sur le site François-Mitterrand depuis les ordinateurs de la BnF situés à tous les points d’information, les lecteurs ou visiteurs en situation de handicap auditif se connectent à la plateforme ACCEO. Là, ils ont le choix entre deux modes de communication en temps réel. Le mode « TIP » (transcription instantanée de la parole en sous-titrage) pour les personnes oralisées mais qui ont besoin d'un accès à l'information via l'écrit. Le mode « LSF » (visio-interprétation en langue des signes) pour les personnes sourdes qui signent. Via une webcam, les lecteurs sont mis en relation avec des opérateurs spécialisés de la société ACCEO. Ils peuvent ainsi contacter les différents services de la BnF, (accueil/handicap, questions à un bibliothécaire à distance et informations sur les activités culturelles) dès le 3 décembre. En complément de l’Agenda d’accessibilité programmée sur six ans, ce service renforce l’accès à l’offre culturelle de la BnF. Par exemple, une grande exposition temporaire fera l'objet, chaque année, d'une mise en accessibilité. « Nos projets d’accessibilité ont commencé avec le magnifique parcours de l’exposition permanente Les globes de Louis XIV, expliqués par des dispositifs audiotactiles (maquettes et livres). À partir de mars 2016, ce sera le cas de l’exposition consacrée à « La franc-maçonnerie ».