Le 12 février, Françoise Nyssen a annoncé le déploiement d’un ambitieux projet de restauration du Grand Palais, qui s’étalera de 2020 à 2024. Le point sur ce chantier historique.

Le Grand Palais s’apprête à tourner une nouvelle page de son histoire. Construit en en trois ans pour l’Exposition Universelle de 1900, ce monument emblématique de la France se révèle aussi un centenaire fragile. Si son imposante architecture a traversé les époques, la structure générale du bâtiment est largement altérée. D’où l’engagement d’une restauration intégrale – la première depuis sa construction – qui conduira le site à fermer ses portes au public en 2020, pour une réouverture progressive à partir de 2023 (un an plus tard s’agissant du Palais de la Découverte). « Si nous n’agissons pas, le Grand Palais est en péril », prévient Françoise Nyssen.

Cette rénovation d’ensemble constitue, selon Françoise Nyssen, « un projet d’exception », donnant au Grand Palais l’opportunité s’inscrire de plain-pied dans le 21ème siècle. Car au-delà de la sécurisation et de la mise aux normes du lieu, c’est une véritable métamorphose architecturale qui se prépare : réhabilitation des volumes et de la lumière, augmentation de la capacité d’accueil, création de deux nouveaux auditoriums, aménagement d’un toit en terrasse… Le tout dans le respect de la conception originelle du Grand Palais.

Une rénovation d’ensemble

Celui-ci va notamment retrouver ses circulations d’antan et redevenir accessible du nord au sud, depuis les Champs-Elysées jusqu’à la Seine, via une Rue des Palais, qui le traversera de part en part dans ses soubassements. Cette artère ouvrira sur des espaces en accès libre tels qu’une salle sur l’histoire du Grand Palais, une librairie-boutique ou encore une salle d’immersion dans les collections. « Nous voulons en faire un lieu où il sera possible de venir gratuitement passer un moment et de profiter de ces ressources », précise dans Le Monde la présidente de la RMNGP, Sylvie Hubac, en ajoutant que son ambition est de « l’ouvrir, y faire entrer des publics qui n’y viennent pas ».

Le site pourra également être traversé d’ouest en est, du Palais d’Antin – qui accueille le Palais de la découverte - à la verrière de la Nef, espace central du Grand Palais. Cette continuité spatiale s’inscrit elle aussi dans une ambition plus large : faire du monument le fer de lance du dialogue entre les arts, les sciences et la culture. Une alliance qui se concrétisera notamment par l’aménagement, au cœur même du bâtiment, de la première galerie d’exposition pour enfants dédiés aux arts et aux sciences, qui sera animée conjointement par le Grand Palais et le Palais de la découverte.

Une nouvelle politique en faveur des publics

Au-delà du Grand Palais lui-même cette vaste entreprise de rénovation annonce un renforcement de la coopération entre les grands musées français, avec la mise en place de programmations partagées et coordonnées entre les institutions. Elle constitue, en outre, une occasion d’entrer dans un nouvel âge de la politique de grands projets du ministère de la Culture. Ce chantier, historique par l’ampleur des travaux engagés, l’est aussi par l’importance des financements mobilisés. 466 millions d’euros au total, dont 288 millions financés par l’Etat. En retour de cet investissement, une action culturelle très volontariste est attendue du futur Grand Palais, incité à se tourner vers tous les publics, dans l’ensemble de la France. Celui-ci devra, entre autres, amplifier ses actions en région, ses initiatives « hors les murs » et ses projets de circulation d’œuvre.

« Il y a beaucoup de notre pays dans ce bâtiment », conclut Françoise Nyssen. « La rénovation architecturale et muséographique majeure qui s’engage, nous l’avons choisie. Et ce choix dit quelque-chose de notre rapport à l’histoire, de notre attention au patrimoine, à l’héritage qui nous est laissé. Il dit quelque-chose de notre rapport au monde et notre rapport à l’art, auquel nous réservons un espace d’exception au cœur de la capitale ».

 

Grand Palais : les principaux chiffres des travaux

> Augmentation de 30 % de la surface de la galerie d’exposition du Grand Palais, qui passe de 3000 à 3900 m²

> 466 millions d’euros, financés par :  

  • Des subventions du ministère de la Culture (128 millions)
  • Une subvention du Grand Plan d’investissement (160 millions)
  • Un emprunt (150 millions)
  • Du mécénat (25 millions)
  • Des partenariats muséographie Universcience (3 millions)

> Et répartis entre :

  • L’aménagement du site (255 millions)
  • La mise en place de la nouvelle muséographie du Palais de la découverte (44 millions)
  • La restauration du site au titre des monuments historiques (137 millions)
  • Le coût de l’emprunt et la contribution au déficit d’exploitation lié à la fermeture du Grand Palais pendant 2 ans (30 millions)