Arles - Eglise Saint-Pierre-de-Trinquetaille
- département : Bouches-du-Rhône
- commune : Arles
- appellation : Eglise Saint-Pierre-de-Trinquetaille
- adresse : 12 place Saint-Pierre
- auteurs : Pierre VAGO (architecte en chef de la reconstruction et architecte d’opération), Jacques VAN MIGOM (architecte d’opération)
- date : 1952-1953
- protection : édifice non protégé
- label patrimoine XXe : Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) du 3 juillet 2012
L’église Saint-Pierre-de-Trinquetaille est édifiée entre 1952 et 1953, selon un projet établi par l’architecte Pierre Vago (1910-2002) à la demande de La Renaissance des clochers, coopérative qui soutient la reconstruction d’églises et d’édifices religieux au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Elle vient remplacer un édifice plus ancien, détruit par les bombardements de l’été 1944.
Cette opération s’inscrit dans le cadre de la reconstruction du quartier de Trinquetaille, qui s’effectue entre 1948 et 1955 sous la conduite du même Pierre Vago. Ce dernier, dans cette opération de recomposition urbaine de grande envergure, cumule les fonctions d’architecte en chef de la reconstruction d’Arles et d’architecte chef de groupe. Il est également architecte d’opération de la reconstruction de l’église, à laquelle il associe trois artistes : Alfred Manessier (1911-1993) réalise les deux grandes verrières (1953) et les vingt-deux petites verrières hautes (posées en 1975) de la nef ; Jean-Luc Perrot (1926-1995) réalise les vitraux du baptistère ; Albert Dubos sculpte le crucifix de l’abside.
L’église occupe une position centrale dans le plan du quartier établi par Pierre Vago. Elle est située sur la place Saint-Pierre, centre de la vie publique dont elle clôt partiellement la face nord. Sur le plan urbain, elle joue ainsi un rôle de liaison entre la place et ses immeubles reconstruits, et les quartiers anciens préservés des bombardements. Orientée au nord-est, l’église est couverte par une toiture de tuiles à deux pentes. L’ensemble s’inscrit dans un rectangle de 38 m de long sur 30,58 m de large.
L’édifice et la répartition de ses espaces expriment très clairement leur fonction. La façade principale est flanquée, au nord, par le baptistère et, au sud, par un clocher de 24 m traité en campanile (conformément à la tradition méditerranéenne). Il est relié au baptistère par un portique formant un narthex. Le baptistère est une petite pièce carrée, vitrée sur deux faces. Le mur ouest est une verrière colorée, non figurative, du peintre Jean-Luc Perrot. L’église se compose d’une nef de plan trapézoïdal prolongée par une abside demi-circulaire pleine. La nef est réservée à la messe : tout converge vers l’autel qui permet la célébration face aux fidèles. Une tribune fait face à l’autel. Elle est éclairée par deux grandes verrières d’Alfred Manessier et vingt-deux petites fenêtres hautes. Au nord, la nef est flanquée par un bas-côté qui la relie à la chapelle secondaire et au baptistère.
Sur la place un autel extérieur se détache du mur de la nef pour les grandes cérémonies en plein air. Les pièces annexes se déploient derrière l’abside (sous-sol et rez-de-chaussée). Elles sont distribuées par un déambulatoire éclairé par des coupoles en dalle de verre coloré.
Le presbytère se développe perpendiculairement à l’église, dans le prolongement des immeubles d’habitation de l’îlot 13. Il comprend quatre niveaux et assure la liaison entre ces deux entités.
L’édifice combine références méditerranéennes (clocher-campanile, claustra prenant la forme de brise-soleil verticaux en béton) et un vocabulaire architectural puriste (lignes pures, arêtes vives, absence de modénature). La façade principale devient une composition graphique. Elle adopte l’allure d’un mur pignon dont le fronton triangulaire dissimule la toiture. Les façades latérales sont conçues dans le même esprit, simplement animées par quelques percements.
Ce monument qui obéit à la fois à une nécessité sociale, mémorielle et urbaine est un manifeste du questionnement de Pierre Vago autour de l’art sacré.
- Source : Etude d’inventaire de la production architecturale et urbaine d’Arles et Tarascon (13) de 1900 à 1980, drac paca / Eléonore Marantz-Jaen, 2010
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