A jamais soudé, le groupe Tri Yann à la longévité record a fait chanter et danser les Français pendant cinq décennies, devenant une légende de la musique celtique. Perdre l’un de ses membres est un choc.
Aujourd’hui, Jean-Paul Corbineau s’est éteint, laissant le groupe en peine, comme un triskell triste et bancal, orphelin d’un de ses trois piliers.
A la fin des années 1960, Jean-Paul Corbineau fait la connaissance de Jean Chocun. Inspirés par les chanteurs américains qui déchaînent les foules en modernisant le folk sans trahir leur patrimoine musical, ils conviennent de créer « Les Classic’s » pour jouer ensemble Bob Dylan, Hugues Auffray ou encore Graeme Allwright.
Quelques années plus tard, ils rencontrent un troisième larron, Jean-Louis Jossic, et c’est le jour de la Saint-Jean d’hiver que tout commence pour les Tri Yann an Naoned (les Trois Jean de Nantes). Par amour de la scène, ils décident de quitter leurs emplois pour tenter l’aventure et font entrer des sonorités celtes dans leurs arrangements musicaux. Leur audace est couronnée de succès : un premier 33-tours fait fureur et leur ouvre les portes de l’Olympia dès 1973. En première partie d’artistes comme Juliette Greco ou Philippe Châtel, puis seuls en scène, Jean-Paul Corbineau, Jean Chocun et Jean-Louis Jossic se font une place de choix dans le cœur des Français et cinquante ans plus tard, l’engouement n’a pas décru.
Avec des tubes comme La jument de Michao, La ville que j’ai tant aimée ou Les prisons de Nantes, les Tri Yann représentent ainsi l’avènement d’un folk-rock au style unique, mâtiné d’un sacré sens du spectacle, d’une joie de vivre communicative et d’un esprit breton fier de ses traditions. Dans leur histoire, on retrouve en creux celle d’un demi-siècle d’une musique dont l’écho résonne bien au-delà des régions d’origine.
Copains pour toujours, rejoints au fil des années par d’autres musiciens, les Tri Yann ont fait leur tournée d’adieu en 2021. Elle venait clore avec émotion 51 ans d’une carrière fraternelle où ils se sont donné pour mission de partager en France et à l’étranger un peu de la magie et du panache des légendes celtes.
Parti le premier des suites d’une longue maladie, Jean-Paul Corbineau laisse derrière lui un grand vide et beaucoup de tristesse. Kenavo l’artiste !
J’adresse aux Tri Yann, à sa famille et à ses proches mes plus sincères condoléances.