Patrimoine culturel immatériel et parcs naturels régionaux
Les Parcs naturels régionaux (PNR) sont créés pour protéger et mettre en valeur de grands espaces ruraux habités. Un territoire à dominante rurale peut être classé PNR lorsque ses paysages, ses milieux naturels et son patrimoine culturel sont de grande qualité, mais leur équilibre est fragile.
Les PNR s’inscrivent dans un projet concerté de développement durable, fondé sur la protection et la valorisation de son patrimoine naturel et culturel.
Les Parcs naturels régionaux : une formule de revitalisation écologique et culturel du territoire.
Jugeant la formule des Parcs nationaux assez contraignante à mettre en place, dès 1964, le Ministre de l’Agriculture Edgar Pisani collabore à la création de Parcs naturels régionaux (PNR) dans une vision voulant mettre l’environnement et les espaces naturels au cœur de la vie des Français.
En relation avec la Délégation à l’aménagement du territoire (DATAR), un décret est signé le 1er mars 1967 par le Président de la République Charles de Gaulle. La loi n°93-24 du 8 janvier 1993 sur la protection et la mise en valeur des paysages permet ensuite de donner aux Chartes des Parcs un appui juridique.
L’article 2 fait part de leur concours à « la politique de protection de l'environnement, d'aménagement du territoire, de développement économique et social et d'éducation et de formation du public. Ils constituent un cadre privilégié des actions menées par les collectivités publiques en faveur de la préservation des paysages et du patrimoine naturel et culturel ».
Il y a aujourd’hui 58 Parcs naturels régionaux en France, qui représentent 16,5 % du territoire français, plus de 4700 communes, plus de 9 millions d’hectares et plus de 4,4 millions d’habitants.
Des territoires remarquables
C’est la préservation des richesses naturelles, culturelles et humaines (traditions populaires, savoir-faire techniques) qui est à la base du projet de développement des PNR.
Ces espaces sont créés sur des lieux qui ont besoin d’être revitalisés écologiquement et économiquement et qui pourront devenir des « poumons verts » sur le territoire national.
Les cinq critères des PNR (R 333-4 du Code de l’Environnement) entremêlent culture et nature :
- La qualité et l’identité du territoire, de son patrimoine naturel et culturel, ainsi que de ses paysages représentant pour la ou les régions concernées un ensemble remarquable mais fragile et menacé, et comportant un intérêt reconnu au niveau national ;
- La cohérence et la pertinence des limites du territoire au regard de ce patrimoine et de ces paysages en prenant compte des éléments pouvant déprécier leur qualité et leur valeur ainsi que des dispositifs de protection et de mise en valeur existants ou projetés ;
- La qualité du projet de charte, notamment de son projet de développement fondé sur la protection et la mise en valeur du patrimoine et ses paysages ;
- L’engagement essentiel des collectivités et des établissements publics ;
- La capacité de l’organisme chargé de l’aménagement et de la gestion du parc naturel régional à conduire le projet de façon cohérente.
En 2007, les PNR adoptent le cadre stratégique « Horizon 2020 ». En émane quatre objectifs principaux :
- Préserver et valoriser des patrimoines vivants ;
- Partager un projet de vie avec des hommes et des femmes ;
- Faire vivre une culture « Parc naturel régional » ;
- Faire de la charte un contrat de territoire.
Les PNR répondent donc à plusieurs objectifs : protéger le patrimoine, contribuer à la vie locale, encourager l’activité économique et innover en la matière.
La Convention cadre 2018-2021 prévoit que les entreprises et les industries présentes sur ces territoires doivent répondre à un engagement économique de développement durable et d’économie verte dans le « cadre de contractualisations régionales et infrarégionales ».
Télécharger la Convention (PDF)
Les Parcs naturels régionaux impliqués dans la sauvegarde du Patrimoine culturel immatériel
Les PNR doivent répondre à une volonté de conservation de la culture matérielle et immatérielle à travers des actions portées sur l’accès à celle-ci pour les populations locales. Ainsi, cette politique favorise la question du public et du territoire.
Le premier protocole de 1984, renouvelé en 1990, promeut la création, la diffusion, ainsi que la pratique culturelle et artistique selon les modalités concernant le monde rural.
Pour mettre à bien les actions, les parcs réalisent des partenariats avec les principaux acteurs, tels que les des associations (comme Familles Rurales, l’Association Nationale des Cinémas Itinérants), le Service de la coordination des politiques culturelles et de l’innovation, la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) et enfin le ministère de la Culture.
Ces partenariats ont conduit à la réalisation d’un inventaire du PCI par le ministère de la Culture avec trois PNR : le Gâtinais français, l’Oise Pays de France et enfin le Vexin français.
L’IREST (l’Institut de Recherche et d’Etudes Supérieures du Tourisme) et la FPNR (la Fédération des Parcs naturels régionaux de France) collaborent également sur le sujet.
Le parc régional naturel Gâtinais Français
Le premier territoire concerné est le parc régional naturel Gâtinais Français où existe une densité de savoir-faire, tel que l’utilisation de plantes aromatiques et médicinales. Cette tradition est renforcée par une théorisation, via par exemple, un Conservatoire des Plantes à parfums aromatiques et médicinales et un marché d’herboriste à Milly la Forêt. Un projet d’école d’herboriste est également en cours. D’autres communautés artisanales sont présentes comme par exemple la zone de production de Cresson ou encore des mielleries.
L’Oise Pays de France
Le second parc régional inventorié est l’Oise Pays de France où est présent un petit réseau de production de la dentelle noire, grâce à un musée de la dentelle et l’une des dernières dentelières de la région. En plus de cette production locale, le parc possède des champignonnières en activité.
Le Vexin français
Enfin, le Vexin français possédait une fête locale, le Pétillon, au cours de laquelle des résineux étaient accrochés et brûlés devant les entrées des cafés le premier samedi de septembre. Désormais, quelques évènements locaux subsistent : il faut souligner le pèlerinage de Saint-Clair-Sur-Epte, la fête du pain de l’andouille à Evecquemont, existant depuis l’époque révolutionnaire, ou encore la fête de l’épouvantail au musée de la Moisson à Sagy.
Pour réaffirmer la place des communes rurales dans leur environnement, le gouvernement met en place une politique de revitalisation des centres-bourgs, en partenariat avec les Parcs naturels régionaux. Ces actions procurent un phénomène de dynamisation et de collectivité au sein des agglomérations rurales.
Témoignages d’une renaissance culturelle.
Le fait qu'un territoire soit classé parmi les Parcs Naturels Régionaux permet à celui-ci de valoriser son patrimoine immatériel.
Dans le Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale, des personnalités fortes ont su sauvegarder leur patrimoine culturel immatériel. A l'exemple de Patrick Bedague, agriculteur, maire de la commune de Tilques, président de la communauté d’agglomération et vice-président du Parc naturel régional qui prône la volonté de « préserver le savoir-faire agricole local dans un des derniers marais maraîchers de France. » via la culture de Tilques.
La culture de Tilques ayant failli disparaître dans les années 1990, Patrick Bedague a décidé de redynamiser la production en 2003. Il préside désormais l’association des producteurs de carotte de Tilques nommée Valeurs du Parc depuis 1996. De plus, il a finalisé avec grand succès un projet de réhabilitation du torchis dans le domaine de construction traditionnelle de l’habitat.
Depuis 2010, le Parc naturel régional des Pyrénées catalanes a mis en place des actions de formation à destination des employés communaux et des habitants du territoire afin de transmettre le savoir-faire lié à la construction en pierre sèche. Il participe ainsi à la transmission d’un savoir-faire et des chantiers participatifs ont déjà contribué à la restauration d’une quinzaine de murets.
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