Après une formation musicale aux États-Unis, Uèle Lamore est aujourd'hui compositrice, musicienne et cheffe d'orchestre.
Votre talent et votre engagement font de vous une personnalité emblématique du monde de la culture. Quelles sont les principales étapes de votre parcours ?
Le fait de partir vivre et étudier aux États-Unis a constitué pour moi une expérience véritablement fondatrice. J’ai pu y découvrir une autre méthode d'apprentissage de la musique, ouverte et positive. Ensuite, j’ai eu la chance de faire mes premières armes aux côtés de Jules Buckley (Metropole Orkest, Heritage Orchestra). Cette expérience a été un vrai déclic pour moi, au sens où elle m’a conforté dans ma voie (la direction d’orchestre) et m’a permis de fonder ma propre formation (Orchestre Orage).
L’autre moment essentiel de mon parcours a été de rejoindre le London Contemporary Orchestra. Jamais, je n'aurai jamais imaginé travailler avec un tel ensemble aussi tôt dans ma carrière. Plus récemment, j'ai pu vraiment m'affirmer en tant que compositrice et productrice, avec comme moments forts ma signature avec Sony Masterworks ainsi que le label K7, et mon travail sur la bande originale du prochain film d'Aïssa Maïga : Marcher sur l'eau, qui sortira fin 2021.
Dans le domaine culturel, l'égalité entre les femmes et les hommes connaît aujourd'hui encore une situation contrastée. Quelle place les femmes occupent-elles dans votre secteur ?
Travaillant fréquemment à l’international (en Angleterre et en Allemagne, notamment) avec des gens des jeunes générations [Uèle Lamore a 27 ans] , je dois dire que la question de l’égalité est totalement intégrée dans les mentalités. En revanche, je suis tout à fait consciente que ce n’est pas le cas partout, notamment en France.
Dans notre pays, on a encore beaucoup de travail avant d’arriver à des résultats satisfaisants. Prenons l’exemple des musiques de films : la proportion de femmes composant des musiques de films par rapport à leurs homologues masculins est très basse. Même chose pour les productrices et pour la direction d’orchestre. Je précise que dans ce domaine il y a plusieurs autres problèmes qui sont – selon moi – liés à l'archaïsme parfois entretenu au sein de certains ensembles et institutions. Mais ce n'est que mon avis subjectif.
Votre personnalité est reconnue dans la lutte pour l’égalité femmes-hommes. À quoi attribuez-vous cette visibilité ?
N’étant ni militante ni engagée au sens fort de ces mots, je n’aurai pas la prétention de m’octroyer un vocabulaire qui a ses lettres de noblesse. Alors qu’à l’heure même où je vous parle, il y a des femmes qui montent au front pour rendre meilleur l’avenir des autres femmes.
Sur la question de l’égalité, je reste simplement fidèle à mes idéaux. Le sexisme, la misogynie, l'homophobie, la transphobie et le racisme n'ont aucune place dans mon travail. Je n’ai absolument aucune tolérance pour ce genre de comportements qui, selon moi, appartiennent au passé – comme tels, ils ne devraient plus avoir droit de cité dans le monde culturel.
Quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes qui voudraient entreprendre une carrière dans le domaine culturel ?
Je leur dirais simplement de foncer. Et de poursuivre leur ambition avec le plus de passion possible, tout en travaillant d'arrache-pied. De ne jamais laisser tomber, car on apprend justement le plus de ses échecs. Il ne faut pas avoir peur de faire quelque chose qui "n'existe pas" ou "n'a jamais été fait" ou de se lancer dans un milieu où il n'y personne qui est à son image. Au contraire : on vit une époque formidable, où tout est enfin possible pour les femmes. Aujourd’hui, l'ouverture sur le monde offre des possibilités de carrière quasi infinies dans la culture et plus précisément la musique. Il faut foncer sans se poser trop de questions et les résultats arriveront tôt ou tard !
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