Aux portes de Narbonne
Une nécropole antique est actuellement fouillée par une équipe de l’Inrap, sur prescription de l’État (Drac Occitanie), en préalable à l’aménagement d’un nouveau quartier. Par son importance et son exceptionnel état de conservation, ce site est une découverte majeure pour l’archéologie française et bénéficie d’un important financement public et de la mobilisation des collectivités sans laquelle ce chantier ne serait possible (État 2,8 millions d’euros, Région Occitanie Occitanie / Pyrénées-Méditerranée 800 000 euros, département de l’Aude 300 000 euros, agglomération du Grand Narbonne 800 000 euros, ville de Narbonne 800 000 euros) et du maître d’ouvrage du projet (Alenis, société d’aménagement du Grand Narbonne 750 000 euros).
Plan de la fouille @Véronique Cottenceau DRAC
A proximité immédiate de Narbo Via
Le chantier est à côté du musée conçu par l’agence internationale d’architecture « Foster+Partners » et dont la maîtrise d’ouvrage est assurée par la Région Occitanie. Dès 2020, il présentera sur 8 000 m² le patrimoine et le récit exceptionnel de la Narbonne antique
Chantier du musée Narbo Via @Véronique Cottenceau DRAC
Narbonne, terre romaine
À l’issue de la conquête romaine de 125 avant notre ère, la ville est la première colonie de Rome implantée en Gaule. Un siècle plus tard, Auguste fait de Narbo Martius la capitale de la province de Narbonnaise qui s’étend de Fréjus à Toulouse et aux Pyrénées et de la Méditerranée à Vienne et à Genève. Narbonne est aussi dans l’Antiquité un centre économique florissant, l’un des plus grands ports de Méditerranée occidentale, situé à un carrefour de voies terrestres, fluviales et maritimes. À 600 m à l’est de la ville antique, au croisement de deux voies, l’espace funéraire, occupait 2000 m2 aux cours des Ier et IIe siècles de notre ère. Près de 300 tombes y ont été repérées sur le millier estimé.
La nécropole
La nécropole est structurée par des enclos maçonnés, implantés selon un parcellaire régulier. Ceux-ci permettent de discerner des groupes distincts dont il va être possible de comparer les pratiques respectives. Ces concessions, accolées, parfois séparées par des chemins de desserte, présentent des petits monuments ornés d’enduits peints. Des plaques peuvent être apposées sur les monuments. Leurs épitaphes documentent les couches les plus modestes de la plèbe urbaine (esclaves ou affranchis), d’origine essentiellement italienne ; elles témoignent également de la prospérité économique de ces milieux plébéiens. Les sépultures sont majoritairement des crémations : sont présents de nombreux bûchers et des tombes simples – souvent protégées par une couverture ou un coffrage de tuiles. La sépulture comporte les ossements brûlés placés dans un contenant accompagné d’un dépôt de cruches en verre ou en céramique, parfois associées à des vases à parfum et des lampes. Ces récipients témoignent de l’importance des offrandes de liquides (de vin ?) et de parfum en l’honneur du défunt. Des fruits carbonisés (notamment des dattes et des figues), des objets personnels (objets de parure, de toilette…) sont quant à eux présents dans les cendres des bûchers.
Sépulture (vases de verre et de terre cuite et lampe à huile) @Véronique Cottenceau DRAC
Bûcher avec dépôt de coquillages @Véronique Cottenceau DRAC
Un site à la conservation exceptionnelle
La proximité d’un bras de l’Aude (aujourd’hui canal de la Robine) a été déterminante pour l’exceptionnelle préservation des vestiges archéologiques. Le site était protégé par 3 m de limons issus de ses crues. De plus, des inondations récurrentes durant l’Antiquité ont scellé, les états successifs de la nécropole et permettent aujourd’hui de percevoir l’évolution des pratiques funéraires et des cultes commémoratifs
Au cœur des rituels funéraires
L’état de conservation permet pour une fois d’appréhender certains gestes rituels ; au moment des funérailles, sur le bûcher ou dans la tombe ; mais aussi dans le cadre du culte mémoriel, au travers d’offrandes en l’honneur des défunts ou de repas consommés dans les enclos. Rarement attesté en Gaule, l’usage de conduits à libation concerne une tombe sur trois à Narbonne. Dépassant du sol, ces conduits sont des céramiques, parfois des amphores, enfoncées dans la tombe pour arriver au plus près du défunt. Ils permettaient d’y introduire des offrandes. Certains renferment encore des coupelles ayant servi aux libations et des coquillages. Les études mises en œuvre s’attachent à identifier et caractériser les pratiques libatoires grâce à des analyses de chimie organique. La diversité des structures funéraires, leur état de conservation, la superposition des sols et des tombes font de ce site un site unique en Gaule, dont les éléments de comparaison se trouvent en Italie, notamment à Pompéi ou à Rome. Il offre la très rare possibilité d’appréhender les pratiques funéraires dans le temps et dans l’espace. La nécropole de Narbonne apparaît d’ores et déjà comme la référence pour l’étude des pratiques funéraires en Gaule romaine, mais aussi pour la connaissance de la plèbe durant l’Antiquité.
Amphore servant de conduit à libation @Véronique Cottenceau DRAC
Étienne Guyot, préfet de la région Occitanie, Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, aux côtés d’Hélène Sandragné, vice-présidente, représentant André Viola, président du Conseil départemental de l’Aude, Jacques Bascou, président de la Communauté d’agglomération du Grand Narbonne, Didier Mouly, maire de Narbonne, Didier Aldebert, président directeur général d’Alenis, Arnaud Schaumasse, sous-directeur de l'archéologie, Bruno Mikol, directeur régional des affaires culturelles par intérim et Dominique Garcia, président de l’Inrap, ont participé à une visite guidée par les archéologues de l’Inrap des fouilles archéologiques réalisées actuellement sur le site de la ZAC Les berges de la Robine à Narbonne.
Retour en images de la visite de presse et des institutionnels du 7 octobre 2019
Partager la page