A travers une sélection pluridisciplinaire de 156 œuvres venues de 52 pays, l'édition 2023 réunit des artistes et des cinéastes reconnus sur la scène internationale, aux côtés d’artistes émergents et de jeunes artistes présentés pour la première fois. La programmation englobe diverses approches, du documentaire à la fiction expérimentale, des vidéos aux formes hybrides et multimédias, séances de projections thématiques, rétrospectives, cartes blanches, programmation VR, forum et tables rondes.

Pensé comme un espace d'exploration et de réflexion

Pour les fondateurs et directeurs des Rencontres Internationales Paris/Berlin : "Alors que les images saturent notre quotidien, il est urgent et nécessaire de redécouvrir la capacité de notre regard à parcourir le monde et à le comprendre au travers de ce que les artistes nous disent, explorent, réinventent. Nathalie Hénon et Jean-François Rettig précisent :  Leurs œuvres nous interpellent, déplacent notre regard et nous invitent à une expérience de voir différemment. La réflexion et l’invention de nouvelles formes audiovisuelles sont autant de mondes possibles et d’utopies nécessaires pour réinventer notre époque."

Les Rencontres Internationales Paris /Berlin sont un événement gratuit et offrent à tous les publics (professionnels, amateurs, néophytes) une opportunité exceptionnelle de plonger dans le monde de la création audiovisuelle contemporaine. 8 institutions à Paris accueillent ces Rencontres : Centre Pompidou, le Jeu de Paume, la MEP, le Centre Wallonie-Bruxelles, la Fondation Fiminco, le Musée de la Chasse et de la Nature, le Musée Guimet et le cinéma Luminor Hôtel de Ville

Les temps forts des Rencontres

Yvonne Rainer

Une grande rétrospective des films de l'artiste américaine Yvonne Rainer. Ses œuvres cinématographiques ont été restaurées par le MoMA en début 2023 et sont présentées à Paris dans leur intégralité dans le cadre d'une rétrospective pour la première fois depuis 10 ans. La rétrospective a lieu au Centre Pompidou, à la MEP, au Jeu de Paume et au Centre Wallonie-Bruxelles du 1er au 4 novembre prochain.

Rétrospective Yvonne Rainer © dr pour Rencontres Internationales Paris/Berlin 2023

Installée à New York dès 1956, Yvonne Rainer acquière une solide formation en danse, travaillant avec des chorégraphes influents tels que Merce Cunningham. En 1962, Yvonne Rainer cofonde le Judson Dance Theater, un groupe d'artistes de la performance inspirés par l'avant-garde de John Cage et Merce Cunningham. Le groupe, précurseur du mouvement postmoderne, révolutionne la chorégraphie en introduisant l'expérimentation, l'improvisation, le mouvement quotidien et le multimédia. Elle a dévoilé sa dernière chorégraphie, "Hellzapoppin' : What About the Bees ?" en octobre 2022.

Peggy Ahwesh "OR119"

Présentation en avant-première du dernier moyen métrage de l'artiste américaine Peggy Ahwesh, figure emblématique de la vidéo contemporaine. Dans sa dernière création, coréalisée avec Jacqueline Goss, l’artiste Peggy Ahwesh, s’empare du legs intellectuel du scientifique controversé Wilhelm Reich et lui offre un traitement musical inédit. OR119 est une comédie musicale théorique qui, d'une manière aussi ludique que libératrice, explore la relation complexe de Reich entre la psychanalyse et le marxisme. Le moyen-métrage de Peggy Ahwesh reprend des citations tirées des travaux du scientifique, mises en musique par le compositeur Zach Layton, et imagine des dialogues entre le scientifique et des penseuses féministes contemporaines.

Peggy Ahwesh, OR119 © dr pour les Rencontres Internationales Paris/Berlin 2023

L’œuvre de Peggy Ahwesh et Jacqueline Goss a été tournée dans la maison et le laboratoire de Reich, situés à Rangeley, dans le Maine. Le film met en scène la notion de cette énergie positive invisible, croyant en son universalité. OR119 est une célébration du potentiel de vie inhérent à l'immersion dans la nature, le cosmos et les interactions énergétiques. Lieu : MEP Maison Européenne de la Photographie

Isabell Spengler "Die Hörposaune"

Grâce à un mouvement de caméra flottant, le film nous invite à un cercle de lecture ou à une performance vocale à la mémoire du contre-ténor et icône queer Klaus Nomi, l'une des premières figures publiques à mourir de la pandémie du sida.

"Die Hörposaune", Isabell Spengler © dr pour les Rencontres Internationales Paris/Berlin 2023

À travers son travail, elle explore les changements sociaux et médiatiques, les constructions de genre et les rapports de pouvoir dans des situations quotidiennes. Ses protagonistes, au look fantastique, tentent de s'adapter, de s'approprier, de transformer ou simplement de vivre dans les environnements réels auxquels ils sont confrontés. Lieu : Luminor Hôtel de Ville

Kaisen Halmang "Jane Jin"

Halmang tourne autour d'un groupe de huit femmes âgées de 70 à 80 ans sur la côte de l'île de Jeju, près d'un îlot de roche de lave qui servait autrefois de sanctuaire chamanique à la déesse du vent Yongdeung Halmang. Les femmes, qui ont travaillé et gagné leur vie ensemble pendant la plus grande partie de leur vie en tant que plongeuses marines haenyeo, avaient l'habitude de partir ensemble pour la mer à partir de cet endroit précis.

"Halmang",  Jane Jin Kaisen © dr pour les Rencontres Internationales Paris/Berlin 2023

Il s'agit également du terme Jeju pour "grand-mère" et d'une forme d'adresse respectueuse pour une femme. C'est également dans cette région que la grand-mère de Kaisen avait l'habitude, de son vivant, de partir en mer en tant que plongeuse haenyeo. Mercredi 1er novembre 2023, Maison Européenne de la Photographie. Lieu : MEP Maison Européenne de la Photographie

Lubanzadyo Mpemba "Sirenes Opacas de São Paulo"

Dans Sirenes Opacas de São Paulo, on observe la tension entre la ville en tant que béton anonyme qui occupe l'espace, et le monde en tant qu'expérience accumulée dans le corps. Mais la ville est aussi le monde et l'espace est aussi le corps, et chacun porte l'anatomie de souvenirs opaques.

Vidéo expérimentale Brésil, Lubanzadyo Mpemba © dr pour les Rencontres Internationales Paris/Berlin 2023

Lubanzadyo Mpemba, né en Angola en 1989, est un artiste dont le travail couvre un ensemble de pratiques allant de l'art vidéo à la la photoperformance, en passant par la performance et le documentaire. Son travail se concentre sur les questions de migration, de gentrification urbaine, de violence institutionnelle et de mémoire collective. Lieu : Maison Européenne de la Photographie

Natacha Nisic "Et n'être que brume"

L'artiste crée une performance de deux jours dans la tour de la ville de Malakoff, qui tire son nom d'Alexandre Chauvelot, entrepreneur du début du 20e siècle. Cette tour a été construite sur le modèle de la tour du fort de Malakoff, située à Sébastopol en Crimée. La tour du fort de Malakoff est célèbre pour avoir été assiégée par l'armée française en 1854-1855, aboutissant à sa prise le 8 septembre 1855 après de nombreux morts. Cet événement est devenu le symbole de la victoire des armées de l'Empereur Napoléon III, mais aussi d'un massacre sans précédent. "Et n’être que brume" est un objet cinématographique hybride et libérateur, contenant les germes d'une méthode de "mise en action" qui transcende l'histoire de la guerre et de la mémoire.

Natacha Nisic "Et n'être que brume" © dr pour les Rencontres Internationales Paris/Berlin 2023

Natacha Nisic explore continuellement la relation invisible, voire magique, entre images, mots, interprétation, symbole et rituel. Son travail tisse des liens entre des histoires, des récits du passé et du présent, pour révéler la complexité de la relation entre ce qui est montré et ce qui est caché, le parlé et le non-dit. Lieu : Musée de la Chasse et de la Nature

Première en France

Monira Al Qadiri, "Crude Eye"

Ayant grandi au Koweït près d'une raffinerie de pétrole en bord de mer, l'artiste y déversait son imaginaire en passant sur un pont routier : vaste panorama de lumières, de feu, de fumée et de tours, elle imaginait qu'il s'agissait d'une ville métropole, remplie d’êtres et de fantômes d'un autre monde.

Monira Al Qadiri, "Crude Eye" © dr pour les Rencontres Internationales Paris/Berlin 2023

Ce film rappelle ses souvenirs d'enfance, associant des images d'une raffinerie miniature recréée à des vers de poèmes sur les lumières de la ville et les paysages industriels. L’œuvre tente de concilier un sentiment d’émerveillement enfantin avec la destruction toxique de l’environnement que représente intrinsèquement la raffinerie.

Monira Al Qadiri est une artiste visuelle koweïtienne née en 1983 au Sénégal et formée au Japon. Couvrant la sculpture, l'installation, le cinéma et la performance, la pratique multiforme d'Al Qadiri repose principalement sur la recherche sur les histoires culturelles de la région du Golfe. Film expérimental, 2022 Allemagne. Lieu : Centre Wallonie Bruxelles

Carte blanche à Pedro Costa

Carte blanche au réalisateur portugais Pedro Costa qui a reçu le Léopard d'Or à Locarno en 2019 pour "Vitalina Varela". Après avoir étudié l'histoire à l'université de Lisbonne, Pedro Costa a suivi des cours de cinéma à l'Ecole supérieure de théâtre et de cinéma de Lisbonne (Escola Superior de Teatro e Cinema), où il a été l'élève d'António Reis, de Paulo Rocha et d'Alberto Seixas Santos. Après avoir été l'assistant de plusieurs réalisateurs tels que Jorge Silva Melo, Vítor Gonçalves et João Botelho, il a réalisé son premier long métrage, O Sangue (Le Sang), en 1989. Il est acclamé pour avoir utilisé son style ascétique pour dépeindre les personnes marginalisées dans des situations de vie désespérées. Nombre de ses films se déroulent dans un quartier de Lisbonne habité par des personnes socialement défavorisées et sont tournés de manière naturelle et discrète dans un format documentaire. Lieu : Centre Wallonie Bruxelles

Moving Image Art Prize

La remise du Moving Image Art Prize par un jury internationale le dimanche 5 novembre. Initié en 2021 par les Rencontres Internationales Paris/Berlin, le Moving Image Art Prize distingue une œuvre singulière dans le domaine des images en mouvement. Il est décerné par un jury international à l’une des œuvres de la programmation. Le comité de sélection a choisi 14 œuvres exceptionnelles parmi les propositions reçues, pour être soumises au jury. Le Moving Image Art Prize sera remis, sous forme d’une bourse, le dimanche 5 novembre à la Fondation Fiminco.

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