Depuis le 26 août 2019, le site fait l’objet d’une fouille programmée menée par des archéologues de l’Inrap, du CNRS et de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. L’objectif est de mieux comprendre l’organisation des groupes humains qui ont vécu au bord de la Seine il y a 15 000 ans. Menées sous l’égide du ministère de la Culture (Drac Île-de-France), les recherches s’insèrent dans un projet de valorisation du Paléolithique du sud de l’Île-de-France notamment par le biais de l’Éducation artistique et culturelle (EAC) : de nombreuses rencontres entre les habitants et les archéologues sont organisées.
Chantier archéologique des Tarterêts III à Corbeil-Essonnes © Louise Truchot, Inrap
Les premières traces de vie aux Tarterêts
Si les plus anciennes traces d’occupations humaines aux Tarterêts remontent au Paléolithique moyen (de 300 000 à 40 000 ans environ) et à l’homme de Néandertal, les vestiges mis au jour sur le gisement des Tarterêts III datent de la fin du Paléolithique supérieur et appartiennent à la culture magdalénienne (de 17 000 à 12 500 ans environ). Ces populations de chasseurs-cueilleurs nomades, qui occupent l’Europe à la fin de la dernière glaciation, sont des Homo sapiens sapiens, seule espèce humaine présente en Europe depuis 30 000 ans. Les Magdaléniens sont d’excellents tailleurs de silex, développant également le travail des matières osseuses. Ce sont aussi des artistes comme en témoignent l’art pariétal mais aussi l’art mobilier dont les objets sculptés ou gravés sont parfois retrouvés sur les sites. Ils s’installent stratégiquement aux abords des cours d’eau pour profiter des ressources abondantes du territoire (minérales, végétales et animales).
Rencontre de Jean-Marc Gouedo, conservateur en chef à la Drac Île-de-France, avec les journalistes lors de la visite de presse du chantier archéologique des Tarterêts III à Corbeil-Essonnes © Louise Truchot, Inrap
Une région riche en gisements magdaléniens
Le diagnostic qui a permis de découvrir le gisement magdalénien des "Tarterêts III", en 2012, a été réalisé sur une parcelle de 1751 m2 de terrain vague. Il a été prescrit par le Service régional de l’Archéologie (Drac Île-de-France) suite au projet d’aménagement d’un entrepôt. Dans les années 1970, les travaux d’aménagement de La Francilienne et la construction de logements sociaux avaient déjà permis la découverte de deux sites magdaléniens comprenant des amas de débitage associés à des foyers : "Les Tarterêts I" et "Les Tarterêts II". Tout proche, sur l’autre rive de la Seine à Étiolles, un gisement daté de la même période est étudié depuis près de 50 ans et constitue un pôle d’innovation irremplaçable pour la Préhistoire en Essonne.
Chantier archéologique des Tarterêts III à Corbeil-Essonnes © Louise Truchot, Inrap
Une palette d’experts
La proximité géographique et chronologique de ces gisements a suscité la nouvelle fouille programmée des Tarterêts III pour une période de 4 ans. Cette situation unique devrait permettre de mieux comprendre l’organisation des groupes humains qui ont vécu au bord de la Seine il y a 15 000 ans. De plus, la conservation d’ossements d’animaux sur le site offre des possibilités de datations inédites. L’équipe scientifique regroupe des spécialistes de la géologie, de l’environnement et de la taille du silex.
Chantier archéologique des Tarterêts III à Corbeil-Essonnes © Louise Truchot, Inrap
Aux Tarterêts, une ambition de médiation scientifique et culturelle
Le projet porte une ambition de médiation scientifique et culturelle locale dans le cadre de l’Éducation Artistique et Culturelle dans le champ des patrimoines, et de la valorisation de la recherche. Depuis 2018, chercheurs et médiateurs, désireux d’associer les habitants à ces recherches importantes pour la connaissance de leur quartier, ont mis en place avec eux un ambitieux projet de médiation. Il comporte des conférences pour le grand public et diverses interventions destinées aux jeunes dans le quartier. De nouvelles animations pour découvrir l’archéologie ont lieu au centre de loisirs du 26 au 30 août, en parallèle au début de la fouille.
Chantier archéologique des Tarterêts III à Corbeil-Essonnes © Louise Truchot, Inrap
Journée "portes ouvertes" sur le chantierDimanche 8 septembre 2019 de 10h à 18h. Le site sera ouvert au public sur inscription (sur place le jour J). Les archéologues proposeront des visites guidées toutes les heures, par groupes de 30 personnes maximum. En parallèle, un village archéologique composé d’ateliers participatifs sera présenté place Nicolas Tarterêts : jeu de piste sur l’histoire du quartier, atelier simulateur de fouille Paléolithique à partir de 8 ans et atelier bac à fouille pour les 5/7 ans. |
Chantier archéologique des Tarterêts III à Corbeil-Essonnes © Louise Truchot, Inrap
Drac Île-de-France
Dans le domaine de l'archéologie, la Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France, étudie, protège, conserve et assure la promotion du patrimoine archéologique dans la région. Elle coordonne la recherche régionale, prescrit les diagnostics et les fouilles préventives, instruit les demandes d'autorisation de fouilles, surveille et contrôle leur exécution.
L’Inrap
L’Institut national de recherches archéologiques préventives est un établissement public placé sous la tutelle des ministères de la Culture et de la Recherche. Il assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique en amont des travaux d’aménagement du territoire et réalise chaque année quelque 1800 diagnostics archéologiques et plus de 200 fouilles pour le compte des aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et outre-mer. Ses missions s’étendent à l’analyse et à l’interprétation scientifiques des données de fouille ainsi qu’à la diffusion de la connaissance archéologique. Ses 2 200 agents, répartis dans 8 directions régionales et interrégionales, 44 centres de recherche et un siège à Paris, en font le plus grand opérateur de recherche archéologique européen.
Partager la page