20.Villefranche-sur-Mer - Les terrasses de la Darse ou Pavillon Beaudouin
références documentaires : Pré-inventaire des Trente Glorieuses - Alpes-Maritimes, 2005-2008
dénomination : Architecture de jardin
rédacteurs : Jean-Lucien Bonillo & Raffaella Telese / Laboratoire INAMA / ENSA Marseille
auteur, dates : Eugène Beaudouin, architecte, 1956-1958
protection, label : édifice non protégé, label patrimoine du XXe siècle (circulaire du 1er mars 2001)
Historique :
Au-dessus des voûtes réalisées au XVIIIe siècle par Emmanuel Philibert duc de Savoie, pour abriter ses galères, une caserne a été construite vers 1900.
Désaffectée en 1924, cette caserne sera démolie à la mine par les Allemands en 1944. C'est en 1956 que l'architecte Eugène Beaudouin découvre les ruines et, séduit, convainc les domaines et la municipalité de Villefranche de lui concéder le site en échange d'une "remise en état" des lieux. De fait, l'architecte va déployer tout son savoir pour composer une résidence secondaire d'abord conçue comme un grand jardin suspendu en terrasses au-dessus du port.
Description :
Entre le grand mur de soutènement préservé et les terrasses transfigurées par des plantations rustiques mais savamment ordonnées, Eugène Beaudouin dissémine une série de pièces et de pavillons autonomes : son atelier - qui ouvre sur un patio et l'escalier de la séquence d'accès - un pavillon d'habitation principale et son annexe, un édicule évoquant une péniche destiné aux enfants et, à l'extrémité nord-est, le logement du gardien. Les terrasses plantées sont réalisées avec la rigueur géométrique qui caractérise les jardins dits "à la Française". Mais cet ordre est subtilement contredit par la luxuriance méditerranéenne des plantations et l'esprit surréaliste qui émane du traitement des détails.
Cet esprit, qui est celui d'un certain goût des décorateurs des années 40 et qu'illustre l'univers de Jean Cocteau, s'affirme dans l'oculus circulaire de l'atelier, dans la masse organique et incongrue de la fontaine et aussi dans le principe de base qui consiste à utiliser pour les plantations des "pots" en ciment moulé de forme conique et de différentes dimensions. Mais c'est aussi et surtout la pratique du détournement qui marque ce lieu d'une certaine étrangeté d'esprit surréaliste : balustres en céramique non vernissée utilisées comme pieds de tables ou en grêles colonnes pour marquer l'espace, cônes de ciment transformés en chapiteaux de treilles... c'est enfin le traitement rustique et naturaliste des surfaces, avec par exemple l'utilisation systématique de galets en calades et sur les murs, qui donne toute sa saveur et sa qualité "intimiste" à ce jardin.
Les intérieurs relèvent du même esprit comme en témoigne par exemple sur les photographies d'époque le lit "suspendu" (de fait encastré dans le mur) de la chambre principale.
Fichiers associés :
- Dossier documenté
- Notice imprimable
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