références documentaires : Pré-inventaire des Trente Glorieuses - Alpes-Maritimes, 2005-2008
dénomination : Architecture domestique, villas
rédacteurs : Jean-Lucien Bonillo, Raffaella Telese / Laboratoire INAMA / ENSA Marseille
auteur, dates : Antti Lovag, 1978-1979
protection, label : édifice non protégé

Historique :

En 1970, Antti Lovag travaille déjà depuis presque cinq ans au projet de la maison de l'industriel Antoine Gaudet à Tourrettes-sur-Loup, lorsqu'il reçoit la commande d'une maison familiale de la part de Pierre Bernard. 
Riche industriel de Bourg-en-Bresse, Bernard sera avec Antoine Gaudet l'un des mécènes d'Antti Lovag. Réalisée à Port-la-Galère, dans la commune de Théoule-sur-Mer où Bernard possédait un terrain en vis à vis de l'ensemble réalisé par Jaques Couëlle, cette maison familiale de 800 m2 est, dans les faits, la première réalisation de "maison bulles" complètement achevée d'Antti Lovag. Le chantier de la maison Gaudet, démarré après une longue phase de conception en 1967 et interrompu plusieurs fois pour des problèmes de permis de construire, sera achevé seulement en 2008, bien que l'ensemble de la parcelle soit inscrit au titre des monuments historiques dés 1998.

Description :

Antti Lovag traduit les attentes de son commanditaire en composant selon une logique "aléatoire calculé" une agglomération de bulles proliférantes qui s'étalent sur le terrain en suivant la pente naturelle, dont la couleur se confond avec celle des rochers ocres du massif, souvent eux mêmes englobés dans la composition d'ensemble. 
La "grappe" de bulles s'étale parallèlement à la route. On peut distinguer deux "alvéoles" principales d'un côté et de l'autre de l'axe constitué entre parcours d'entrée et grande terrasse donnant sur la piscine. À l'Ouest, au-dessous d'une vaste coupole, les principales fonctions communes sont regroupées dans un espace unique articulé sur trois niveaux. Au même niveau du côté de l'avant-cour d'entrée (une petite placette circulaire au centre d'un jardin verdoyant) un vaste espace de réception s'ouvre sur une terrasse couverte et relie le bar et la cuisine avec le coin repas. Ce dernier est délimité par un muret bas semi-circulaire qui suit la forme de la grande table en bois et abrite, dans son épaisseur, de nombreux rangements, notamment pour les chaises pliantes en plastique transparent. Il se prolonge en forme de hamac en accueillant des coussins pour le repos et souligne le passage au niveau plus bas du salon. Ici deux sofas, comme deux niveaux de gradins d'un théâtre, se courbent vers la baie circulaire pour chercher la vue plongeante sur la piscine puis sur la mer et la côte. Le premier est constitué d'une banquette semi-circulaire recouverte de coussins ; le deuxième est creusé dans le sol et se prolonge dans l'épaisseur de la baie, solution régulièrement employée par Antti Lovag. Une rampe d'escalier isolée, comme un escalier d'avion ou plutôt de "vaisseau spatial", conduit à un espace de détente plus intime, obtenu dans une excroissance du plafond sous le sommet de la coupole. Les appartements s'imbriquent les uns dans les autres le long d'une circulation semi-ouverte qui serpente, sinueuse, vers la partie Est du terrain. 
Aménagés selon les exigences et les désirs spécifiques des occupants, ces appartements ont en commun les éléments et les dispositifs architecturaux typiques du vocabulaire d'Antti Lovag (le lit circulaire éclairé par un skydôme, des éléments de mobiliers mobiles et escamotables, les baignoires englobées dans l'épaisseur de baies panoramiques...). 

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