18.0707 - Résidence Le Pharo
à l'entrée du port, plein ouest, le 7e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 0707, p 12. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Résidence Tour Le Pharo
75 boulevard Charles Livon, quartier du Pharo 13007
Lambert 3: latitude 3.02267 ; longitude 43.2917
Accès : bus 81 : métro Saint-Just - Le Pharo, bus 33 : Joliette - rond-point du Prado
propriétaire : Syndicat des copropriétaires de la résidence
Syndic Coopératif M. Suzanne
programme : Groupe d'habitations de 105 logements, garages et commerces.
Maître d'ouvrage : SCI d'Entr'aide Professionnelle Finances.
Ensemble de 3 immeubles tour, plaque, angle.
dates, auteurs : PC : 1955. Achèvement des travaux en 1956.
Yvon Bentz, André Devin, architectes.
Entreprise Georges Laville, Bet Laupiès.
site : Face au jardin et palais du Pharo, dominant le Vieux-Port, devant le Fort Saint-Nicolas. Altitude NGF 14,00 m. Zone d'habitation, Secteur F du Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Plan en avant-cour sur le boulevard Pasteur autrefois occupée par une station service et avec commerce de pied d'immeuble. Les trois immeubles sont très identifiables.
Épannelage : immeubles R+8 à R+19.
bâti : Structure porteuse en façade, refends béton banché formant séparatif d'appartements. Loggias en orientation préférentielle. Façades réglées par une structure réticulée. Émergences de toiture profilées. Très bon état général.
cf. notice : 0504 - Sulfur City
sources : AD : 2071 W 8 (28.919), 165 W 42, 150 J 69-70
Base RCF
Contexte :
Dotée, en 1949, d'un Plan d'Urbanisme coproduit par l'État et la Ville, Marseille est dans une période de renouveau. Les règles de reconstruction autorisent le dépassement des plafonds de hauteur courante pour les immeubles démolis pendant la guerre (cf. Bel Horizon).
Le quartier du Pharo, touché par les bombardements de 1944, se voit attribuer la vocation d'un quartier debuildings. En 1952, un projet d'urbanisme de détail de F. Pouillon y prévoyait un regroupement de tours. C'est pour cela qu'on trouve ici des bâtiments de grande hauteur comme le Saint-Nicolas, le Saint-Georges, les Catalans ou le Pasteur.
Le boulevard Pasteur s'organise en groupes d'habitations contigus maintenant une forte continuité urbaine à l'ouest du Fort Saint-Nicolas.
Le site, dominant le Vieux Port, reste géographiquement très exposé, et profite de la proximité de la mer.
Description :
La situation du groupe d'habitation dans un quartier dominé par les tours lui a tout de suite donné un caractère très nouveau, en rupture avec l'architecture de reconstruction du port. Sorte de borne sur le Vieux Port, la tour fait écho à celle de la Tourette dessinée par F. Pouillon. La légende veut que le maire, Gaston Defferre, ait nourri une certaine défiance à l'égard des architectes qui l'avaient pourtant assuré du faible impact de l'immeuble sur le bassin.
Les trois bâtiments qui composent le plan dessinent une avant-cour ouverte de façon à percevoir la tour sur toute sa hauteur à partir du boulevard Pasteur. Le centre de la cour était occupé par une station-service, autre signe demodernisme, qui précédait l'accès à quelques garages. Au pied de la tour et de l'immeuble de huit étages, une galerie de double hauteur abrite des commerces faisant de cette partie du quartier un évènement urbain réussi ; bien plus d'ailleurs que le parvis nord demandé par le Préfet pour élargir la traverse du Fort, mais en revanche, constamment battue par les vents.
La tour avec son plan formant un H distribue six appartements par étage, elle reste peu élancée. Pour racheter ce défaut, les architectes l'enveloppent d'une résille de béton dont la maille fait tantôt corps avec l'immeuble, tantôt s'en détache de façon très aérienne. Ce procédé de réglage de surface, proche du mur rideau, avait déjà été mis en œuvre au cours Gouffé (Sulfur City). Il prend ici le statut d'enveloppe avec une certaine indépendance vis-à-vis du volume propre de la tour.
De la même façon, les superstructures de toiture sont profilées, avec un étage en retrait poursuivi par un second qui comprend les émergences techniques de l'immeuble.
La grille est elle-même travaillée par une série de balcons saillants répartis irrégulièrement sur les façades. Certaines variations dans la distribution des fenêtres évitent également tout effet de système sur la paroi. Ces dispositions aléatoires confortent le caractère régulier et aérien de la grille de béton dont la maille reste relativement restreinte (hauteur d'étage et largeur de fenêtre).
Ces altérations de la trame sont déjà présentes dans le projet de tour du Chicago Tribune dessiné en 1922 par Walter Gropius.
Pour renforcer l'effet de mur-rideau, les remplissages des garde-corps sont en verre armé semi transparent. Les allèges des fenêtres sont réalisées en produits verriers émaillés verts céladon renforçant une certaine brillance de la paroi.
Le bâtiment plus au sud forme un angle, une équerre avec trois cages d'escalier. La partie ouest se trouve face à la perspective de la rue Papety ; la façade reprend la grille de béton et les mêmes éléments vitrés et colorés que la tour. La galerie commerciale est de deux étages, donnant un registre colossal à cette échelle de soubassement.
Entre les deux immeubles et en fond d'avant place, la liaison est faite par un bâtiment d'un étage formant garage. Le profil urbain dessine un décroché qui crée une trouée en direction du Fort Saint-Nicolas. Cette trouée est en fond de perspective de la rue Charras, elle amène, par ailleurs, une lumière depuis l'est sur le boulevard Pasteur et bien sûr détache encore plus la tour des alignements continus sur l'espace public.
La continuité de ces bâtiments était une donnée réglementaire, respectée dans un plan d'urbanisme relativement attentif aux trames et gabarits urbains en place sur le quartier du Pharo.
Auteurs :
Yvon Bentz et André Devin
André Devin Architecte (1920-1983), élève de l'atelier Bigot, obtient son diplôme en 1928.
Dans les années trente, il travaille à Marseille avec E. Chirié.
Il s'associe par la suite avec Yvon Bentz, connu pour sa participation au concours pour les escaliers de la gare Saint-Charles, remporté par Sénès.
Participant séparément à la reconstruction des quartiers démolis de l'Hôtel de Ville, leur production commune de logements se fera après la guerre.
Avant la Résidence du Pharo, ils avaient signé ensemble Sulfur City, en 1954.
En 1973, ils réalisent encore Le Riviera, immeuble de 101 logements situés dans le 5e arrondissement.
Fichiers associés :
- Carte du 7e arrondissement de Marseille
- Notice monographique imprimable
© Thierry Durousseau, 2004-2005
Partager la page