Le Printemps des Poètes nous invite cette année, avec le visage de Maïakovski, à fêter tous les irréductibles, les enfiévrés, les radicaux de la beauté. Nous avons plus que jamais besoin de la parole libre des poètes qui portent une insurrection toujours intacte et qui recherchent, comme l’écrivait Marina Tsvetaeva, « l’impossible qui émane du domaine des mots ».
Rencontres, lectures, performances, expositions, ateliers d’écriture, projections, concours…
Je salue les initiatives de tous ceux qui contribuent, au printemps et toute l’année, à faire goûter et partager la poésie sous toutes ses formes, dès le plus jeune âge. Je sais que leur engagement pour l’éducation artistique et culturelle est aussi un combat. Transmettre la poésie a été aussi celui de Luc Bérimont, à qui le Printemps des Poètes rend cette année hommage.
Au moment où la création peut sembler menacée dans ce qu’elle a de plus fondamental, il nous faut réaffirmer et défendre avec force la liberté de création et d’expression, qui est au cœur du geste poétique. La poésie fait surgir des rapprochements inattendus, dirige l’attention vers les choses les plus humbles comme vers les aspirations les plus élevées. L’image poétique suscite un nouvel espace mental, les jeux avec la langue déplacent les points de vue, l’expression des émotions fondamentales nous relie les uns aux autres.
La poésie a un rôle essentiel à jouer dans la défense de nos valeurs démocratiques et dans les programmes de reconquête des espaces plus éloignés de la culture. Depuis 17 ans, ce programme est au cœur du projet porté par le Printemps des Poètes. Plus que jamais aujourd’hui il fait sens et reste d’actualité.
« À quoi bon des poètes en temps de détresse ? », demandait Hölderlin. Nous savons que leur souffle et leur voix peuvent nous ranimer, nous qui sommes des êtres de langage.
Fleur PELLERIN
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