Du 6 au 12 février 2019

Les Journées cinématographiques dionysiennes se déroulent du 6 au 12 février 2019. Depuis plus de 15 ans, le Cinéma l'Écran de Saint-Denis programme ce rendez-vous annuel qui dresse un panorama de l'évolution des mentalités à travers le prisme du cinéma, en puisant dans les films classiques et inédits de l'histoire du cinéma, tout en restant à l'affût de films plus récents et emblématiques. Le philosophe et professeur émérite à l’Université de Strasbourg Jean-Luc Nancy signe l’éditorial du programme de la 19e édition des Journées cinématographiques dionysiennes "L’Invitation au voyage". Lors d’une carte blanche organisée le 8 février,  le philosophe a choisi de mettre à l’honneur deux films : « Le Ciel du Centaure » de Hugo Santiago (Chili, 2014) inédit en France, en présence de Sophie Faudel et "Voyages" d’Emmanuel Finkiel (France-Pologne-Belgique, 1998,) en présence du réalisateur. L’invité d’honneur du Festival est le cinéaste japonais Katsuya Tomita. Les Journées cinématographiques dionysiennes proposent débats, projections et événements déclinés sur plus de 70 films ! Ce festival est financé par le CNC avec instruction du dossier et avis en Drac. Du 6 au 12 février 2019.

Voyageuse invention du cinéma

cine

Comme on sait, le premier film projeté en public montre L’Arrivée d’un train en gare de la Ciotat. En une minute c’est le programme du cinéma : voyage, voie ferrée, lignes de fuite, lignes d’approche, voyageurs qui descendent, voyageurs qui montent, échanges, passages, retrouvailles, regards mutuels, coups d’œil lancés vers la caméra dont Louis Lumière tourne la manivelle et fait ainsi tourner la foule, les têtes, les panaches de vapeur, le métal brillant des portières de compartiment où se reflètent les mouvements des robes, des chariots. Quelque chose se passe, ça arrive de loin, sur fond de lointains, et ça vient tout près, aussi près qu’un plastron d’homme et la tête de sa canne, aussi près que le pas pressé du chef de gare ou la parure en ailes d’oiseau d’un chapeau de dame. Des gens attendent, se hâtent, se cherchent. Le train va repartir, on le sent, il ne cessera pas d’arriver ailleurs – bien plus loin qu’à

Vintimille qui est sa destination : il ne cessera pas de nous arriver.
Le cinéma affectionne les voyages – périples, road movies, aventures, rêves et métamorphoses – parce qu’il est lui-même voyage. Il l’est en tout film, même sans train ni bateau. Il voyage sur place ou plutôt il fait de sa place un voyage.
Il est approche du lointain, éloignement du proche, fuites hors du cadre et présences surgissant des bords ou de la profondeur de ce qu’on nomme le champ. Dans le champ ça passe et ça pousse, ça va et vient, ça s’élargit ou ça s’étale, ça s’enfonce dans le plus épais, dans la peau du proche, dans la terre ou la brume.
Le cinéma se propose en tant qu’éloignement et rapprochement, dépaysement, écarquillement et initiation, surprise, découverte, oubli. Le voyage vaut par ses attentes, ses promesses, ses imprévus et ses reconnaissances.
Ce n’est ni une expédition, ni une excursion, ni une visite : c’est un abandon, une disposition à se laisser emporter, voire égarer vers d’autres proximités, d’autres secrets. C’est pourquoi son nom est associé par Baudelaire à l’invitation.
L’invitation au voyage dit l’invitation qu’est le voyage lui-même : il n’a pas lieu ailleurs que dans le poème lui-même. Ses sonorités, ses prosodies, ce lent balancement des mots qui sont eux-mêmes les vaisseaux, eux-mêmes
les senteurs et les voluptés qui se mêlent pour parler
À l’âme en secret
Sa douce langue natale.

Éditorial du philosophe Jean-Luc Nancy (extrait)

Invité d'honneur : Katsuya Tomita

Né en 1972 à Kofu au Japon, Katsuya Tomita est l’auteur de quatre long métrages en vingt ans, témoignant d’un parcours et d’une manière de faire du cinéma atypiques. Travaillant en totale indépendance, il crée le collectif Kuzoku avec lequel il produit et distribue ses films. Depuis "Above the Clouds" (2003), son premier film, le cinéma de Tomita n’a cessé de s’ouvrir au monde. Son œuvre s’impose comme l’une des rares capables d’ausculter avec acuité les plaies du Japon et de l’Asie engendrées par les bouleversements historiques et économiques du monde.

Rétrospective de Katsuya Tomita en sa présence et celle de Toranosuke Aizawa (scénariste)

  • 9/02 à 16h00 - "Above the Clouds"  (Japon, 2003) inédit
  • 9/02 à 19h00 - "Off Highway 20" de Katsuya Tomita (Japon, 2007) inédit
  • 10/02 à 20h30 - "Saudade" (Japon, 2011)
  • 11/02 à 20h00 - "Bangkok Nites" (Japon-France-Thaïlande-Laos, 2016)
  • 10/02 à 18h30 - Master class Katsuya Tomita et Toranosuke Aizawa, animée par Dimitri Ianni, critique et spécialiste du cinéma japonais - En partenariat avec le festival Kinotayo.

Katsuya Tomita sera présent à Paris du 7 au 12 février.

Promenade urbaine et projection

À l’occasion de cette édition consacrée aux voyages, une carte blanche est offerte au collectif "Le Voyage métropolitain".

Le samedi 9 février, une promenade urbaine ouverte au public reliera le parc de la Villette (où se termine le film Le Pont du Nord) au cinéma L’Écran de Saint-Denis. Il s’agira d’explorer les territoires en mutation qui s’étendent de part et d’autre du canal entre Paris, Aubervilliers et Saint-Denis.
Sur inscription / forfait unique Marche (départ 9h00) + Repas + Projection (13h30) à 12€ - levoyagemetropolitain.com
https://www.weezevent.com/lepontdunord-linvitationauvoyage
Lucile Piveteau, du collectif Le Voyage métropolitain, présentera "Le Pont du Nord", de Jacques Rivette : À l’aube des années 1980, deux femmes (Bulle et Pascale Ogier), poursuivies par une police secrète (les Max), errent dans un Paris en pleine transformation, avec pour plan de la ville un jeu de l’oie.

Programme de la 19e édition

Échos de la poussière et de la fracturation (Afrique du Sud 2012)

Une exposition de photographies d'Alain Willaume " Échos de la poussière et de la fracturation (Afrique du Sud 2012)", photographe du collectif Tendance Floue est proposée à la Galerie HCE à Saint-Denis sur le thème du voyage. Photographe membre du collectif Tendance Floue depuis 2010,
Alain Willaume (1956) développe une œuvre singulière en prise avec le monde qu’il sillonne et observe avec attention. À la HCE Galerie, il présente 11 tirages encadrés qu’il a conçu dans le cadre de la mission photographique franco-sud africaine Transition - Social Landscape, sur les menaces d’exploitation du gaz de schiste dans la région désertique du Karoo et sur les tensions sociales et environnementales engendrées par les demandes de licences déposées auprès du gouvernement sud-africain par les sociétés pétrochimiques. Ses images - dont les tons riches n'ont volontairement ni noirs ni blancs - résonnent des échos d’une menace environnementale d’une actualité brûlante et chantent la grâce infinie d’un paysage en sursis.Vernissage le jeudi 7 février de 18h à 20h... (entrée libre)

Le cinéma à l’œuvre en Seine-Saint-Denis

Le Département de la Seine-Saint-Denis est engagé en faveur du cinéma et de l’audiovisuel de création à travers une politique dynamique qui fait de l’œuvre et de sa transmission une priorité.

Cette politique prend appui sur un réseau actif de partenaires et s’articule autour de plusieurs axes: le soutien à la création cinématographique et audiovisuelle, la priorité donnée à la mise en œuvre d’actions d’éducation à l’image, la diffusion d’un cinéma de qualité dans le cadre de festivals et de rencontres en direction des publics de la Seine-Saint-Denis, le soutien et l’animation du réseau des salles de cinéma, la valorisation du patrimoine cinématographique en Seine-Saint-Denis, l’accueil de tournages par l’intermédiaire d’une Commission départementale du film. Les Journées cinématographiques dionysiennes s’inscrivent dans ce large dispositif de soutien et de promotion du cinéma.

Partenaires

Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis / Direction des affaires culturelles de la ville de Saint-Denis / Services municipaux de la ville de Saint-Denis / DRAC Île-de-France / Région Île-de-France / ACRIF / ADRC / Cinémas 93 / Périphérie / La Cinémathèque Française / PCMMO / KINOTAYO Festival du film japonais contemporain.