Visite ministérielle
Le 19 juillet 2019, le ministre de la Culture, Franck Riester, s’est rendu dans la Manche : à Coutances et à Saint Lô. L’objectif premier de cette visite était d’évoquer les mesures de protection des monuments historiques et notamment des cathédrales. L’autre raison, et peut-être la principale, était de se rendre sur les lieux de l’incendie du 12 juillet dernier pour lui permettre de se rendre compte des dégâts au Haras national de Saint-Lô. A cette occasion, lui a été présentée la "démarche de reconstruction" telle qu’envisagée dans les heures qui ont suivi la catastrophe.
Cathédrale de Coutances
Suite au sinistre ayant affecté Notre-Dame de Paris, les services patrimoniaux de la DRAC de Normandie, particulièrement sensibilisés à cette problématique sécurité-incendie, ont d’ores et déjà dressé un état des lieux, à visée opérationnelle, de l’ensemble des cathédrales en présence des ABF conservateurs, de la conservation régionale des monuments historiques, des architectes en chefs des monuments historiques, des conservateurs des antiquités et objets d’arts. La cathédrale bénéficie depuis 2016 d’un avis favorable de la commission de sécurité, mais, d’une manière générale, le ministère de la Culture souhaite que les conditions de sécurité soient renforcées, intégrant prioritairement la sécurité des personnes mais également les impératifs de conservation du monument et des œuvres qu’il recèle.
Cet édifice dont Victor Hugo a dit qu’elle était « la plus belle cathédrale depuis Chartres » évoque, par l’équilibre de ses proportions et la pureté de ses lignes, le type parfait de ce qu’il est convenu d’appeler le gothique normand. La tour de croisée est effectivement typique de l’architecture normande. La lumière pénètre largement par les baies hautes d’où le nom de tour lanterne qui culmine à 41 m sous clef. Les niveaux s’élèvent en légère saillie les uns sur les autres par quatre pendentifs dans les angles du carré de la tour. Les arcs des galeries sont très aigus selon la tradition normande. Le chœur offre une belle unité spatiale caractéristique de l’architecture gothique par les chapelles rayonnantes peu profondes, par le double déambulatoire avec ses 12 colonnes jumelles et par le mur épais dans les parties hautes des galeries. Dans les chapelles des bas-côtés, les arcatures trilobées aux écoinçons ajourés permettent la diffusion de lumière. Le monument atteint sa forme et son aspect définitif dans le dernier quart du XIVe siècle avec la modification des chapelles latérales sud et la construction de la chapelle de la Circata. Cette chapelle d’axe est peinte dès l’origine et restaurée au XIXe lors de la redécouverte du décor. Le décor peint est très riche avec la présence de tenture à quadrilobe, des végétaux, des animaux et des figurines. La cathédrale a été très peu touchée par les bombardements de 1944, contrairement au centre-ville de Coutances.
cathédrale de Coutances © DRAC de Normandie
cathédrale de Coutances © DRAC de Normandie
Haras National de Saint Lo
Le Haras national de Saint-Lô est l'un des plus anciens haras nationaux français, devenu privé en 2013. Il se situe sur la commune de Saint-Lô, dans le département de la Manche.
©Ministère de la Culture, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, diffusion RMN
C’est en 1665 que Colbert fonda l’administration des haras, qui remplit successivement les rôles suivants : approvisionner l’armée, fournir à l’agriculture des chevaux de trait, pourvoir aux besoins d’une industrie des loisirs en plaine développement. La fondation du premier haras de Saint Lo date de 1806. Cependant, en un temps où la circulation n’était encore qu’hippomobile, celui-ci devient rapidement insuffisant en raison de l’accroissement considérable de l’effectif chevalin dû à la prospérité agricole. En 1862, la réforme des haras nationaux affirme la race des trotteurs. C'est à ce moment que la loi Bocher est votée et que la réorganisation des haras nationaux est décidée. Un emplacement plus vaste est donc trouvé à l’est de la ville, le long de la courte de Bayeux, pour un second établissement (lieu actuel). La première pierre est posée en juin 1882. Trente ans plus tard, le nouveau haras enregistrait son chiffre maximal : 423 chevaux. Organisée autour d’une cour d’honneur, cet ensemble architectural se répartit en plusieurs écuries accueillant chevaux et laboratoires ainsi qu’un manège à l’extrémité ouest.
© plan extrait de Le Haras et sa circonscription du dépôt d’étalons à Saint-Lô par Pierre de Choin, ingénieur agronome officier du Haras
L'incendie qui a eu lieu concerne le bâtiment contenant les écuries 3 et 4. Le foyer principal du départ de l'incendie semble avoir été localisé dans le lieu de stockage de fourrage. Du point de vue patrimonial, les charpentes et couvertures ont disparu en quasi-totalité. Seules quelques travées à l'est sont encore en place avec quelques boxes à chevaux. Le feu s'est propagé d'ouest en est par les couvertures. On peut regretter essentiellement la perte des charpentes primitives de ces écuries historiques. Les écuries conservant des voitures hippomobiles, dont certaines sont protégées au titre des objets mobiliers, n’ont pas été touchées par le sinistre. Ces deux écuries conservent leurs dispositions d’origine qui pourront servir de témoins pour la restauration future.
Le sinistre étant cantonné aux deux seules écuries, les activités sont maintenues sur le reste du site
Vue ancienne vers l'est montrant les écuries 6 et 7 © Ministère de la Culture
Réouverture le 3 août
Les visiteurs pourront redécouvrir les lieux dès le samedi 3 août. Les chevaux seront visibles dans l’écurie de la forge. Le Haras National de Saint Lô sera également ouvert lors des Journées Européennes du Patrimoine des 21 et 22 septembre 2019.
https://journeesdupatrimoine.culture.gouv.fr/
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