La Normandie est assurément une terre de trésors archéologiques. Leurs découvertes, régulièrement relayées par la presse, suscitent fascination et émerveillement de tous. L’exposition « Mon précieux… à chacun son trésor », présentée au Muséum de Rouen du 29 novembre 2019 au 23 février 2020, invite le grand public à s’interroger sur les multiples sens du mot trésor et sur l’imaginaire collectif associé à cette notion. Ce voyage à travers les cultures, les époques et les disciplines constitue l’essence même du projet « Beauvoisine », un futur musée réunissant les collections patrimoniales du Muséum et du musée des Antiquités de Rouen.
Or le musée des Antiquités et son premier conservateur, Achille Deville (1789-1875), a très tôt développé le goût pour les Monnaies et médailles créant une collection de numismatique aujourd’hui de référence nationale. Si cette collection, qui est estimée aujourd’hui à 13 000 pièces, s’est dans un premier temps enrichie essentiellement d’acquisitions ponctuelles, le musée prévient ensuite les éventuelles dispersions en devenant propriétaire d’ensembles cohérents de la région.
L’exposition présentée est l’occasion de donner un éclairage nouveau à la question des trésors monétaires de Normandie, qu’ils soient issus de fouilles anciennes, récentes, ou le fruit de découvertes fortuites. Cette journée permettra également d’évoquer les pratiques actuelles de pillages de sites et de trafic de biens archéologiques dans la région.
PROGRAMME
9h00-9h30 : Café d’accueil
9h30-10h00 : Introduction de la journée
Présenté par :
Nicola Coulthard, conservatrice régionale d'archéologie, DRAC Normandie
Sylvain Amic, directeur des musées, Réunion des musées métropolitains, Métropole de Rouen Normandie
Mathilde Schneider, directrice du pôle Beauvoisine, Réunion des musées métropolitains, Métropole de Rouen Normandie
1 - Quelles nouvelles approches pour appréhender les trésors archéologiques ?
Science remontant au XVIe siècle, la numismatique a longtemps été associée à la pratique antiquaire, comme en témoigne le cas du premier conservateur Achille Deville qui constitua le premier fonds de monnaies du musée des Antiquités de Rouen. La recherche a permis de nourrir des corpus toujours aussi pertinents pour l’étude, tel que le Corpus des Trésors monétaires antiques de la France de Xavier Loriot et de Simone Scheers. Essentiellement limitée à l’étude des images, l’objet de ces études se voit aujourd’hui considérablement transformé grâce au renouvellement de sa méthodologie. L’essor de la discipline numismatique comme auxiliaire de l’histoire, le développement de l’archéologie, placent aujourd’hui la monnaie comme source primaire parmi d’autres au croisement de plusieurs spécialités. Les interventions suivantes prendront ainsi plusieurs exemples de trésors normands, découvertes récentes ou plus anciennes pour échanger sur les différentes approches méthodologiques à l’œuvre sur le sujet.
10h00-10h20 : Les trésors normands à la Bibliothèque nationale de France : conservation, étude et valorisation
Présenté par : Vincent Drost, chef de projet Trouvailles monétaires, Bibliothèque nationale de France, Cabinet des médailles
Le département des Monnaies, médailles et antiques de la BnF a pour mission historique non seulement de conserver mais aussi d’étudier les trésors monétaires. La présentation de quelques ensembles normands emblématiques conservés ou déposés pour étude au cabinet des médailles sera l’occasion d’aborder les différentes problématiques liées à l’étude des trésors (restauration, inventaire, archéométrie, photographie, publication, exposition, etc.).
10h40-11h00 : Le trésor gallo-romain de Banville : de sa découverte à la fouille en laboratoire
Présenté par : Gaël Léon, archéologue à l’INRAP et Pierre-Marie Guihard, responsable du département numismatique, CRAHAM, Université de Caen
Le trésor monétaire de Banville (Calvados), clos au cours du 2e quart du IIIe siècle, a été mis au jour en 2017 à l'occasion d'une fouille préventive réalisée par une équipe de l'INRAP. Le trésor monétaire est composé de 313 monnaies d'argent romaines (deniers) frappées de Vitellius (69) à Balbin (238). Les monnaies étaient contenues dans deux bourses en cuir placées à l'intérieur d'un vase. La micro-fouille en laboratoire du trésor et l'étude numismatique qui a suivi ont permis de s'interroger sur sa structure interne et sur la circulation du "numéraire blanc" dans les provinces du Nord de la Gaule.
11h10-11h30 : Les trésors monétaires du musée des Antiquités de Rouen
Présenté par : Jens Moesgaard.
« Trouvé aux alentours de Rouen » ou « Louviers, site 27-375-082, couche US 159, effondrement du toit ». La qualité de l’information sur le lieu, les circonstances et le contenu des trésors varient considérablement. Ce fait conditionne les résultats que nous pouvons obtenir pour l’analyse des trésors. Il convient donc de qualifier la qualité de l’information pour déterminer la valeur documentaire de chaque découverte. L’auteur de la présente communication, à l’appui d’un travail mené sur les trésors haut-normands médiévaux publié en 2015, propose une approche systématique de ce phénomène.
11h30 – 12h00 : échanges
12h00-14h00 : Déjeuner
14h00-14h20 : Le trésor de Quincampoix : un témoignage de la circulation monétaire pendant la guerre de Cent Ans
Présenté par : Thibault Cardon, chargé de recherche CNRS, CRAHAM (UMR 6273), Université de Caen Normandie et Patricia Moitrel, chargée d’études documentaires, Service régional de l’archéologie, DRAC de Normandie
Découvert fortuitement en 2016, le trésor de Quincampoix est constitué de 333 monnaies en argent et billon et a été acquis en 2019 par le Musée des Antiquités de Rouen. Il témoigne de la circulation monétaire en Normandie pendant la guerre de Cent Ans, entre la fin du XIVe siècle et le milieu du XVe siècle. Fruit d’une thésaurisation lente, ce dépôt monétaire comprend un rare petit blanc d’Henri V (roi d’Angleterre de 1413 à 1422 et roi de France de 1415 à 1420), frappé à Rouen pour l’émission du 25 septembre 1419.
2 - Chasseurs de trésors contemporains en Normandie
Comme nous l’a récemment montré le cas du « Trésor de Travers » (45), la question des trésors et des pillages archéologiques et trafics qu’ils suscitent résonnent quotidiennement dans notre actualité. La seconde partie de cette table-ronde a pour objectif de répondre aux enjeux chers du futur projet Beauvoisine : sensibiliser aux questions du pillage archéologique et au trafic illicite de vestiges à des fins d’enrichissement personnel.
En effet, régulièrement, amateurs d’antiquités ou collectionneurs se munissent de détecteurs de métaux et sillonnent la région à la recherche de trésors monétaires ou de vestiges archéologiques, privant archéologues, mais aussi les historiens et numismates, de données essentielles pour l’étude de notre passé.
14h30-15h00 : Lutter contre le pillage archéologique
Présenté par : Yann Brun, conseiller sûreté de l'archéologie et des archives, Direction générale des patrimoines, Ministère de la culture et le Capitaine Christophe Bourdès, Officier Relations Extérieures/formation, Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC)
La plupart des pillages de patrimoine archéologique et des fouilles sauvages sont le fait de pilleurs amateurs ou de “chasseurs de trésor” opérant avec ou sans matériel de détection métallique. Ils se constituent des collections personnelles illégales ou un complément pécuniaire illicite non négligeable. Ils revendent les objets pillés de manière occasionnelle ou organisée, notamment auprès de marchands peu regardants ou sur des sites de vente en ligne. À travers plusieurs exemples en France et dans la région Normandie, les deux auteurs de cette communication montreront qu’il est plus que jamais nécessaire de renforcer la vigilance et d’agir à la fois dans le domaine de la prévention et de la répression.
15h00-15h30 : Echanges
15h30-16h30 : Visite de l’exposition « Mon précieux… à chacun son trésor » au Muséum de Rouen
Pour en savoir plus sur l'exposition : Rouen Tourisme / Exposition "Mon précieux..."
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