Les travaux de restauration de la toiture du chœur de la cathédrale Saint-Mammès ont débuté. Entreprise dans la continuité des travaux réalisés sur les toitures depuis une quinzaine d’années, l’opération, d’un montant d’un million d’euros, est financée par la DRAC Champagne-Ardenne / ministère de la Culture et de la Communication. Elle se déroulera de 2014 à 2015.

Programmée depuis plusieurs années, l’opération répond à des nécessités sanitaires, et permettra parallèlement d’unifier la couverture en tuile vernissée, rendant ainsi au monument son unité et l’état qu’il connaissait au XIXe siècle.
Le chœur de la cathédrale Saint-Mammès présente encore ses corniches romanes (supportées par des corbeaux moulurés et des corbeaux zoomorphes ou anthropomorphes), et sa charpente mixte à émoises, est typique du XVIe siècle.

D’une durée d’un an, la restauration est menée sous la direction de l’architecte en chef des monuments historiques Pierre Bortolussi et sous la maîtrise d’ouvrage de la DRAC Champagne-Ardenne. En complément, une étude sur la restauration des couvertures du déambulatoire et des absidioles est prévue.

Calendrier des travaux : du printemps 2014 au printemps 2015
Architecte en chef des monuments historiques : Pierre Bortolussi
Maçonnerie : Charpentier PM
Charpente : ATB art et technique du bois
Couverture : TFC toitures de Franche-Comté

L'édifice

La cathédrale Saint-Mammès est édifiée du milieu du XIIe siècle, jusqu’au début du XIIIe siècle.
Les toitures d’origine ont disparu lors des incendies de 1314 (nef) et 1562 (nef, chœur et transept). Les seuls vestiges sont limités aux arases anciennes.
Les charpentes, construites après le second incendie sont connues par des dessins et sont partiellement conservées au droit du transept et du chœur (hors la flèche de la croisée). Les toitures seront confortées et restaurées au XVIIIe s.

Au milieu du XIXe s., dans le cadre d’une campagne de modification des superstructures et d’amélioration du contrebutement de l’édifice, le mur bahut des gouttereaux de la nef, construit au-dessus, après le premier incendie, pour rehausser le niveau d’arase et ainsi échapper aux voûtes, est supprimé et remplacé par d’autres avec chéneaux extérieurs, servant de support à une nouvelle charpente qui est couverte de tuiles vernissées bourguignonne, provenant de différentes fabriques, le chantier ayant eu des difficultés d’approvisionnement.

Ces tuiles, de mauvaise qualité et gélives, sont remplacée, trente ans plus tard, par de l’ardoise d’Angers « modèle anglais » provenant de Grenoble, puis ordinaire, lorsque le stock est épuisé, complétée de gouttières pendantes ne réutilisant plus les chéneaux.

Enfin, en 1999, la campagne de travaux menée sur les toitures hautes a pris le parti de restituer les couvertures en tuiles vernissées à motifs géométriques avec des matériaux de meilleure qualité, et de réutiliser les chéneaux du XIXe siècle.

Bilan sanitaire

La couverture en ardoise d’Angers est à bout d’usage. Les tôles posées à la jonction du transept, suite aux travaux sur celui-ci, ont tendance à glisser et des jours apparaissent. La charpente présente par ailleurs un dévers des deux fermes et quelques altérations : ouvertures d’assemblages, pièces manquantes ou affaissées, pièces brisées et ouvrages provisoires de consolidation. La couverture en ardoise des tourelles d’escalier est dans un état passable, à l’exception des égouts ou les ardoises sont partiellement cassées. Les charpentes sont en bon état.

Projet de restauration

L’opération s’inscrit dans la poursuite des travaux déjà réalisés sur la nef et le transept et le parti de restauration est celui décrit dans l’étude préalable de 1994, qui propose de retourner à l’état XIXe siècle.

La charpente du chœur sera conservée par consolidation des éléments en place.
Les arases en maçonnerie et pierre de taille seront restaurées, ainsi que les chéneaux, les gargouilles et la corniche à modillons moulurés et sculptés.

La couverture en ardoise sera remplacée par de la tuile vernissée (jaune, brun et vert en deux tons) et chanfreinées posées suivant calepinage. Le faîtage sera composé de tuiles faîtières émaillées demi-ronde. Le poinçon de croupe sera coiffé d’un épi en plomb en pointe de diamant. Une pointe de paratonnerre sera installée et raccordée aux pointes présentes sur le transept par une liaison en cuivre.

Les tourelles Nord-Est et Sud-Est verront leur couverture en ardoises remplacée par une couverture en tuiles vernissées, à pose brouillée.
Le poinçon de croupe sera coiffé d’un épi en terre cuite vernissée en forme de pomme de pin.

Texte tiré de l’étude de Pierre Bortolussi, architecte en chef des monuments historiques