L'intervention sur l’étage de la rose qui commence, marque le début de la dernière phase de restauration de la façade occidentale de la cathédrale de Reims et vient achever les travaux menés, depuis une trentaine d’années sur cette façade, par l’Etat - ministère de la Culture et de la Communication.
Cette restauration concerne l’une des parties de la façade qui, avec le portail Nord, a le plus souffert de l’incendie du 19 septembre 1914. Après avoir détruit la toiture et entraîné l'effondrement des voûtes, l'incendie, provoqué par un bombardement, s'était étendu à un échafaudage en bois qui se trouvait autour de la tour Nord-Ouest, détruisant partiellement la moitié nord de cette élévation.
Un chantier de 3.3 M d'euros
Financée par le ministère de la Culture et de la Communication - DRAC Champagne-Ardenne, l'opération, d’un budget total de 3,3 millions d’euros a été rendue possible par l’action de la Société des amis de la cathédrale de Reims, qui a réussi à mobiliser un million d’euros de mécénat auprès d’entreprises et de particuliers qui s’engagent dans le projet.
Déroulement du chantier de restauration
Le chantier, mené sous maîtrise d’œuvre de la Direction régionale des affaires culturelles de Champagne-Ardenne et sous maîtrise d’ouvrage de Lionel Dubois, architecte en chef des monuments historiques, se déroulera, de fin 2013 à 2016, en deux phases d’une durée estimée à 18 mois chacune.
La première phase concernera essentiellement la statuaire et la pierre de taille autour de la rose et la seconde phase la restauration des vitraux. La campagne de travaux permettra de redonner toute sa lisibilité au programme iconographique, tout en conservant la trace visible, mais adoucie, des conséquences de l'incendie, qui viendra témoigner du souvenir de la guerre, au moment des célébrations du centenaire de 1914.
Trente année d’intervention sur la façade occidentale
Dès les années 1920, l'Etat français s'était engagé dans des travaux d'urgence. La façade a fait l'objet d'une restauration de sauvetage par l'architecte en chef des monuments historiques Henri Deneux, avec le remplacement des parties détruites ou instables afin de sécuriser l'ouvrage. Le reste a été consolidé (souvent renforcé avec du métal), notamment les statues, les sculptures et les parties graciles des trois portails et de la grande rose.
A partir des années 1960, mais surtout des années 1980, l'état sanitaire catastrophique des sculptures a motivé le financement de programmes ambitieux de restauration. La restauration complète et pérenne de la façade occidentale et de son riche décor sculpté a été réalisée par tranches de travaux successives : la galerie des rois, le portail central (de 1989 à 1994 et de 1996 à 1998), le portail Sud (2001 - 2005), puis le portail Nord (2007- 2011). qui était le plus sinistré et le plus mutilé. Restait donc l'étage de la rose également ruiné par l’incendie.
L’état sanitaire de l’étage de la rose
La rose et ses parements
La partie gauche (nord) de la rose présente les stigmates de l'incendie (coloration rouge de la pierre). Les pierres et leurs reliefs, qui ont explosés sous l'effet de la chaleur, n'assurent plus le rejet des eaux et sont soumis à un lessivage et aux effets du gel. Les parements extérieurs plus clairs des meneaux indiquent les remplacements en pierres de Saint-Maximin, effectués pendant la campagne de travaux de 1907-1908. Les parements intérieurs de la rose sont encrassés, mais ne présentent que peu de désordres.
La statuaire
La statuaire est ruiniforme dans la partie gauche incendiée. Le rouleau de la voussure, qui comportait des scènes séparées par des dais, les statues en ronde bosse situées au dessus de l'arc de la rose et le pèlerin adossé au piédroit de gauche de la rose sont informes et leurs fragments sont maintenus par des câbles. Par contre, la montée de droite de l'arc, avec ses sculptures et celles situées en piédroit et au-dessus de l'arc, sont en meilleur état.
Les vitraux
A la suite de l'incendie de la Première Guerre mondiale, les vitraux ont été reposés en 1925 et une révision a eu lieu après la Seconde Guerre mondiale en 1945-47. Les verres anciens côtoient les verres récents qui ont été volontairement salis pour en atténuer la transparence et s'harmoniser avec les verres du XIIIe siècle. Sur les panneaux figurés, des faux plombs de casse, souvent très épais, ont été ajoutés. Les verres anciens, dans les tons chairs, sont oxydés (Manganèse) et les verres modernes rosissent. La critique d'authenticité des vitraux montre que la partie incendiée a perdu quasiment tous les vitraux du XIIIe siècle.
Le parti pris de restauration
La restauration de la rose, de sa statuaire et de ses vitraux s’inscrit dans les différentes campagnes de travaux qui se sont déroulées sur la partie inférieure de la façade occidentale depuis une trentaine d'années. Dès le début de ces premières campagnes qui ont aussi intéressé le portail du bras nord du transept, une doctrine ou un schéma directeur s'est établi au sein des comités scientifiques, sur le parti de restauration de la statuaire, point le plus délicat à traiter.
Trois types d'intervention ont été menées lors des différentes campagnes de restauration de la statuaire de la façade occidentale :
- Sur les parties basses, les copies des statues en pierres reconstituées ont été privilégiées, avec éventuellement des compléments restitués
- Sur la partie supérieure ont été privilégiées les copies en pierre, avec restitution des parties disparues ou même des créations pour repeupler la galerie des rois
- A l'étage médian, celui de la rose, les deux types d'intervention pouvaient se mêler en privilégiant si possible la solution de l'étage inférieur
Des dérogations ont été apportées, au cas par cas, avec des copies en pierre en taille directe.
Le comité scientifique, constitué par la DRAC Champagne-Ardenne pour préparer la campagne de restauration sur la rose, a appuyé ses conclusions sur une étude préalable de 2007, complétée par une étude documentaire de 2012 et par un diagnostic des vitraux terminé début 2013.
Ses préconisations apportent une orientation très précise sur le traitement des différentes statues, le mode de restauration des vitraux et sur le type de protection à mettre en place.
Parce qu'un projet de restauration n'est pas la négation de l'histoire du monument, la restauration de l'étage de la rose conservera une cicatrice au niveau des voussures qui viendra témoigner du souvenir de la guerre, au moment des célébrations du centenaire de 1914.
La statuaire
Pour la statuaire, plusieurs types de copies sont prescrits :
- Copies en pierre reconstituées
- Copies en pierre en taille directe avec restitution des parties manquantes
- Copies en pierre en taille directe en respectant un aspect ruiniforme
- Restauration de statues conservées en place
A noter qu’un relevé complet de la statuaire, réalisé sous la forme d'un scan 3D, permettra de conserver la mémoire de la statuaire. Enfin, en raison des instabilités constatées sur les nombreux pinacles des dais du gâble du portail Nord de la façade, une option est envisagée afin d’utiliser les échafaudages en place.
Les vitraux
S’agissant des vitraux, le comité scientifique a orienté la restauration vers :
- Un nettoyage avec dépose complète des panneaux
- Un traitement des assombrissements dus à l'oxydation du manganèse dans les verres anciens
- Une harmonisation des verres neufs
- Une remise en plomb limitée aux médaillons figurés
- La réduction des largeurs de plombs de casse dans les parties figurées
- Une protection des vitraux par une double verrière en verre thermoformé et patiné, placée à l'emplacement des panneaux anciens
En savoir plus sur la société des amis de la cathédrale de Reims :
http://www.amis-cathedrale-reims.fr/