Par arrêté du Préfet de la région Grand Est, du 9 octobre 2019, trois édifices viennent d'être protégés par l’État au titre des monuments historiques dans la région : la Gare de Nouvel-Avricourt en Moselle, la Maison des Goncourt à Neufchâteau dans les Vosges et l'église Saint-Martin d'Aubigny-les-Pothées dans les Ardennes.

Ces nouvelles inscriptions portent à 10 les monuments protégés en 2019, dans le Grand Est.

Monuments déjà protégés en 2019

51 - Dormans - Mémorial des batailles de la Marne - classement MH
52 - Chateauvillain - Pigeonnier - Inscription MH
57 - Ars-Laquenexy - Château de Mercy - Inscription MH
57 - Hombourg-Haut- Château d'Hausen - Inscription MH
67 - Strasbourg - Ensemble paroissial St- Joseph de Koenigshoffen - Inscription MH
68 - Gueberschwihr - Eglise St Pantaléon - Extension de protection
88 - Grand - Vestiges archéologiques sous la maison Didier - Inscription MH

La DRAC Grand Est recensait, à la fin 2018, 1 474 immeubles classés, 2 798 immeubles inscrits au titre des monuments historiques et 181 protection mixtes dans la région Grand Est. 
Liste des édifices protégés au titre des monuments historiques dans le Grand Est

Présentation des trois nouveaux édifices inscrits

Église Saint-Martin d'Aubigny-les-Pothées (Ardennes)

Architecte : M. Labarre (église), Maison Clément-Haussaire (peintures murales)
Date de construction : 1851 (église), 1905 (peintures murales)
Propriétaires : commune d'Aubigny-les-Pothées
Inscription au titre des monuments historiques le 9 octobre 2019

L'église Saint-Martin d'Aubigny-les-Pothées de style néo classique, avec son intérieur redécoré en style négo gothique tardif, est caractéristique du goût décoratif qui s’est répandu dans les édifices religieux dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Eglise d'Aubigny-les-Pothées - Vitrail, baie 6, Saint-Martin partageant son manteau

Reconstruit, en 1851, sur les plans de l’architecte départemental Labarre, cet édifice néo classique est élevé sur plan basilical. Il reproduit les dispositions de quatre autres églises réalisées par le même architecte, entre 1837 et 1850, dans les Ardennes.
Des vitraux figuratifs sont venus compléter l'édifice en 1873 et 1898.

Le style néo classique intérieur est transformée en décor néo gothique tardif, en 1905, en pleine période anti cléricale, avant le vote de la Loi de séparation de l’Église et de l’État. Ainsi, le décor de faux appareil, réalisé au pochoir, est créé en 1905, par une entreprise rémoise, dans un style s’inspirant des motifs médiévaux et de la Renaissance.
Le chœur propose les symboles des quatre évangélistes et une frise ponctuée d'angelots souligne le haut de la nef.

Les murs de la nef sont, quant à eux, peints avec des motifs géométriques ou des à-plats de couleurs.
Des statues de saints, en plâtre, peuplent les niches des bas-côtés.

La commission régionale du patrimoine et de l’architecture réunie le 6 décembre 2018, a souhaité son inscription au titre des monuments historiques. L'arrêté d’inscription a été signé par le préfet de région, le 9 octobre 2019.
Il s'agit du premier monument historique de la commune.

Eglise d'Aubigny-les-Pothées - Nef

Gare ferroviaire - Nouvel-Avricourt (Moselle)

Architecte : Johann Eduard Jacobsthal (1839-1902)
Dates de construction : 1873-1875
Inscription au titre des monuments historiques le 9 octobre 2019

L'apparence, tout à la fois castrale et monumentale de cette gare de la fin du XIXe siècle, construite après l'annexion de l'Alsace-Lorraine, visait à impressionner les visiteurs et à démontrer la "grandeur" de l'Allemagne.

A la suite de l’annexion de la Moselle par l’Empire allemand, une nouvelle frontière est tracée entre la France et l’Allemagne. Ce tracé ne tient pas compte de la nouvelle voie ferrée Avricourt-Blâmont - Cirey-sur-Vezouze mise en service depuis peu. En effet, la frontière coupe à deux reprises cette ligne de chemin de fer. Un aménagement de frontière est décidé, et par convention signée le 12 octobre 1871, l’Allemagne rétrocède une partie de territoire à la France comprenant la commune d’Igney et sa gare. En contrepartie, le gouvernement français s’engage à construire une gare à Avricourt, en territoire allemand. La construction de cette nouvelle gare est terminée en 1875.

Gare ferroviaire de Nouvel-Avricourt - Façade © DRAC Grand Est

D’autres bâtiments l’accompagnent, une poste, une douane, une halle aux marchandises, un dépôt de train et une rotonde. Par ailleurs, une cité est construite pour loger les employés nécessaires au fonctionnement du complexe ferroviaire : des logements, une école, un temple et un presbytère, créant une petite colonie.
La gare est partiellement détruite par un bombardement pendant la Première Guerre mondiale, et seule la moitié de la gare est remise en service après-guerre. L'électrification des lignes après-guerre entraîne la fermeture du dépôt et en 1983, la poste est détruite.

Description de l'édifice

Réalisé en pierre de taille, le bâtiment était, à l'origine, doté de quatre tours. Il comptait 57 fenêtres et 10 portes, dont la principale, à côté de la tour la plus majestueuse, servait d'entrée aux voyageurs, qui y accédaient par un escalier monumental.

Le pavillon central à trois travées, était plus haut que les ailes latérales, des ailes qui se terminaient chacune par deux pavillons d'angles également plus élevés, donnant l'impression de tours.
L'élévation à deux niveaux sur un haut soubassement accentuant encore l'impression de monumentalité.

Aujourd'hui, ne subsistent que le pavillon central, l'aile ouest et ses deux pavillons d'angle. Ceux-ci comprennent trois niveaux. Les fenêtres du rez-de-chaussée et du pavillon central sont en plein-cintre. L’ancienne porte du pavillon central ouvrait sur un escalier (détruit), mais aujourd’hui, l’entrée principale a été pratiquée dans l’ancienne aile ouest. Un soin particulier est apporté à l’appareillage, aux chaînages, corniches, modénature, qui contribuent à la qualité esthétique de ce bâtiment.

L'état sanitaire actuel du bâtiment est dégradé, sans que le gros œuvre soit compromis.
La commission régionale du patrimoine et de l’architecture réunie le 6 décembre 2018, a souhaité son inscription au titre des monuments historiques. L'arrêté d’inscription a été signé par le préfet de région, le 9 octobre 2019.

Maison des Goncourt à Neufchâteau (Vosges)

Inscription en totalité au titre des monuments historiques le 9 octobre 2019
La façade donnant sur la place était inscrite depuis le 25 septembre 1933
Classées au titre des monuments historiques le 10 avril 1980 : la façade et la toiture du pavillon sur cour

Avec ses éléments intérieurs des XVIe (cave) et XVIIIe siècles (alcôves, lambris, cheminées), cet édifice est représentatif des maisons patriciennes à caractère urbain de Neufchâteau.

Dès le XVIe siècle les archives mentionnent une maison à l’actuel emplacement du 2, place Jeanne d’Arc. Cette maison est achetée par Jean Huguet, riche marchand de Neufchâteau qui la reconstruit au début du XVIIIe siècle, tout en conservant la cave.
Le propriétaire suivant, la famille Mouzon effectue des transformations, notamment de la façade sur la place et du corps de logis sur cour, réaménage les intérieurs et construit le pavillon situé au fond de jardin. La maison prend, à cette époque, sa forme et sa distribution actuelle.
À partir de 1816, la maison est la propriété de Pierre Antoine Huot de Goncourt, oncle des écrivains Edmond et Jules de Goncourt.
À sa mort en 1857, la maison est cédée à un banquier de Neufchâteau, Antoine Maljean. Les bureaux de la banque Maljean et fils sont installés dans le pavillon du fond de jardin en 1883. En 1974, la maison est vendue à M. Legras, dentiste, qui installe son cabinet au rez-de-chaussée de la maison. À cette occasion, les murs, boiseries et l’alcôve sont masqués. La fontaine est redécouverte lors du démontage des installations du cabinet dentaire par les actuels propriétaires, ainsi que d’autres éléments décoratifs anciens.

Description architecturale

La maison est organisée entre la place et la cour, prolongée par un jardin qui reprend la forme en escalier de la parcelle. Le bâtiment comprend un corps de logis principal sur la place, prolongé par une aile sur la cour.
Si la façade sur la place est richement ornée, la façade sur cour est plus modeste, avec des finitions cependant soignées.

Cette attention à l’ornementation se retrouve dans l’aménagement intérieur des pièces.
Les trois salles au rez-de-chaussée du corps principal sur la place présentent un décor intérieur caractéristique du XVIIIe siècle (lambris, parquets, cheminées, plafonds, alcôve).
Plusieurs salles du premier étage présentent aussi ce type d’aménagement. L’élément le plus remarquable est la fontaine découverte récemment dans la salle à manger au rez-de-chaussée. Elle est composée d’un socle et d’une vasque surmontée d’une statue, insérés dans une niche. Le socle décoré de motifs sculptés naturalistes d’animaux et de flore aquatique rappelle les modèles issus du répertoire de Bernard Palissy. La cave présente les seuls vestiges encore en place de la maison construite au XVIe siècle.

La commission régionale du patrimoine et de l’architecture, réunie le 6 décembre 2018, a souhaité son inscription au titre des monuments historiques. L'arrêté d’inscription a été signé par le préfet de région, le 9 octobre 2019.