Équipement novateur, financé par l’État-ministère de la Culture à hauteur de 7,5 millions d’euros, le Centre de Conservation et d’Étude de Lorraine - le dernier né et l’un des plus grands de France (4500 m²) - a été inauguré le jeudi 14 juin par Didier Martin, Préfet de la Moselle en présence de Jean-Luc Bohl, Président de Metz Métropole et de responsables du ministère de la Culture et de la DRAC Grand Est. De nombreux partenaires de la DRAC - élus, responsables culturels et associatifs, archéologues -, ont assisté à cette soirée et pu découvrir le travail de l’architecte Bernard Desmoulin et de l’artiste retenue pour le 1 % artistique, Élodie Stephan.

La construction, opérée sous la maîtrise d’ouvrage déléguée de l’OPPIC (Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers du Ministère de la Culture) et réalisée selon le projet de l’architecte, évoque, à travers l’aspect brut du bâtiment, les grandes structures industrielles et rurales de Lorraine.

Le mobilier archéologique bénéficie désormais de conditions adaptées, permettant sa consultation et son étude par les étudiants et les chercheurs ainsi que sa valorisation auprès du public en collaboration avec les musées et autres partenaires.

Cette inauguration s’accompagnait du lancement du PRIAM (Pôle de recherches interdisciplinaires archéologiques de Metz) qui réunit sur un même site le nouveau CCEL et la Maison de l’Archéologie et du Patrimoine (MAP) , gérée par Metz Métropole et qui abrite son Pôle Archéologie Préventive et les réserves externalisées du musée de la Cour d’Or. Les deux structures, qui fonctionnent comme deux entités distinctes mais associées dans leurs objectifs et fonctionnement, témoignent de la collaboration exemplaire entre l’État et Metz Métropole.

« Parure », œuvre de l’artiste designer Elodie Stephan, retenue au titre du 1 % artistique, illustre cette mutualisation et cette coopération, grâce à la reproduction sur tôle de laiton de dessins d’objets conservés au CCEL et à la MAP, pour orner le mur de jonction entre les deux bâtiments ainsi que leur signalétique intérieure.

Le développement de l’archéologie préventive dans les années 2000 exigeait la construction d’un bâtiment plus vaste que le dépôt archéologique initial, situé à Scy-Chazelles, afin d’accueillir dans les meilleures conditions possibles les vestiges découverts sur le territoire lorrain.

Ce projet s'inscrit dans la politique volontariste du ministère de la Culture lancée, dès 2008, pour la création sur la totalité du territoire national d’un réseau de centres de conservation et d’étude (CCE), destinés à rationaliser et améliorer la gestion du mobilier archéologique issu des opérations de fouilles préventives ou programmées. Ces CCE doivent assurer trois missions fondamentales pour la gestion du mobilier et des archives de fouille (regroupés sous l’appellation d’archives du sol) :

- conserver le mobilier et la documentation associée dans des conditions de température et d’hygrométrie optimales pour la préservation des objets (avec des espaces adaptés à chaque type de matériau) ;

- favoriser leur consultation et leur étude par les chercheurs et étudiants, professionnels ou bénévoles, grâce à la tenue d’un inventaire informatisé, constamment mis à jour ;

- les valoriser auprès d’un large public, notamment grâce aux opérations nationales de communication comme les Journées nationales de l’archéologie ou les Journées européennes du patrimoine, ou encore par des prêts et dépôts vers des musées souhaitant exposer le mobilier.

La DRAC Grand Est dispose désormais de deux CCE, le deuxième étant situé à Sélestat, dans le Bas-Rhin, ouvert en 2016. Par ailleurs, un dépôt archéologique est installé sur le site de la DRAC de Châlons-en-Champagne, à Chanzy, depuis les années 2000. Ils sont gérés par le Service régional de l'archéologie de la DRAC Grand Est.

Le parti pris architectural

La particularité de ce projet tient à la différenciation institutionnelle et territoriale qui scinde la parcelle divisée entre deux opérateurs : l’État pour le CCEL et Metz Métropole pour la Maison de l’Archéologie et du Patrimoine (MAP), qui s’unissent dans le cadre du PRIAM. La parcelle du projet est située dans une Z.A.C, à l’entrée de la ville de Metz.
Dans ce site paysager en construction, le CCEL s’insère dans la continuité du bâtiment de la MAP, dans l’alignement du boulevard Solidarité et du Centre Technique voisin. Le nouveau bâtiment cherche à instaurer une cohérence volumétrique par cet alignement et son gabarit. Les deux bâtiments sont identifiables car il n’y a pas de mimétisme. En se distinguant l’un de l’autre, les deux édifices accolés ne font plus qu’un et dialoguent autour d’un même sujet.

Le lien entre les deux équipements s’effectue principalement par une bretelle liant les deux niveaux de l’actuel hall de la MAP au CCEL.

Le grand volume aveugle du CCEL affirme son image de dépôt et prolonge celui des réserves de la MAP pour instaurer une continuité et une cohérence. Face au béton brut, plutôt clair et rugueux de la MAP, le choix d’un bardage en aluminium sombre (laqué noir) et lisse différencie le bâtiment et l’identité du CCEL.

Apportant un surplus de confort thermique et d’imperméabilité, une longue toiture métallique (zinc prépatiné noir) chapeaute la construction

linéaire et diffuse ponctuellement la lumière naturelle par des puits à l’aplomb de la circulation principale. Cette toiture évoque les grandes structures rurales ou industrielles de Lorraine et rompt avec la monotonie des blocs parallélépipédiques dispersés dans cette périphérie de Metz
Un volume se détache de la façade de l’entrée (Sud) pour accueillir les locaux de dépôt et d’études. Ce volume est en béton blanc brut (calepinage planche), matériau travaillé, à l’aspect rugueux et brut qui évoque la pierre et le monde de l’archéologie. A l’étage, les locaux d’étude et de gestion du mobilier qui acceptent la lumière naturelle, se regroupent autour d’une terrasse privatisée. On y accède par une coursive, éclairée par des puits de lumière et surplombant l’artère structurante du niveau bas. Elle aboutit au niveau supérieur des réserves stables, niveau où se trouvent également les réserves à l’atmosphère contrôlée.
Les locaux techniques ont été placés au rez-de-chaussée.

Proche de l’aire de livraison du CCEL, un auvent, situé le long de la réserve foncière, permet de stocker temporairement des pièces à l’extérieur.
Un monte-charge accessible aux PMR (Personnes à mobilité réduite) associé à l’ascenseur existant de la MAP permet de donner l’accessibilité PMR à l’ensemble des surfaces des deux établissements.

Les espaces verts représentent 27.65 % de la surface de l’unité foncière, répartis en pelouses plantées et noues végétales pour le recueillement des eaux pluviales. Des arbres seront plantés le long du boulevard de la Solidarité et le long de la rue de la Mouée afin de dissimuler les aires de dépôts et de stockage en plein air.

Un équipement réalisé sous la maitrise d'ouvrage de l'OPPIC (Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture).

L'architecte : Bernard Desmoulin

Bernard DESMOULIN a étudié l’architecture sous la verrière du Grand Palais avant de collaborer dans diverses agences à Paris et New York. Admis en 1984 et pour deux ans à la Villa Médicis à Rome, il est, à son retour, lauréat des Albums de la Jeune Architecture. Il gagne en 1988 le concours d’architecture et de paysage pour la Nécropole Nationale de Fréjus qui lui permet de créer en 1990 sa propre agence.
« (...) En parfaite connivence avec les sites et les programmes, loin de toute gesticulation inutile et en écho aux questions  économiques et environnementales, notre architecture s’exprime dans une écriture faite de matérialités pérennes. En conciliant l’innovant et le familier, cette écriture sobre et mesurée, tente de satisfaire les demandes intemporelles de la ville et de ses occupants. »

Avec son agence il participe également à de nombreuses consultations (siège de Jean Paul Gautier Couture, Ambassade de France à Tokyo, campus de Jussieu, restructuration du Musée Picasso à Paris, Collège de France, Musée Albert Khan à Boulogne…).
Lauréat du Prix de l’Équerre d’Argent en 2009 pour le Conservatoire Léo Delibes à Clichy (92) et médaille d’argent de l’Académie d’Architecture en 2000, son travail, à travers de nombreuses publications et conférences, est largement diffusé en France et à l’étranger.

Une artiste pour le 1% artistique : Élodie Stephan

Le 1% artistique est une procédure qui permet de consacrer un pour cent du budget d'une construction, d'une extension ou de réhabilitation d'un édifice, à la commande ou à l’achat d’une ou plusieurs œuvres d’art originales, conçues par des artistes vivants pour s’intégrer au projet architectural.

Élodie Stephan est diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Art de Nancy en 2008.
Membre de l’Autobus-impérial de 2008 à 2012 elle a travaillé en tant que designer et chef de projet sur des missions de signalétique pour des ateliers d’architecture prestigieux (Jean Nouvel, Renzo Piano, Toyo Ito, X-Tu, SCAU, K-architecture…).
En 2013, elle lance son propre studio de création pour répondre à des commandes en son nom propre et multiplier les collaborations avec des concepteurs indépendants ainsi que des agences spécialisées. Elle conçoit des projets uniques, très souvent in situ, tels que des signalétiques, des mobiliers urbains et paysagers, ou encore des produits innovants et des installations artistiques.

L’œuvre : Parure (2017)
Studio Élodie Stephan

Le projet s’empare d’une technique de représentation propre aux dessinateurs en archéologie : le dessin en « ombrage points-matière ». Dans le hall du PRIAM, un décor, composé de lettres et de l’illustration de 50 biens archéologiques mobiliers, est mis en scène sur un mur noir. Chaque mobilier a été sélectionné par la designer, les

1% artistique. Œuvre du studio Élodie Stephan - Photo Mathias De Latre

archéologues et le public à l’occasion des journées du patrimoine en septembre 2016. Les dessins se révèlent dans la matière grâce à la profondeur de la gravure, qui fait écho à la découverte des objets lors des fouilles. La signalétique fonctionnelle reprend les mêmes codes esthétiques dans les espaces de circulation du bâtiment, de façon à prolonger le raffinement du projet jusqu’aux espaces les plus confidentiels.

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CCEL - Réserves et salle de lavage - Photos DRAC Grand Est