La procédure de protection est initiée et instruite par les services de l'État (Direction régionale des affaires culturelles), soit à la demande de « toute personne y ayant intérêt » (propriétaire de l'immeuble, collectivité locale, association, etc.) soit à l'initiative de l'administration, au terme d'un recensement systématique (zone géographique, typologie ou thématique particulière) ou encore lorsque le bâtiment est en danger.
La CRPS, présidée par le préfet de région, comprend 32 membres, représentants de l'administration, d’élus locaux, d'associations, de personnalités qualifiées dans le domaine du patrimoine (professionnels et historiens d'art). Elle se réunit au moins trois fois par an, sur convocation de son président, et émet un avis sur les propositions de protection qui lui sont soumises. Si cet avis est favorable, le préfet de région peut alors décider de l'inscription de l'immeuble ou proposer son classement au ministre chargé de la culture.
ANCIENNE ABBAYE DE TOUSSAINT à Châlons-en-Champagne (Marne)
Inscrite au titre des monuments historiques le 31 décembre 2012
L’abbaye de Toussaint est une abbaye de chanoines réguliers de la règle de Saint-Augustin, fondée en 1042 et officiellement dotée de biens en 1062 par l’évêque Roger II. L’abbaye était située à l’ouest des bâtiments actuels, sur l’emplacement du canal de la Marne. Lorsque Charles-Quint menaça, en 1544, de faire le siège de Châlons, les bâtiments furent détruits à la demande du conseil de Ville, pour ne pas servir d’abri aux attaquants. Les chanoines comprirent qu’il valait mieux reconstruire leur établissement à l’intérieur des remparts.
L’église, en partie financée par l’abbé Claude Godet (issu d’une riche famille châlonnaise), fut consacrée le 22 octobre 1553 par l’évêque Ph. de Lenoncourt. Elle ne fut cependant jamais achevée et fut détruite à la Révolution.
Pour les bâtiments claustraux terminés vers 1564, seules deux ailes furent édifiées, les ailes est et sud. À la Révolution, ces bâtiments furent conservés pour servir à l’installation de l’école d’artillerie (1791-1806), puis au logement des professeurs de l’École impériale des Arts et Métiers. À partir 1861, ils accueillirent l’école normale de garçons.
L’architecte Collin construisit alors la grande aile sur la place de l'École des Arts. L’aile en retour d’équerre vers le Nau sera ajoutée par l’architecte Gillet en 1876 et restaurée après la guerre de 14. Ces travaux s’inspirèrent du style Renaissance du bâtiment ancien.
En 1936 furent classées les façades et toitures de l’aile construite à la Renaissance, l'aile est, et l'ancienne salle capitulaire qu'elle contient.
La nouvelle protection inscrit l’ensemble des façades et toitures de tous les bâtiments construits jusqu'au XIXe siècle, en raison de l’unité qu’ils forment et de leur importance pour l’histoire de Châlons. Les anciennes salles voûtées de l'aile Renaissance, non comprises dans le premier arrêté, sont aussi protégées.
LE FORT CHABROL (Ancienne école de viticulture) à Epernay (Marne)
à la sortie d'Épernay, sur la route de Mardeuil
Inscrit au titre des monuments historiques le 31 décembre 2012
« Le Fort Chabrol » est construit, en 1900, sur les plans de l'architecte sparnacien Piquart, pour la maison de champagne Moët et Chandon.
L'initiative de sa construction revient au comte Raoul Chandon de Brialles (1850 - 1908) qui dirigeait l'entreprise. Face à la propagation du phylloxéra, dès 1890 en Champagne, il étudie le meilleur moyen pour lutter contre la disparition inéluctable du vignoble. Le greffage de plants robustes ayant fait leurs preuves en Californie et dans le sud de la France, il faut pouvoir produire le maximum de greffes, dans les meilleures conditions possibles. C'est la vocation du « Fort Chabrol » qui prend rapidement, en 1908, le nom de l'entrepreneur qui en a assuré la construction. En une trentaine d'années, l'établissement va permettre de régénérer complètement le vignoble Moët et Chandon et servir de lieu d'apprentissage technique pour les vignerons de Champagne confrontés aux dommages causés par le phylloxéra.
La disposition du bâtiment correspond aux phases de production, en nombre, des greffes. Le bâtiment de plan rectangulaire interrompu par trois pavillons en saillie : deux à chaque extrémité et un central, comprend au sud, une serre et une chambre chaude, pour l'éclosion des greffons, un pavillon central servant à l'administration, une grande salle de greffage et enfin, au nord, un laboratoire. Le sous-sol est destiné à conserver les greffons.Le décor extérieur est soigné, en mêlant la brique, la pierre meulière et la céramique sous forme d'une frise semée de grappes de raisin. L'esthétique du « Fort Chabrol » est celle des constructions de la fin du XIXe siècle. Le lieu a joué un rôle essentiel dans la conservation du vignoble champenois.
CITE BIARD (actuelle cité Paris-Campagne) à Revin (Ardenne)
Inscrite au titre des monuments historiques le 31 décembre 2012
La cité Biard a été édifiée dans les années 1924-1926, par la société civile immobilière Biard afin de loger ces ouvriers. La cité rue se compose de 24 maisons accolées avec jardin à l'arrière. Les façades extérieures s'inspirent des éléments de décors de la deuxième moitié du XIXe. - début XXe. s., décors réutilisés dans les édifices de la reconstruction des années 1920-30. L'originalité de cette cité tient dans la variété et la richesse des décors de façade, quasi-absent dans les autres cités ouvrières champenoises. Neuf types de façades ont été authentifié dont quatre types pour les huit plus grandes maisons et cinq types pour les seize petites. La disposition asymétrique des façades donne l'impression à chaque habitant d'avoir sa propre maison, et diffère en cela des autres cités ouvrières.
LA COLONNE COMMEMORATIVE DE MONTMIRAIL / MARCHAIS-EN-BRIE (Marne et Aisne)
Inscrit au titre des monuments historiques le 31 décembre 2012
Cette colonne commémorative a été inaugurée le 11 février 1867 pour commémorer les victoires de la campagne de France des 10, 11, 12, 14 février 1814 par Napoléon Ier. D'un rapport inférieur en nombre, les troupes françaises résisteront et remporteront des victoires qui resteront pour les spécialistes, pour les vétérans, les soldats et les habitants comme des batailles mémorables. Vu l'importance historique de ces batailles l'architecte A. Morsaline propose, en 1864, de réunir des fonds, pour réaliser son projet d'un monument en forme de pyramide. L'empereur Napoléon III lui suggère finalement une colonne corinthienne, de style néo-classique, qui sera exécutée courant de l'année 1866. De forme épurée et élancée, la colonne de Montmirail / Marchais-en-Brie est un monument commémoratif de belle facture. L'aigle doré, en couronnement, est offert par le surintendant des Beaux-Arts M. Le Comte de Nieuwerkerke. L'emplacement de la colonne est celui de la position de l'empereur Napoléon Ier au moment le plus décisif de la bataille du 11 février 1814.
ANCIEN TRIBUNAL DU BAILLIAGE
Chatillon-sur-Marne
Inscrit au titre des monuments historiques le 6 décembre 2012
Des aménagements intérieurs de l’ancien siège du tribunal du bailliage de Châtillon-sur-Marne sont encore, aujourd’hui, conservés l’escalier de pierre et la cheminée de la grande salle. En bas de l’escalier sont présentés des armoiries, tenues par un lion ; ce sont celles des Lepetit : d’azur à deux épées d’argent en sautoir, la pointe en bas, cantonnées de trois larmes du même, et d’un cœur en pointe. La noblesse de la famille a été confirmée en 1669 et il est probable que c’est de cette époque que date cette installation royale.
Le lieutenant général est alors François Lepetit, né le 4 août 1640 écuyer, conseiller du Roi, seigneur de Grigny et Richebourg, président et lieutenant général civil et criminel au bailliage de Châtillon-sur-Marne. Il exerça les fonctions à partir du décès de Jean, son père, c’est-à-dire depuis l’année 1663, jusqu’à sa mort, le 25 février 1715.
L’escalier en pierre est tout à fait caractéristique des grands escaliers de la deuxième moitié du XVIIe siècle : la forme de balustres est courante et c’est celle, par exemple, de l’escalier des ambassadeurs, de l’escalier de la reine et de celui des princes à Versailles.
La grande cheminée, avec son trumeau décoré, s’inspire aussi des grands modèles de la deuxième moitié du XVIIe.
Les tribunaux d’avant la Révolution ont laissé peu de témoignage dans la région. L'inscription au titre des monuments historiques prend en compte l'escalier du XVIIe siècle, ainsi que la cage d'escalier, son palier et ses deux portes. La grande salle du premier étage, sa cheminée et sa taque ont été inscrites également.
EN SAVOIR PLUS :
Consulter le site Les monuments historiques en Champagne-Ardenne
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