L'inhumation exceptionnelle de Monseigneur Gourvès, évêque de Vannes de 1991 à 2005, le 17 août 2020 a conduit à de nouvelles investigations et travaux dans un espace difficilement accessible de l'édifice. La crypte n'avait été visitée et utilisée qu'à quelques reprises au cours des XIXe et XXe siècles.
Elle est identifiée et tracée sur des plans du XVIIIe siècle, mais les recherches préalables aux travaux d’entretien démontrent qu'elle a été aménagée à la fin du Moyen Âge ou au début du XVIe siècle.
Intérieur de la crypte intégrant une chapelle et ancienne galerie © DRAC Bretagne
Une campagne de fouilles
Ces travaux d’entretien ont débuté au mois de juin 2022 et leur achèvement est programmé pour la fin du mois de juillet. Ils font suite à une opération d’archéologie préventive effectuée en 2019 par Sébastien Daré du Centre d’étude et de recherches archéologiques du Morbihan (CERAM).
Deux services de la DRAC Bretagne en ont assuré la supervision et le contrôle scientifique : l'Unité départementale de l'architecture et du patrimoine du Morbihan (UDAP 56), dont l'architecte des bâtiments de France, Olivier Curt, est également conservateur de la cathédrale de Vannes, et le service régional de l'archéologie (SRA) au sein duquel Anne-Marie Fourteau a suivi l'opération.
Si la vocation sépulcrale de la crypte est confirmée, la configuration des lieux mérite encore d'être précisée. Elle a manifestement évolué dans le temps. L'accès à la crypte est aujourd'hui complexe et étroit. Situé sous le maître-autel, il ne permettra pas d'ouvrir cet espace à la visite du public. Des éléments font apparaitre l'existence de deux escaliers qui ont permis l'organisation d'une circulation de vénération de la sépulture du saint protecteur de la cathédrale et de la ville de Vannes : Vincent Ferrier.
Les fouilles ont notamment permis de découvrir une pierre gravée soigneusement enterrée permettant de dater des travaux menés sur la voûte de la crypte à partir de 1648.
Pierre de fondation de la voûte datée de 1648 © DRAC Bretagne
Si le corps et les reliques du saint ont été anciennement déplacés pour laisser une plus grande accessibilité aux pèlerins, les fouilles ont également permis la localisation de sa sépulture et d'une chapelle dans la crypte.
Le projet de reconstruction du chœur de la cathédrale initié en 1771 a profondément remanié cet espace en créant notamment une seconde voûte de renforcement de la crypte pour assurer l'installation d'un nouveau maître-autel.
Trois sépultures de prêtres et chanoines du XVIIIe siècle y ont été découvertes : celles de Joseph Touzé du Guernic (16 septembre 1778), Vincent Jean Louis Boutouillic de la Vilgonan (16 avril 1781) et Toussaint Duchesne du Tay (13 septembre 1789). Elles s'ajoutent à deux sépultures du XIXe siècle déjà connues : celle de Monseigneur Henri De Bruc, évêque de Vannes de 1817 à 1826, et celle de Monseigneur Simon Garnier, évêque de Vannes de 1826 à 1827.
Des travaux d'entretien
Les travaux ont permis d'électrifier la crypte pour son éclairage, de créer une ventilation à travers le parement en tuffeau du socle du chœur et d'apposer un enduit chaulé sur les murs à moellon. Sur d'autres murs, ex-votos, graffitis et restes de peintures murales seront conservés.
Les deux dalles funéraires en marbre gravé des évêques de Vannes vont être fixées verticalement sur le mur sud de la crypte et le sol va être recouvert de gravier. Le coffret contenant leurs restes a été placé dans un petit caveau dans l’angle sud-est de la crypte. Un nettoyage et une restauration de ces deux dalles sont inscrits au programme d’entretien de la cathédrale en 2023. Une trappe en bois, une main courante en fer forgé et une nouvelle marche seront ajoutées à l'actuel escalier d'accès.
Les travaux ont été menés par l'entreprise Lefevre de Brasparts (29) pour la maçonnerie et taille de pierre. Géraldine Fray de La Croix-Helléan (56) a travaillé sur la consolidation et la préservation des traces de peintures murales et ex-voto. L'entreprise Spie de Plœmeur (56) a assuré l’électrification. Le coût total des travaux entrepris par l’État dans la crypte est de 38 500 €.
Mur de la crypte recouvert d'enduit chaulé © DRAC Bretagne
Ces travaux d'entretien terminés, les lambris vont être restaurés et les travaux programmés au titre du plan de relance vont pouvoir également commencer.
Une vocation sépulcrale conservée
Dans la cathédrale de Vannes comme dans d'autres, le pavé de la nef et des chapelles était jadis formé de pierres tombales de toutes couleurs et de toutes dimensions qui recouvraient les cendres de chanoines, de prêtres et des notables. Depuis le XIIe siècle, les sépultures avaient recouvert le sol de la cathédrale, les enfeus complétaient le dallage pour les personnalités de plus haut rang. La proximité des corps saints et des prières des vivants était recherchée, mais plusieurs inconvénients firent proscrire cet usage dans le cours du XVIIIe siècle. A Vannes, dès 1627 et 1628, des réparations considérables faites au pavé de la cathédrale firent sans doute disparaître plusieurs tombes ; ce ne fut toutefois qu'en 1776 que le renouvellement intégral du pavé les fit toutes disparaître.
Depuis la Révolution, personne n'avait été enterré dans la cathédrale. Il n'y a eu d'exception que pour les évêques, et deux seulement avaient jusqu’à présent bénéficié de ce privilège : Monseigneur de Bruc en 1826, et Monseigneur Garnier en 1827.
Monseigneur Gourvès les a rejoint dans la crypte près de 200 ans plus tard, sur dérogation accordée par le préfet du Morbihan, le conservateur régional des monuments historiques et le conservateur de la cathédrale. Une dalle funéraire en marbre venant s'ajouter à celles de deux de ses prédécesseurs sera réalisée par l'évêché.
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