Alors que la France brille déjà au palmarès du Festival international de la créativité qui s’achève le 27 juin à Cannes, Vincent Leclabart, président de l’Association des Agences-Conseils en Communication (AACC) revient sur l’actualité du secteur de la communication et des créatifs, à commencer par l’application de la Charte des bonnes pratiques pour le respect du droit d’auteur.
Le Festival international de la créativité-Lions Cannes bat son plein, la France s’offre une belle vitrine avec le French Camp Cannes, le pavillon français créé à l’occasion de cette édition.
Le Festival Lions Cannes est le plus grand festival mondial de la créativité. Nous avons la chance qu’il se tienne sur notre territoire, avoir une présence visible à Cannes allait donc de soi. Quand j’ai pris mes fonctions à la tête de l’Association des Agences-Conseils en Communication (AACC), j’avais été assez choqué qu’en dehors d’Havas, il n’y ait aucune représentation visible de nos agences. Il fallait absolument y remédier, d’autant que les créatifs étrangers n’étaient pas avares de compliments sur la créativité française, nous nous sommes dits soyons fiers, réunissons nos forces, c’est ainsi qu’est née l’idée de ce pavillon français. Les grands médias et les associations professionnelles y sont invités, il est également soutenu - c’est un point auquel nous tenions beaucoup - par le club des directeurs artistiques dont la mission est de défendre les couleurs et l’exigence de la créativité en France. Le club est très exclusif, sélectif, il se réunit une fois par an pour récompenser les meilleurs travaux dans différentes disciplines, qui vont du design au graphisme, sans oublier les catégories publicitaires traditionnelles comme le film et l’édition, l’avoir à nos côtés est un incontestable atout.
«La France peut être une base pour des campagnes publicitaires internationales»
Vous êtes à Cannes, le pari est-il gagné selon vous ?
Absolument ! On connaît l’esprit français qui, sans être malveillant est toujours un peu critique, or je sens une unanimité sur le bien-fondé de cette démarche. C’est comme si tout le monde l’attendait. Autre grande satisfaction : le soutien du ministère de la Culture et de la Communication qui nous a été accordé sans hésitation. Enfin, et cela conforte notre démarche, on peut raisonnablement penser que l’édition de cette année sera un bon cru pour la France : nous allons certainement faire mieux que les 84 trophées remportés l’an dernier, cela veut dire que les agences françaises sont reconnues à l’international mais aussi qu’elles sont capables de gérer des campagnes pour un ensemble de pays, la France peut être une base pour des campagnes publicitaires internationales.
C’est également sous l’égide du ministère de la Culture et de la Communication qu’a été signée la Charte des bonnes pratiques pour le respect du droit d’auteur il y a trois mois. Est-il possible de faire un premier bilan de son application ?
C’est incontestablement une démarche de progrès. Globalement aujourd’hui, toutes les agences s’inscrivent dans le cadre de cette charte qui engage les agences à suivre un certain nombre de bonnes pratiques. Je crois que les choses sont bien parties des deux côtés.
Qu’en est-il de la mesure très emblématique relative à l’assèchement des ressources financières des sites pirates ?
Nous avons dès le départ soutenu cette initiative de Fleur Pellerin. Nous avons intérêt à lutter contre le piratage pour des raisons à la fois économiques et morales : nous détenons et défendons la propriété intellectuelle de nos propres créations, partant de là, il n’y a aucune raison pour qu’on ne la défende pas pour l’ensemble des propriétaires et des créateurs.
«Les publicitaires créent du rêve, quand celui-ci devient réalité, c’est forcément un coup d’accélérateur pour l’économie»
Les agences viennent d’être évaluées pour la seconde fois sur le thème de la communication responsable, il s’agit donc d’un thème important de votre agenda.
De l’extérieur, notre profession est souvent perçue comme étant détachée des contraintes, c’est un peu excessif. En raison du côté transgressif, anticonformiste qui la caractérise, elle a sans doute au départ pris de la distance avec la démarche « Responsabilité sociale des entreprises ». Mais les publicitaires, comme tout le monde, se sont rendus compte qu’un mouvement était en marche et qu’il fallait l’accompagner. Beaucoup d’agences ont répondu à l’enquête menée pour la seconde année consécutive par la commission développement durable de l’Association des Agences-Conseils en Communication. Les résultats montrent que les professionnels se comportent plutôt bien. La prise de conscience va de pair avec notre activité : nous envoyons tous les jours des messages à des gens qui n’ont rien demandé, que l’on ne vise pas forcément, c’est l’ensemble de la population qui est concernée. Au-delà des préoccupations strictement écologiques, nous avons donc une véritable responsabilité par rapport à notre environnement.
Vous venez d’être réélu à la tête de l’Association des Agences-Conseils en Communication, quels sont vos autres chantiers prioritaires ?
Je pense avant tout aux chantiers qui concernent l’égalité, la parité hommes-femmes qui avancent bien, mais aussi à la promotion du sous-titrage des films publicitaires qui curieusement rencontre plus de difficultés, ainsi qu’au travail sur l’auto-contrôle en liaison avec l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP). Nous avons engrangé de beaux succès sur ce point : de moins en moins de plaintes du public sont fondées, cela signifie qu’aujourd’hui, la plupart des travaux ne posent pas de problème, que l’on a progressé en termes de déontologie. Enfin, plus globalement, je voudrais souligner l’impact économique de la profession. Prochainement, des chiffres assez surprenants seront dévoilés : ils montrent que la communication et la publicité média et hors média, dont l’impact sur le PIB est direct, sont parmi les principales activités d’entraînement de l’économie. C’est un peu normal si l’on songe que les publicitaires créent du rêve. Quand celui-ci devient réalité, c’est forcément un coup d’accélérateur pour l’économie.
Un festival de Cannes de la créativité
Le cinéma en mai, la publicité en juin. Le Festival international de la créativité – Lions Cannes (21-27 juin 2015), rendez-vous annuel incontournable du secteur de la communication et des créatifs, a dès l’origine, en 1954, choisi d’élire domicile à Cannes en référence à la prestigieuse manifestation célébrant le 7e art.
13500 accrédités cette année, 37000 travaux inscrits en compétition dans 17 catégories, 40000 si on ajoute les inscriptions des Lions Health et Lions Innovation… les chiffres donnent le tournis. La France, une fois de plus, se distingue – l’an dernier, elle avait raflé 84 trophées, un record – avec plus de 1500 travaux inscrits et l’installation pour la première fois d’un pavillon français – le French Camp Cannes – à l’initiative de l’Association des Agences - Conseils en Communication bénéficiant du parrainage du ministère de la Culture et de la Communication.
Apple peut déjà avoir le sourire : la campagne publicitaire « photographier avec l’iPhone 6 » – que nul ne peut ignorer, elle s’affiche partout en ville et montre des photos prises par les utilisateurs du smartphone sans jamais montrer l’appareil lui-même – vient de décrocher l’Outdoor Lions Grand Prix, l’une des plus prestigieuses récompenses du festival.