Partir en livre : place aux ados

U4, attention à la contamination

Qui ne connaît pas U4, la série de 4 polars écrits à 4 mains par des auteurs jeunesse et des adolescents de talent, phénomène de la rentrée littéraire 2015 ? C’est sous ce titre un rien angoissant de « U4, attention à la contamination » que 4 villes ont conçu chacune une programmation originale autour de la présence des auteurs de la série. A Pantin, en compagnie de Carole Trébor, c’est un atelier d’écriture collaborative (avec le Labo des histoires). A Marseille, en compagnie de Florence Hinckel, une balade littéraire. A Morlaix, en compagnie de Yves Grevet, un jeu d’énigme.

A Lyon, en présence de Vincent Villeminot et d’un… agent de l’Institut national de police scientifique une enquête policière grandeur nature. Elle est organisée dans le Parc de la Tête d’Or : là, précisément, où se déroule une partie du roman de l’auteur de Stéphane. Hélène Fischbach, directrice de Quais du polar, en a fixé les règles avec l’aide d’une société lyonnaise spécialisée dans les jeux de rôles. Après que les jeunes ont rempli un questionnaire afin de définir le personnage de la série U4 dont ils se sentent le plus proche, l’enquête commence dans le parc sous forme de quatre parcours en six étapes. « Notre principe de départ est de mettre en valeur les romans, d’initier les jeunes à l’univers et aux codes du polar. C’est un genre de plus en plus étudié à l’école. Il intéresse les enseignants en tant que genre réaliste, qui met en avant des problèmes de société. D’ailleurs, les frontières entre littérature noire et littérature blanche sont de plus en plus fines ». Il y a des livres à gagner pour ceux qui débrouilleront le plus vite l’enquête… mais également pour ceux qui voudront s’essayer à l’écriture de nouvelles, cet après-midi là. Le thème est emprunté au livre de Vincent Vuilleminot, Stéphane : « Un virus a décimé 90% de l’humanité, en épargnant les 14-18 ans. Vous vous retrouvez seuls dans la vie. Imaginez la suite ».

Les Rendez-vous ados 

Les genres littéraires préférés des ados sont à l’honneur dans ces animations qui associent structures culturelles régionales, auteurs et éditeurs. A Lille, dans un haut-lieu de rencontres de la jeunesse lilloise, Dernier Bar avant la Fin du Monde, des jeux en réseaux et de plateau avec le dessinateur Mary Pumpkins autour du célèbre jeu de rôles en ligne Dofus. À Paris, sur la péniche Alliance, des cadavres exquis littéraires avec la complicité de neuf auteurs de comédies romantiques. Toujours à Paris, au Carreau du Temple, une Nuit Fantastique réunira des auteurs de mangas et de fantasy (lectures imaginaires).

"Dans la peau de Harry Potter": à Nice, comme dans de nombreuses villes, la manifestation est maintenue et la sécurité renforcée. Selon Françoise Michelizza, directrice de la bibliothèque municipale à vocation régionale de Nice, « le livre et le jeu sont plus que jamais des nourritures vitales pour les jeunes en devenir. Harry Potter, qui est parti petit et a grandi, est un héros familial par excellence ». Jeux de plateaux, concours de dessins, tournois : pour gagner des livres, les concurrents devront très bien connaître les 7 volumes (bientôt 8) de la saga. Rendez-vous dans une "cabane à lire" dressée sur la Promenade du Paillon, ainsi que dans neuf des treize bibliothèques municipales de la ville… « même s’il n’y aura pas beaucoup de perdants ! ». Le but d’un jeu ou d’un film est toujours de diriger vers le livre qui lui sert de base. « Autant en emporte le vent », « le Seigneur des anneaux », « Jane Eyre »… : seul le livre apporte la vie, le monde, qui entourent les personnages ». Pour Françoise Michelizza, le jeu littéraire constitue un lien social fort pour les jeunes, les familles et les ludothécaires eux-mêmes – des agents du patrimoine spécialement formés aux jeux. « Les bibliothécaires ont bien le droit de jouer, eux aussi ! Tout est jeu, dans une bibliothèque. Les vacances, c’est la bibliothèque municipale, dans les pages des livres. Une fois qu’on pousse la porte, on a l’univers entier pour nous. Face à l’absence d’imagination de la société, la bibliothèque incarne la force de l’imaginaire. La dernière maison libre, c’est la bibliothèque ».

Les adolescents, un public à choyer

Partir en livre a pour ambition de s’adresser à toute la jeunesse. Au cours de la première édition, en 2015, beaucoup a été fait pour les enfants et les familles. Cette année, une attention particulière est portée aux adolescents. Selon le Centre national du livre, « les adolescents ont des centres d’intérêt spécifiques. Ils doivent être abordés, sensibilisés, de manière particulière. Cette année, avec des moyens supplémentaires, l’investissement d’éditeurs spécialisés et l’engagement d’opérateurs locaux, nous avons pu construire des animations adaptées dans plusieurs grandes villes ». D'après une enquête sur la place de la lecture dans la vie des jeunes, publiée fin juin par le CNL, si 70% des jeunes lecteurs, soit près de 3 jeunes sur 4, affirment « aimer lire », ils lisent avant tout pour le plaisir. En revanche l’étude souligne que le taux de lecture pour le loisir baisse fortement à l’âge de l’entrée au collège. Concurrence des autres activités et manque de temps en sont la cause. « En corrélation avec ce basculement, Partir en livre mettra l’accent cette année sur la lecture des adolescents, avec l’organisation de soirées spéciales destinées à ce public spécifique ».