Le 18 décembre, Emmanuel Macron et Fleur Pellerin ont présenté leurs préconisations pour la filière mode à la suite de la remise du rapport de Lyne Cohen-Solal. Au programme : préservation des savoir-faire, formation des professionnels, émergence de nouveaux talents.

Un poids lourd de l’économie française. La mode, un phénomène « futile et élitiste » ? Pas pour Fleur Pellerin et Emmanuel Macron, qui ont présidé pour la première fois depuis 2013, le comité stratégique de filière Mode et Luxe du Conseil national de l'industrie. Car la filière mode représente – on ne le répétera jamais assez – 150 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 700 000  professionnels. C’est l’un des poids lourds de notre économie, notamment à l’export, où il arrive au deuxième rang. Dans un monde – un monde économique, notamment – où les comportements connaissent une uniformisation massive, il est important de soutenir ce secteur qui apparaît comme une exception culturelle – et industrielle – très forte. « La mode est importante parce qu’elle est à la fois considérable et fragile, exigeante et populaire, évidente et intime »,a résumé Fleur Pellerin.

Soutenir les capacités à l’exportation. À partir du constat dressé par Lyne Cohen-Solal dans le rapport très attendu remis le 18 décembre sur « La mode : industrie de créativité et moteur de croissance », les ministres de l’Économie et de la Culture ont fait part d’un certain nombre de préconisations. Elles concernent d’abord l’économie du secteur. Les mesures engagées depuis plusieurs années – le soutien au dispositif favorisant la transmission et la reprise d’entreprises porté par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris ou le financement des jeunes créateurs, notamment à travers des avances remboursables, par l’intermédiaire du DEFI et de l’IFCIC – ont porté, selon Emmanuel Macron, tous leurs fruits. Reste à les pérenniser. Par ailleurs, d’autres défis sont à relever, notamment en ce qui concerne la contrefaçon ou l’exportation de la mode.Sur ce dernier point, Fleur Pellerin a confié une mission à Isabelle Giordano sur l’exportation de la culture française. Elle devrait faire des préconisations, notamment « en matière de structuration et de concurrence internationale ».

Des savoir-faire qu’il faut préserver et transmettre. La mode, c’est aussi – c’est surtout ? – des savoir-faire d’exception qu’il faut savoir préserver et transmettre. « Il faut préserver les savoir-faire qui rendent votre activité possible et les mettre davantage en valeur », a insisté la ministre, en précisant que « le ministère de la Culture était fortement engagé dans une politique nationale de conservation et de valorisation des métiers d’art ». Second axe : mieux former les jeunes talents. Face à un paysage des formations à la mode et au luxe beaucoup trop morcelé, Fleur Pellerin a annoncé une rationalisation des formations supérieures. « Dès septembre 2016  la création, l’ingénierie et le management de la mode seront réunis pour offrir un parcours allant jusqu’au grade de master aux étudiants qui le souhaiteront », a-t-elle détaillé, ajoutant que l’École nationale des Arts Décoratifs participait à cette « dynamique vertueuse » qui aboutira à « la préfiguration d’une Grande École de Mode publique, en partenariat avec  l’École des Mines et l’Université Paris-Dauphine dans le cadre de la Communauté d’universités et  d’établissements Paris Sciences et Lettres ».