La sortie du "Guide des Maisons des Illustres", publié à l’initiative du ministère de la Culture et de la Communication, met en lumière un patrimoine inédit et vivant.

« Entrer dans la maison d’un Illustre, c’est faire une rencontre bien particulière marquée par une certaine distance, d’une part, avec ce personnage et la mise sur un pied d’égalité, d’autre part, via la découverte d’un lieu de vie, d’une intimité », a observé Jean-Pascal Lanuit, directeur adjoint de la DRAC Ile-de-France, lors de la visite du Musée Pasteur organisée à l’occasion de la sortie du Guide des Maisons des Illustres (éditions du Patrimoine, 14 €). Un lieu qui représente particulièrement bien l’esprit du label, attribué aux demeures abritant la mémoire des femmes et des hommes qui les ont habitées et se sont illustrés dans l’histoire politique, sociale et culturelle de la France. Emblématique de l’excellence scientifique, l’endroit conserve aussi des traces palpables du passage de son hôte, sur lequel la porte semble prête à s’ouvrir à tout moment. L’ouvrage au crochet de Madame Pasteur, abandonné en cours de réalisation sur une table basse de l’appartement du chimiste et de sa famille, n’est que l’un de ces témoignages.  

Pour Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux, le succès commercial du Guide des Maisons des Illustres est révélateur de l’appétence des publics actuels pour ces lieux. « Leurs ambiances et leurs états de conservation permettent de toucher de près le passé et la vie de ceux qui les ont habités, répondant ainsi à un désir d’immersion bien ancré chez les visiteurs », a-t-il souligné. En recensant 212 Maisons des Illustres suivant plusieurs entrées (géographique, chronologique et thématique), le Guide, publié à l’initiative du ministère de la Culture, donne au public la vision la plus exhaustive possible de ces objets patrimoniaux bien spécifiques et encourage le tracé d’itinéraires culturels.

« Les Maisons des Illustres répondent à un désir d'immersion bien ancré chez les visiteurs »

Lancé en septembre 2011 par le ministère, l’héritage préservé par le label est multiple et sa diversité s’exprime en plusieurs points. Diversité, tout d’abord, des domaines dans lesquels les hommes et femmes concernés se sont illustrés et dont le Guide rend compte en mettant en avant des personnages aussi différents que Joséphine Baker, Erik Satie ou Robert Schumann. Diversité, en outre, des types de lieux concernés – laboratoires, appartements, ateliers, fermes, villas, bibliothèques ou cabanons – présents sur l’ensemble du territoire. « Il y a des maisons des Illustres dans toutes les villes de France », précise Emmanuelle Lallement, chef du département de la politique des publics à la Direction générale des patrimoines du ministère. « Sur ces 212 Maisons, 209 sont présentes sur le territoire administratif français, métropolitain et ultramarin », ajoute-t-elle avant de souligner la destinée transnationale du label via la maison de Victor Hugo à Guernesey, celle de Marguerite Yourcenar dans le Maine, aux Etats-Unis et celle d’Yves-Saint-Laurent à Marrakech, au Maroc ; auxquelles s’ajoute, enfin, celle de Lu-Xun, à Shaoxing, en Chine, jumelée à la une autre demeure de Victor Hugo, située cette fois-ci à Villequier, en Normandie . La dernière campagne de labellisation, en 2016, a mis à l’honneur les maisons de Max Ernst et Dorothea Tanning dans le Centre Val-de-Loire, de Denis Diderot à Langres, dans le Grand Est, de Raymond Devos en Ile-de-France, de Georges Clemenceau dans les Pays de la Loire, sans oublier celle d’Auguste Escoffier – premier Illustre du domaine culinaire à intégrer le dispositif - en PACA.

Ce réseau de lieux vivants et éclectiques, essentiel pour la compréhension de l’histoire locale et nationale est par ailleurs résolument actif. Il accueille des résidences d’artistes et participe à de nombreux festivals de poésie, de musique et de chants à travers la France. Les Maisons prennent enfin part aux Journées Européennes du Patrimoine et participeront prochainement, pour une grande part d’entre elles, à la Nuit des Musées.

                                                                                   

« Maisons des Illustres », histoire d’un label 

L’idée d’un label est née en 2010 d’une réflexion menée au ministère de la Culture au sujet des maisons d’écrivains, peu connues du grand public. Très rapidement élargi à tous les domaines relevant du génie humain, le projet d’un dispositif pouvant promouvoir ces lieux de mémoire voit alors le jour : un travail de recensement de sites potentiellement éligibles est réalisé à l’échelle nationale, métropolitaine et ultra-marine. En septembre 2011, le label Maisons des Illustres est officiellement lancé par le ministre de la Culture.

Ce label est attribué pour une durée de cinq ans au terme d'une procédure instruite par les directions régionales des Affaires culturelles et une commission nationale d'attribution animée par la direction générale des Patrimoines qui se réunit une fois par an. Procédé de valorisation du patrimoine et de l'action culturelle sur l'ensemble du territoire, le label est décerné aux Maisons qui ouvrent leurs portes aux visiteurs plus de quarante jours par an. Il garantit un programme culturel adapté à tous les publics, notamment aux personnes en situation de handicap. Il participe aussi au projet d'éducation artistique et culturelle et s’inscrit dans les réseaux gérés par le ministère de la Culture: Musées de France, Villes et Pays d'art et d'histoire, Jardins remarquables, Patrimoine Européen, Patrimoine du XXe siècle.