Dans le cadre de la 9e édition des Portes du temps au musée de Cluny, le musée du Moyen-Âge à Paris, des jeunes de Seine-Saint-Denis découvrent le patrimoine au gré de jeux et d'un parcours théâtral. L'occasion d'une visite pour Aurélie Filippetti. Une nouvelle étape dans son tour de France de l'éducation artistique et culturelle.
Reportage.

Ça commence comme une visite traditionnelle dans un musée. Un guide prénommé Ludo accueille un groupe d'enfants âgés entre 10 et 12 ans dans la cour pavée du musée de Cluny, le musée du Moyen-Âge dans le quartier Latin à Paris. Mais un homme habillé tout de noir traverse la cour en chantant d'une voix grave un air ancien où il est question d'une tête de mort. Et prévient : « Aucun enfant ne mourra pour de vrai ». Une femme, perruque et lunettes noires, appelle à l'aide et lance à la troupe de jeunes spectateurs, une lettre, où il est question d'un code mystérieux et d'une clef à retrouver. Bref, l'aventure commence.

Une quarantaine d'enfants de Seine-Saint-Denis participent à cette ludique découverte du patrimoine. Accompagnés le 21 août par Aurélie Filippetti.

La Dame à la Licorne, Adam et le diable caché dans les armoires

Pour ces jeunes de Clichy sous/bois, il s'agit d'une première rencontre avec le musée du Moyen-Âge. Une façon de s'approprier le patrimoine, de le découvrir à travers un parcours théâtral. Les acteurs de la compagnie La comédie des Anges les emmènent à la poursuite d'une énigme à résoudre. Dans la salle des vitraux, les enfants découvrent les motifs qui décrivent la vie quotidienne au Moyen-âge. Un personnage surgit de nulle part et interrompt la visite au moment même où le guide évoque les esprits. La visite gagne en intensité. D'une pièce à l'autre, de la salle de la tapisserie du XVIe siècle de la Dame à la Licorne à la sculpture d'Adam du décor intérieur de Notre-Dame de Paris, au retable de l'église de Saint-Denis du XIIIe siècle, les enfants redoublent d'attention et de plaisir.

« C'est magnifique de se retrouver dans ces lieux, témoigne Wendy, 10 ans. C'est comme un château qui a été habité par des Rois.» Cheima, 12 ans renchérit : « Le jeu de l'oie m'a passionnée avec l'histoire de la Clef hantée...On a une vraie expérience ici.»

Le musée, un lieu familier

Dans la grande salle des Thermes de Cluny, ou du frigidarium, un groupe d'enfants, de la Courneuve en banlieue parisienne peint ses propres blasons. Julie, artiste plasticienne, explique le rôle de ces armoiries du Moyen-Âge en forme d'écu pour identifier le Chevalier. Un panneau figure les différents motifs et indique le vocabulaire spécifique des couleurs à l'époque médiévale. « Avec les blasons, dit Ryane, 10 ans et demi, on se croirait dans un film avec les Romains ».

Mais le blason est aussi un emblème que les enfants identifient sur le maillot des joueurs de clubs de foots, les plaques de voiture, ou à l'entrée des villes de France. Jusque dans le Street art d'aujourd'hui. Une façon pour eux de se « projeter », dit Julie, de faire le pont entre passé et présent, de s'approprier une culture, un art, et d'exprimer leur créativité.

Un engagement confirmé par Céline Bellanger, auteur, metteur en scène et comédienne, à l'origine du dispositif théâtral pour la compagnie La comédie des Anges :

«Certains de ces enfants des zones sensibles ne viennent jamais au musée. Ils n'en ont pas les codes. Mais une fois qu'ils sont pris au jeu, ils sont enthousiastes, très réceptifs et souhaitent revenir. On parvient à éveiller leur curiosité, grâce à une interaction avec l’œuvre d'art. Le musée leur devient familier ».