Le Centre de conservation du Louvre, qui a été inauguré mardi 8 octobre, à Liévin, en présence du ministre de la Culture, va abriter plus de 250 000 œuvres issues des réserves des collections nationales. « Ce lieu exceptionnel fait la fierté de l’État et de toute la région », a assuré Franck Riester.
Appelé à abriter, d’ici 2024, plus de 250 000 œuvres issues des réserves des collections nationales, le Centre de conservation du Louvre, qui a été inauguré mardi 8 octobre à Liévin (Hauts-de-France), en présence du ministre de la Culture, est un nouvel équipement culturel particulièrement attendu.
D’abord, parce qu’il va apporter, pour la première fois, une solution pérenne au risque d’inondations des collections nationales, dont celles du musée du Louvre. Mais aussi parce qu’il permet de poursuivre, avec le Louvre-Lens, situé à proximité immédiate, la mue spectaculaire d’un territoire nordiste autrefois sinistré en un véritable pôle culturel et scientifique au rayonnement international.
C’est un peu des pharaons d’Égypte, de l’art sacré du Moyen Âge et des peintres de la Renaissance qui entreront prochainement au Centre de conservation du Louvre à Liévin (Franck Riester)
Protéger les collections nationales
Jusqu’à maintenant, les conditions de conservation des réserves des collections étaient particulièrement complexes. D’abord, les sites étaient très nombreux et trop dispersés (on compte 68 réserves au sein même du palais du Louvre et plusieurs lieux de stockage provisoire à l’extérieur). Par ailleurs, le délai d’évacuation dans le cadre du plan de protection contre les risques d’inondations était insuffisant pour mettre à l’abri l’ensemble des collections inondables. Enfin, les aménagements de réserves ne répondaient plus aux exigences de conservation.
« Construire un Centre de conservation, c’est donc d’abord assurer la sécurité des œuvres », a expliqué Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée du Louvre. Avec un budget de 60 M€, dont 2,5 M€ pour le ministère de la Culture, le bâtiment du Centre de conservation du Louvre, conçu par l’agence d’architecture britannique Rogers Stirk Harbour + Partners, s’étend sur 18 500 m², dont 9 600 m² réservés au stockage des œuvres et 1 700 m² destinés à leur étude. Il présente plusieurs atouts majeurs.
Il permettra de « moderniser les conditions de conservation et proposer aux scientifiques des outils de travail plus modernes : meilleur contrôle des conditions climatiques, adressage précis de chaque œuvre, espaces dédiés aux emballages et déballages, ainsi qu’à l’examen des œuvres ; espaces de traitement dédiés aux grands formats, etc », poursuit Jean-Luc Martinez, en ajoutant que « c’est réellement un chantier structurant pour le musée : pour la première fois, nous rassemblons dans un site unique l’ensemble des réserves ».
Le nouvel équipement culturel sera aussi l’occasion d’une réflexion globale sur la répartition des collections en réserve. Un exemple : le programme des œuvres à transférer à Liévin est établi en cohérence avec le projet au sein du Louvre de création de réserves de proximité en zone non inondable pour chaque département (transit provisoire, réserve de renouvellement d’œuvres dans le cadre de prêts, etc.). « Ce pourra être l’opportunité de comparaisons, de rapprochements inédits. La préparation du transfert des œuvres a permis de réaliser un chantier des collections sans précédent. Tout cela participe à une meilleure connaissance des œuvres d’art dont nous avons la charge », ajoute le président-directeur du musée du Louvre.
Un équipement de recherche parmi les plus importants d’Europe
L’autre volet novateur du Centre de conservation du Louvre est le projet scientifique. Le Centre de conservation sera ouvert aux personnels scientifiques du Louvre et à des partenaires (professionnels des musées, restaurateurs, photographes), des chercheurs et des universitaires dans le cadre de consultation d’œuvres, de programmes de recherche ou de parcours de formation.
Côté rayonnement scientifique, le musée du Louvre et la Région souhaitent faire du Centre de conservation du Louvre un acteur de dynamique culturelle et économique, en développant des collaborations avec les nombreux musées de la région et en favorisant le développement de formations et d’activités liées à la gestion de collections, grâce à des partenariats de coopération scientifique et culturelle avec les universités des Hauts-de-France et des organismes de formation continue comme l’Institut National du Patrimoine (INP). « Cet ensemble Louvre-Lens et Centre de conservation constituera l’un des pôles culturels les plus importants d’Europe », prédit Jean-Luc Martinez
Enfin, le nouvel équipement pourra héberger les œuvres de pays menacés par les conflits. Ce rôle de refuge sera assuré à la demande des États, dans le respect du droit international, de manière à pouvoir les restituer à l’issue du conflit.
Un déménagement d’une ampleur inédite
A l’agenda des premières années du Centre de conservation du Louvre, figure au premier chef un chantier considérable : le déménagement de 250 000 œuvres contenues dans les réserves d’ici 2024. « Cela va être une véritable fourmilière !, confie Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée du Louvre. Il faut imaginer qu’en cinq ans, près de 250 000 œuvres vont y être transférées. À l’échelle de l’histoire du Louvre, et peut-être même des musées, c’est un mouvement d’une ampleur inédite. Je suis fier que le Louvre et ses équipes aient l’audace de se lancer dans une telle aventure ! Je constate d’ailleurs que les plus grands musées regardent ce que nous entreprenons ici : par exemple, le British Museum construit actuellement ses futures réserves à Shinfield, à 80 kilomètres à l’ouest de Londres et les Pays-Bas se dotent d’un Collection Centre à Amersfoort, à 50 km d’Amsterdam ».