4 initiatives pour structurer la filière de la mode

Créativité, exportations, activité économique… Avec ces différents atouts, la mode est, selon Audrey Azoulay, « un secteur clé de la culture française », qui participe au rayonnement de la France dans le monde entier grâce à l’effervescence créatrice qui touche aussi bien les maisons prestigieuses que les stylistes émergents. Pourtant, malgré les résultats du secteur, qui en font un poids lourd de l’économie française, notamment à l’exportation, la mode est aujourd’hui face à un tournant décisif. « Face aux enjeux des marchés internationalisés, face à la réalité sociale de l’industrie de la mode, la Mode de France doit prendre ses responsabilités et encourager les professionnels à relever ensemble le défi de la créativité », prévient Lyne Cohen-Solal dans La mode, industrie de créativité et moteur de croissance, le rapport qu’elle a remis le 18 décembre 2015 aux ministres de la Culture et de la Communication et de l’Industrie. En partant notamment de ses préconisations, Audrey Azoulay a annoncé ces derniers mois plusieurs initiatives visant à structurer la filière de la mode.

La mode, c’est la rencontre de la création la plus libre et de l’industrie (Audrey Azoulay)

Préserver le patrimoine de la mode

A l'occasion de la Semaine de la mode, Audrey Azoulay a annoncé, le 26 septembre 2016, le lancement d’une mission sur le patrimoine de la mode en France. « Cette mission, que j’ai confiée à Olivier Saillard [directeur du musée Galliera, NDLR] aura pour objectif d’établir un état des lieux des collections publiques et privées, leur état de conservation et identifier les outils et savoir-faire en matière de conservation et de restauration », a précisé la ministre. Une mission qu’elle justifie dans un entretien avec l’hebdomadaire Le Figaro Madame du 30 septembre : « Nous avons en France un patrimoine exceptionnel. J’ai eu le bonheur, il y a quelques semaines, de visiter la maison Saint Laurent et d’admirer ses remarquables collections. Ce patrimoine, nous devons le préserver et le partager avec le public. C’est le sens de la mission que j’ai confiée à Olivier Saillard ».

Organiser un forum de la mode

Le 26 septembre 2016, la ministre a également annoncé l’organisation dans les prochaines semaines d’un forum de la mode. Avec l’ensemble des professionnels et des acteurs du secteur, ce forum permettra de réfléchir collectivement aux enjeux clefs auxquels la filière mode est confrontée aujourd’hui. « Face aux défis internationaux, l’émiettement des responsabilités hérité de l’histoire prestigieuse de notre mode n’est plus efficace ni acceptable, il s’agit de serrer les rangs, de faire bloc pour soutenir la créativité et la force de la mode française. (…) Cette journée pourrait se présenter à la fois comme une démonstration de force de la filière, un moment d’écoute, de débats et de pédagogie », préconisait Lyne Cohen-Solal dans son rapport.

Vers une grande école de mode

Le 29 juin 2016, deux des plus importantes institutions françaises des métiers de la mode – l'Institut français de la mode (IFM) et l’École de la chambre syndicale de la couture parisienne – ont annoncé dans un communiqué commun leur « rapprochement stratégique ». Objectif : doter la France d’une école de référence mondiale, en combinant leurs atouts respectifs : création, expertise technique et management. Placé sous la responsabilité de l’IFM, établissement d’enseignement supérieur reconnu par l’État, ce nouvel ensemble, qui rassemblera 700 étudiants, dont 200 apprentis et alternants, 40 % d’étudiants étrangers et 2000 cadres en formation continue, offrira des formations professionnelles allant du CAP à Bac+5 et couvrant l’ensemble des problématiques professionnelles des métiers de la mode. Salué par Audrey Azoulay, ce projet répond à la « nécessité de créer une grande école de mode française capable de rivaliser en visibilité sur le plan international avec les établissements les plus prestigieux ».

Un master sur les métiers de la filière de la mode

Audrey Azoulay a également rappelé le lancement, à la rentrée 2016, d’un premier master des métiers de la mode permettra de combler un manque dans les parcours universitaires et ainsi d’endiguer, selon Lyne Cohen-Solal, « la fuite des meilleurs élèves à l’étranger, à la recherche d’une reconnaissance officielle de leur excellence ». Né d’un partenariat entre trois établissements d’enseignement supérieur prestigieux – l’École nationale supérieure des Arts décoratifs, l’École des Mines et l’Université Paris-Dauphine – ce master permettra aux étudiants de suivre une formation approfondie reconnue par l’État aux différents métiers de la mode : de la création à la gestion, en passant par l’ingénierie.

Les 30 ans du festival de la Villa Noaillesdans les vitrines de la galerie de Valois, au Palais-Royal

Le pouls de la création : c'est ce que le ministère de la Culture et de la Communication a décidé de faire entendre lors d’une exposition présentant jusqu'en décembre au Palais-Royal, à Paris, les lauréats du dernier festival mode & photo de la Villa Noailles, à Hyères. "A l'occasion de la Fashion Week qui se tient jusqu'au 5 octobre, le ministère de la Culture et de la Communication expose les réalisations de la nouvelle génération de créateurs lauréats de la dernière édition du festival de la Villa Noailles", a détaillé Audrey Azoulay. Présidée par l’iconique photographe William Klein, la 31^e édition du festival a décerné ses premiers prix à deux talents iconoclastes et prometteurs : côté mode, le Japonais Wataru Tominaga ; côté photographie, la Tchèque Vendula Knopova. Une sélection de lauréats entre 1997 et 2016 donnera une vision précise de 30 ans d’innovations, à travers les créations de Yiqing Yin, Stéphanie Coudert, Felipe Oliveira Baptista, Léa Peckre, Annelie Schubert, Kenta Matsushige ou Hanne Jurmu & Anton Vartiainen. Un palmarès résolument international pour un prix qui se veut un véritable laboratoire de la création mode & photo.