Biens Musées Nationaux Récupération (MNR)

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Environ 2200 œuvres non restituées après la guerre ont été confiées à la garde des musées nationaux et identifiées comme « Musées Nationaux Récupération » (MNR). La base Rose-Valland rassemble toutes les informations disponibles sur ces œuvres et leur parcours, afin d’accroitre leur connaissance et de permettre leur restitution éventuelle.


Qu'est-ce qu'un MNR ?
La base de données Rose-Valland (MNR-Jeu de Paume)
La recherche « proactive »
Répartition et localisation
Restitutions d’œuvres Musée Nationaux Récupération

Qu’est-ce qu’un MNR ?

Origine

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, environ 60 000 œuvres récupérées en Allemagne ou dans les territoires contrôlés par le « Troisième Reich » ont été renvoyées en France parce que certains indices (archives, inscriptions, etc.) laissaient penser qu'elles en provenaient. 
Sur ces 60 000 objets revenus d’Allemagne, 45 000 biens spoliés ont été restitués à leurs propriétaires par la Commission de récupération artistique (CRA) entre 1945 et 1950. Sur les 15 000 œuvres environ qui n’avaient pas été réclamées ni restituées, l’administration, par le biais de « commissions de choix », en a sélectionné sur divers critères - notamment l’intérêt artistique, mais pas seulement - plus de 2200, qui ont été confiées à la garde des musées nationaux. Elles constituent les œuvres dites MNR, « Musées Nationaux Récupération ». Les 13 000 œuvres restantes ont été vendues par l’État (administration des Domaines) au début des années 1950.
Les biens sélectionnés devaient être exposés dans les musées pour laisser aux spoliés encore une possibilité de les revendiquer. Au terme d’un délai légal, ces biens devaient devenir propriété de l’État. Mais ce délai ne fut jamais fixé et les MNR sont restés des biens provisoirement à la garde des Musées nationaux.

MNR et spoliation

Toutes les œuvres MNR ne sont pas nécessairement des œuvres spoliées. 
En effet, ont été ramenées d’Allemagne en France après la Seconde Guerre mondiale toutes les œuvres et objets d’art provenant de France, quelle que soit la façon dont elles étaient arrivées en Allemagne pendant la guerre. Parmi elles se trouvaient des œuvres et objets vendus sur le marché de l’art pendant l’Occupation par des propriétaires qui n’étaient pas menacés ou persécutés (exemple : MNR 973A), ainsi qu’un certain nombre de pièces commandées par les Allemands (exemple : MCSR CVIII), qui figurent également dans les MNR.
La proportion des œuvres spoliées dans l’ensemble des MNR reste incertaine, dans la mesure où la provenance de la majorité des œuvres demeure inconnue.

Les MNR sont classés en différentes catégories selon les informations connues :

  • Œuvre assurément spoliée :
    - restituée ou en cours de restitution ;
    - propriétaire inconnu en l’état des recherches actuelle.
  • Œuvre probablement spoliée, en l'état des recherches actuelles.
  • Œuvre assurément non spoliée.
  • Œuvre probablement non spoliée, en l'état des recherches actuelles.
  • Œuvre dont l'historique est incomplet entre 1933 et 1945, en l'état des recherches actuelles.
     

Les recherches sur les MNR se poursuivent aujourd’hui, afin de compléter l’historique des œuvres et de savoir s’il s’agit de MNR probablement ou assurément spoliés – dont les propriétaires et les ayants droit de ces derniers doivent être identifiés en vue d’une restitution –, ou de MNR probablement ou assurément non spoliés. 

Statut

Les MNR ont été créés par le décret du 30 septembre 1949 : ces œuvres n'appartiennent pas à l'État, qui n'en est que détenteur provisoire. Les œuvres MNR ne font donc pas partie des collections nationales ou territoriales ; elles sont inscrites sur des inventaires particuliers. Leur gestion est assurée par le ministère de la Culture (Mission de recherche et de restitution des biens cultuels spoliés entre 1933 et 1945 (M2RS) et Service des musées de France (SMF). Elles sont affectées à un musée national et peuvent ensuite être déposées dans un musée labellisé « musée de France » en région. Les œuvres MNR peuvent faire l’objet d’une restitution à leurs propriétaires légitimes, sans aucune date de prescription. 

Désignation

Le sigle « MNR » désigne couramment l’ensemble des œuvres sélectionnées au début des années 1950. En réalité, chaque type d’objet possède un préfixe spécifique ; le sigle MNR stricto sensu ne désigne que les peintures anciennes. 

Recommandations aux professionnels sur la gestion des MNR

La base de données Rose-Valland (MNR-Jeu de Paume)

Afin de faciliter la recherche et la reconnaissance éventuelle par des propriétaires spoliés, le Service des musées de France a conçu en 1997 le site Rose Valland-Musée nationaux Récupération, devenu depuis la base Rose-Valland (MNR-Jeu de Paume), accessible par le site pop.culture.fr (plateforme ouverte du patrimoine). Les musées affectataires ou dépositaires de biens MNR ont pour mission d’effectuer des recherches sur l’histoire des œuvres et de chercher à identifier les propriétaires. Ces recherches sont conduites en lien avec la M2RS et publiées sur la base Rose-Valland au fur et à mesure de leur avancement.
La base Rose-Valland (MNR-Jeu de Paume) contient une notice d’œuvre pour chaque MNR. Chaque notice rassemble l'essentiel des informations disponibles sur le parcours de l’œuvre, de sa création à sa localisation actuelle, son numéro d’inventaire, sa description, etc., ainsi que des photos.
Cette base contient également les données concernant les œuvres exposées sous l’Occupation par l'Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR) au musée du Jeu de Paume.

Accéder à la base de données
Fonctionnement de la base Rose-Valland

La Base de données peut être interrogée de nombreuses manières. Avant de lancer des recherches, il est conseillé de lire attentivement quelques notices, afin de repérer le type d’informations qui s’y trouve et la façon dont elles sont structurées. Il est alors possible d’exploiter au mieux toutes les potentialités de la base de données.
Télécharger ici une aide à la recherche.

La recherche « proactive »

En complément du traitement des demandes de restitution reçues par l’administration, la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti, faisant suite à une proposition de la CIVS, consciente que le seul traitement des demandes de restitution de la part des familles ne suffirait pas à augmenter le nombre de restitutions, a souhaité, en 2013, lancer une nouvelle démarche. Il s’agissait de travailler sur la provenance des œuvres MNR pour tenter d’en identifier le propriétaire au moment de leur spoliation, sans attendre une éventuelle demande de la part des ayants droit.
A ainsi été créé, en mars 2013, un groupe de travail chargé d’étudier la provenance de 145 œuvres MNR considérées comme ayant été spoliées de façon certaine ou quasi certaine. Le groupe de travail, placé sous la présidence d’une magistrate rapporteure de la CIVS, a été constitué de conservateurs spécialisés des musées, des archives et des bibliothèques, assistés par des membres de la CIVS et de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Cette équipe a mené des recherches spécifiques pour tenter de découvrir des éléments de provenance susceptibles d’aboutir à la restitution des œuvres concernées. 
Le groupe de travail a rendu deux rapports sur les provenances d’œuvres spoliées, en 2014 et 2017.
Le travail du groupe a également rendu plus évident que certains MNR ne pourront sans doute pas être documentés davantage, quelles que soient les recherches entreprises : c’est notamment le cas des saisies de biens opérées dans le cadre de la « Möbel Aktion », pour lesquelles il n’existe quasiment aucune information disponible.

Le mouvement de recherches dites proactives, lancé en 2013, marque donc une étape importante dans la politique de réparation des spoliations. Il se poursuit aujourd’hui : le ministère de la Culture et les musées continuent la recherche de leur propre initiative, pour identifier les MNR spoliés, leurs propriétaires et leurs ayants droit, en vue d’une restitution.

Répartition et localisation

Répartition des MNR

Au 18 avril 2023, on compte 2039 objets MNR conservés dans les institutions publiques. Tous les MNR n’étant pas des biens spoliés, ils ne sont donc pas tous restituables.
Les MNR se répartissent en plusieurs catégories selon leur provenance et la connaissance de leur éventuelle spoliation :

- Œuvre assurément spoliée, propriétaire inconnu en l’état des recherches actuelles : 66
- Œuvre probablement spoliée, en l'état des recherches actuelles : 81

- Œuvre assurément non spoliée : 93
- Œuvre probablement non spoliée, en l'état des recherches actuelles : 34

- Œuvre dont l'historique est incomplet entre 1933 et 1945, en l'état des recherches actuelles : 1765

Localisation des MNR

Cette carte interactive permet de localiser les musées de France dans lesquels sont déposés les MNR, et d’accéder aux notices descriptives des œuvres sur la base Rose-Valland.

Restitutions d’œuvres Musées Nationaux Récupération

Les œuvres MNR peuvent être restituées par décision du Premier ministre sur recommandation de la CIVS ou du ministère de la Culture.
Au 18 avril 2023, le nombre de biens MNR restitués depuis 1950 s’élève à 170. S’y ajoutent 14 œuvres ramenées d’Allemagne et restituées avant d’avoir été inventoriées comme MNR ou confiées à la garde du Musée d’art et histoire du judaïsme. Soit un total de 184 œuvres MNR et équivalent restituées depuis 1950.

Le rythme des restitutions a évolué au cours du temps : au nombre de 41 entre 1950 et 1954 (5 ans), elles se limitent à 4 entre 1955 et 1993 (39 ans), puis s’élèvent à 136 depuis 1994 (30 ans). 

Depuis 2013, on compte 76 restitutions, dont 50 à l’initiative de l’administration et des musées.

  • 2013  : 7
  • 2014  : 4
  • 2015  : 1
  • 2016  : 3
  • 2017  : 4
  • 2018  : 6
  • 2019  : 11
  • 2020  : 24
  • 2021  : 6
  • 2022  : 3 
  • 2023  : 7 (dernière restitution le 18 avril 2023)

Consulter la liste des œuvres MNR et équivalent restituées depuis 1950 :

MNR et équivalents MNR restitués depuis 1950 (au 18-04-2023).pdf

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MNR et équivalents MNR restitués depuis 1950 (au 18-04-2023).pdf
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